Le 25 mars, ils se présenteront dans les préfectures pour déclarer officiellement leur pratique. Cannabis Social Club,
derrière ce nom aux saveurs de havane, le célèbre cigare cubain, se
regroupent près de 6 000 cultivateurs français de cannabis, qui militent
ouvertement pour la légalisation de leur activité.
Leur argument pétard ? Mettre fin aux trafics clandestins et à cette
délinquance qui pourrit la société. Jonathan (*), 25 ans, est un de ces
militants en herbe.
Il participe à la culture de cannabis avec une dizaine d’autres consommateurs, quelque part dans le Gard rhodanien.
Pour lui, il est surtout temps de mettre fin à l’hypocrisie générale
autour de cette activité. "Les clubs se structurent partout en France,
assure-il.
Nous en avons une vingtaine dans le Languedoc-Roussillon et bien plus d’une centaine partout en France.
Nous sommes tous majeurs, intégrés socialement et consommateurs
d’herbes. Ici, il est hors de question de revendre le cannabis." Exit
donc, le temps des babas et du gamin fumeur de shit.
"Nous fournissons des centres antidouleur, nous connaissons les services de police, il est temps que l’État réagisse" Dominique Broc, président du CSC en France
Ce qui a poussé Jonathan à cultiver lui-même son herbe, c’est tout
simplement son envie d’en fumer une de qualité, sans être forcé "de
dépenser son argent dans le coin d’une rue sans savoir ce que je
consomme vraiment."
De là à provoquer l’État en se déplaçant à la préfecture de Nîmes le 25 mars pour déposer les statuts de son association de cultivateurs de cannabis ? "Ce qui me fait le plus peur, ce n’est pas la police, mais les petits dealers qui viennent nous cambrioler, confie-t-il. Au début, nous témoignions tous à visages découverts, et ça n’a pas manqué. Les fermes se sont fait braquer."
Pour Dominique Broc, président des CSC en France, le choix est déjà
fait. "Je suis à l’initiative de ces clubs en France, donc j’irai dès le
4 mars dans la préfecture de l’Oise. C’est un acte de désobéissance
civile, assène-t-il. Nous fournissons des centres antidouleur en France,
nous connaissons les services de police, il est temps que l’État
réagisse."
Celui qui fera parti des premiers à déclarer le 4 mars, par pur esprit
de provocation, son activité de cultivateur de cannabis, n’est pas là
pour faire la propagande d’une drogue. "J’ai 45 ans et un fils de 20
ans, raconte-t-il. Dans un monde idéal, le cannabis n’existerait pas.
Mais maintenant, que fait-on ? Mon fils a fumé pour la première fois à
18 ans. Je ne voulais pas qu’il descende dans une cité pour alimenter
cette petite délinquance. Je ne veux pas qu’il glisse là-dedans."
Chaque club dans l’hexagone tient un carnet de bord très détaillé sur sa
production. Des plantes narcoleptiques à euphoriques, de celles ayant
un but thérapeutique à d’autres récréatif, tout est consigné et échangé
entre les différents membres des CSC de France.
"Nous avons certains clubs où des gens sont atteints de sclérose en plaque, indique le président. Ce sont leurs médecins qui leur conseillent de consommer de l’herbe !
Nous sommes structurés, nous ne participons pas au marché de la drogue.
Peut-être serait-il temps qu’on arrête de nous considérer pénalement
comme des criminels."
En 2012, un rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a dénombré près de 200 000 cultivateurs de cannabis en France.
(*) Jonathan est un prénom d’emprunt.
Des clubs qui gagnent l’Europe
Le concept a récemment traversé les Alpes pour faire grand bruit en
Italie. Dominique Broc, président du Cannabis social club, après avoir
été “formé” en Espagne, fait des allers-retours en Bulgarie pour
structurer les coopératives. Inspirés et soutenus par le programme Encod
(European coalition for just and effective drug policies)
basé en Belgique, les CSC se battent pour que les États européens
incluent la régulation des drogues à l’ordre du jour des réformes
politiques.
Dominique Broc espère, par cette “descente” en préfecture qu’il
considère comme étant un acte de désobéissance civile, forcer le
gouvernement à trancher, officiellement, sur le cas des CSC en France.
A lire aussi
La position du NPA
Drogues : une seule solution, légalisation !
Depuis des années, différents gouvernements entendent mener une guerre totale à la drogue. Mais que ce soit en termes de consommation ou de santé publique, elle a fait la preuve de sa totale inefficacité.
En France, seuls le NPA et Europe Écologie-les Verts se prononcent pour la légalisation.
Pendant la présidentielle
"La légalisation du cannabis semble être une évidence aux camarades trotskistes du Nouveau Parti anticapitaliste
(NPA). Dans leur presse militante, ils écrivent : « La légalisation est
la seule mesure sérieuse en terme de santé publique. » Et plus loin : «
Ne plus faire du consommateur un délinquant est le préalable à toute
politique de santé. » Et de citer l’importance de programmes tels que la
distribution de seringues stériles. Candidat du NPA, Philippe Poutou
s’est pour sa part prononcé pour l’abrogation de la loi de 1970. Au côté
des écolos, le NPA semble le parti se présentant aux élections le plus
radical concernant l’usage de drogues."
Tiré de Et la drogue dans tout ça ? (Asud -Autosupport des drogues)
Vent debout contre la prohibition
Extrait : La cerise sur le gâteau vient d’un groupe composé de personnalités hors
de tout soupçon dont Kofi Annan, d’anciens Présidents latino-américains,
de deux prix Nobel de littérature, le péruvien Mario Vargas Llosa et le
colombien Gabriel Garcia-Marquez… Dans le rapport qu’ils remettent à
l’Onu, ils dénoncent «les conséquences dévastatrices pour les individus
et les sociétés du monde entier» de la guerre à la drogue, invitent les
nations à en finir avec la criminalisation des consommateurs et incitent
leurs gouvernement de trouver des alternatives à la pénalisation du
cannabis.
Drogues : dépénaliser ou légaliser ? (Libération)
Lu dans Libération (voir liens sous l'image)
Lu dans Libération (voir liens sous l'image)
Les Cannabis Social Clubs forcent la loi
Reportage Les 425 clubs de
producteurs de cannabis prônent un usage maîtrisé et, pour défier le
gouvernement, vont déposer leurs statuts en préfecture.
Dominique Broc, très en pétard contre le marché noir
Portrait Le chef de file des
Cannabis Social Clubs français est «révulsé de filer du fric à des
mafias» et prône une agriculture «ultrabio».
- Interview «Il serait intéressant de tenter le pari de la responsabilisation»
- L'actu L’Espagne tolère, mais Madrid reste colère
DROGUE : LA FRENCH PROHIBITION
Salles de shoot: A quoi ça sert, et à quoi ça ressemble? (20minutes.fr)
"Salle de shoot" à Paris : 5 questions sur une expérimentation
Pourquoi il faut des «salles de shoot»
Salles de shoot. Quand Montpellier était à l'avant-garde...
Les gros cultivateurs de cannabis à Fraisse n’étaient que de simples consommateurs