Hydrogéologue à l’université Montpellier 2, le professeur est, mercredi
20 février, l’invité du collectif antischiste. Il animera une
conférence-débat à Nîmes à 18 h 30, à l’auditorium du conseil général,
rue Guillemette.
Le débat sur les technologies d’extraction du gaz de schiste est
relancé : l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques
et technologiques (Opecst) a annoncé le lancement d’une étude sur des
alternatives moins polluantes : injections d’hélium, de propane, de CO2.
Qu’en pensez-vous ?
Je pense premièrement que cela ne résout pas tous les problèmes. On est
focalisé sur la pollution avec des produits chimiques injectés via la
fracturation hydraulique. Mais même si l’on change de fluide, ce dernier
doit améliorer la perméabilité de la roche afin de permettre au gaz
d’être pompé. La stimulation hydraulique c’est la même chose que la
fracturation. Ce qu’il faut bien voir, c’est que les schistes eux-mêmes contiennent des métaux lourds, du radium ou du méthane, piégés par la roche mère. Lors de l’extraction, quelle que soit la méthode utilisée, ces éléments vont être remobilisés, libérés et pollueront.
Ils vont se retrouver en surface ou migrer dans les couches
souterraines et contamineront un jour ou l’autre les sources. Et puis,
qu’il s’agisse de propane, d’hélium ou de CO2, ces fluides posent encore
d’autres problèmes. Ainsi, l’hélium n’est pas facile à utiliser, il
nécessite des précautions importantes et pose un problème de coût ou
encore d’infrastructure pour le transporter.
Vous êtes clairement sceptique sur cette étude et l’Opecst ?
Dans cet office, il n’y a pas de scientifique. Je suis expert auprès de
la commission européenne, je n’ai absolument pas été consulté. Ce n’est
pas que j’attends forcément de l’être mais j’aimerais être sûr que quelqu’un est porteur de la voix des connaissances sur les eaux souterraines. Être géologue par exemple ne veut pas dire que l’on est hydrogéologue.
Il est aussi évoqué l’extraction de gaz de houille, pourquoi pas
dans l’ancien bassin minier d’Alès, elle aussi susceptible de libérer,
selon certains, des éléments polluants. Est-ce également votre position ?
Chaque gisement est spécifique. Il faut analyser précisément la houille de chaque bassin. Je ne suis pas un spécialiste mais d’après les renseignements que j’ai pu prendre, ce n’est pas une solution exempte de tout risque de pollution
avec des remontées d’eaux contaminées par des radioéléments. Et puis,
comme dans le cas du gaz de schiste, la libération du gaz de houille en
tant que tel peut amener à la contamination de nappes.
A lire aussi
Gaz de schiste en Plaines du Languedoc
Dernières discussions à Béziers(9 février 2013)
Nos dossiers Alternative,
Ecologie,
Economie locale,
Région Languedoc Roussillon