vendredi 8 février 2013
Lors de son discours d'ouverture du débat parlementaire sur le
mariage pour touTEs le mardi 29 janvier, Christiane Taubira a rappelé
les réalités historiques du mariage : alliance et transmission du
patrimoine, cadre de domination des femmes.
Tout en sous-entendant à tort que ces réalités ne sont plus
d'actualité, Taubira a annoncé la couleur : l'extension du mariage
aura pour visée de faire entrer les homosexuelLEs dans le modèle normatif,
considérant le couple binaire régi par un impératif de fidélité comme le seul
possible, mettant au ban toute autre forme de couple. Cela montre que la
société n'accepte l'homosexualité que si celle-ci « reste
dans les rangs »
Confusion et discrimination
La droite entretient volontairement la confusion entre la
procréation médicalement assistée (PMA, insémination artificielle) et la
gestation pour autrui (GPA, recours aux mères porteuses). L'ouverture de la PMA aux lesbiennes (déjà
autorisée pour les couples hétérosexuels) est un des axes principaux des tous
les appels à manifester pour l'égalité des droits, contrairement à la GPA qui fait débat au sein du
mouvement LGBT. Cependant, nous soutenons la circulaire Taubira qui demande aux
tribunaux de ne plus refuser la nationalité française aux quelques dizaines
d'enfants qui naissent chaque année d'une GPA à l'étranger, parce que dans le
cas contraire ces enfants resteraient apatrides et / ou
en situation irrégulière en France. Les réactionnaires critiquent la circulaire
et crient au scandale : une
preuve qu'ils ne se préoccupent des « intérêts
de l'enfant » que quand ça
les arrange !
La droite continue aussi sur
la vieille tradition consistant à cumuler les haines en prédisant une « invasion d'homosexuelLEs étrangerEs ». Largement fantasmée au vu de la politique
migratoire menée par le PS, et du projet de loi qui n’ouvre le mariage aux
couples binationaux que sous réserve qu’il n’y ait pas d’accord contradictoire
avec le pays de la personne étrangère.
Homophobie parlementaire
Le Parlement a aussi à voter plusieurs milliers d’amendements au texte de loi, dont beaucoup sont similaires, amendements déposés par la droite et l'extrême droite qui tentent d'attaquer un droit déjà proposé au rabais, quand ils ne tournent pas aux pires amalgames homophobes (un amendement relançant l'atroce cliché de l'homosexuel pédophile en proposant d'ouvrir le mariage aux enfants)…
Ceci vient concrétiser les propos homophobes de ces députéEs qui entretiennent et justifient la vague d’homophobie réactionnaire actuelle, avec comme conséquence une multiplication par trois du nombre d'appels désespérés reçus par SOS Homophobie depuis le début du débat sur le mariage.
Pendant ce temps, l'organisation intégriste Civitas s'est rassemblée pour prier devant l'Assemblée « contre les forces du mal », déversant une fois de plus sa haine homophobe sans limites. Ces prières sont protégées par les forces de police dans l’indulgence générale des politiques, alors que les « prières de rue » des musulmanEs scandalisent. Force est de constater une fois de plus la place de la « laïcité » de notre pays.
L'égalité reste à gagner
Tout ceci montre que la bataille sur l'égalité des droits
est loin d'être gagnée. Une simple « bataille
institutionnelle » ne
suffira pas, et les luttes continuent à être nécessaires pour pouvoir gagner
sur ces questions. La PMA
sur laquelle le gouvernement se contredit devient le symbole de sa politique de
recul et un élément essentiel des mobilisations pour l'égalité. Au-delà du
mariage pour tous, il y a de nombreuses autres batailles à mener, notamment sur
la question du don du sang et d'organe par les homosexuelLEs, dont le refus a
été confirmée par l'actuel ministère de la santé ;
pour les droits des trans (changement d'identité facilité, dépathologisation…)
actuellement seulement couverts par des promesses vagues et incomplètes ; contre l'homophobie, la
transphobie, ainsi que le sexisme, dont l'omniprésence a été plus que confirmée
par les récents débats, que des lois ne feront pas disparaître.
Anastasia Damamme et Chloé Moindreau
Aboud : "Je manque peut-être de culture, mais j'ignorais la référence au triangle noir"
L'appel du NPA
« le Refuge était ma dernière chance »
20 minutes NICOLAS BONZOM / MAXELE PRESSE
L'association montpelliéraine soutient les jeunes homosexuels rejetés par leurs familles
L'association Le Refuge, créée en 2003 à Montpellier,
propose aux homosexuels de 18 à 25 ans des hébergements temporaires à
Boutonnet (14 places depuis le déclenchement du plan hivernal). « On
offre un soutien social, psychologique et professionnel à ceux qui ont
été exclus du domicile familial à cause de la révélation de leur
homosexualité, souligne Frédéric Gal, son directeur. Depuis sa création,
300 personnes ont vécu dans ces appartements-relais.» Avec une
participation de 25 à 100 € par mois, selon les revenus «, ajoute-t-il.
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