CAPITALISME, MONDIALISATION ET SPORT : Une critique du sport moderne
(correspondance NPA 34)
Salle
comble ce lundi 11 février à l'université Paul Valéry
pour
assister à la conférence de Jean-Marie Brohm,
organisée
par M. Thierry Blin, maître de conférences HDR en sociologie à l'UM3, la Société Louise
Michel 34 et Sud Etudiant-E
Jean Marie Brohm, professeur
émérite de sociologie, développe et ce depuis les années 68, au travers de
multiples ouvrages et contributions, une critique sans concession de la
soumission des corps et des esprits au travers du sport de masse et de
l’envahissement de l’espace public et médiatique par le spectacle permanent et
obsessionnel d’ « évènements » qui se succèdent maintenant en
continu.
Le sport
« moderne » est né dans l’Angleterre de la fin du XVIII° siècle en
même temps que le capitalisme. Il s’agit d’une vraie rupture. L’envahissement
par l'argent de ce qui n’était jusqu’alors qu’une activité physique sans souci
de mesure ou de classement a produit le « sport », un outil de
domination politique adéquat aux visées du libéralisme.
L’Angleterre impérialiste du
XIX° a exporté ses capitaux, ses canonnières et ses disciplines sportives dont
la codification, unifiée mondialement, est toujours aujourd’hui sous sa
coupe. Les bases d’un marché mondial de joueurs mercenaires sont ainsi posées et
les noces noires du sport institutionnalisé et du capital vont ainsi aboutir à
la mise en œuvre d’un véritable « appareil idéologique d’Etat ».
Car le « sport »
capitaliste est ainsi rendu absolument adéquat à l’idéologie qui accompagne le
libéralisme . L’obsession du classement induit une hiérarchisation des
individus : à sa place et selon son « mérite », en toute
objectivité de la mesure. C’est ainsi que le sport est structurellement (comme
l’Eglise…) sexiste . Dans aucun sport les femmes ne peuvent se mesurer aux
hommes. Elles sont inférieures. Objectivement bien sûr.
Cette entreprise
« d’anthropométrie libérale » est la base d’ un véritable
envahissement/colonisation de l’espace public. Outre la multiplication
d’évènements qui fournissent en permanence une diversion des vrais problèmes
sociaux et politiques, le sport capitaliste fournit en permanence les
ingrédients du nationalisme, du racisme, de la xénophobie. Comme dans
l’entreprise où la concurrence de tous contre tous est au centre de l’idéologie
libérale, l’opposition « winner/looser » est impitoyable autant
qu’elle est valorisée par le système.
On le voit, la
dépolitisation par le sport de l’espace public est une entreprise très
politique.
Cette présentation est évidemment largement servie par l’actualité. Jean Marie Brohm souligne ainsi que Lance Armstrong a été contrôlé « négatif » (non dopé) plus de 300 fois dans sa carrière! Sans parler des 800 matches de foot truqués récemment « découverts »…. Et des aventures d'un certain Nikola à Montpellier...Etc.
Dans le débat en grande
partie consacré à l’éventualité d’un devenir différent du sport, Jean Marie
Brohm souligne la nécessité de se battre au sein même de l’institution, sans
s’égarer dans des pratiques parallèles sans lendemain, et souligne le nécessité
de lier ce combat à la lutte contre le système dans sa globalité.
Gilles Marquet
1936, les Jeux olympiques à Berlin
Pierre de Coubertin, le seigneur des anneaux
Le football, une peste émotionnelle
Esquisse de bibliographie de J-M Brohm
1936, les Jeux olympiques à Berlin
Pierre de Coubertin, le seigneur des anneaux
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