TUNISIE
Le Front Populaire ( اﺍلشعبﯿﻴة اﺍلجبﮭﻬة
) Montpellier
appelle à un
Rassemblement Place de la
Comédie (Montpellier)
LUNDI 11 Février
18 h
En réaction à l’assassinat de notre ami et
camarade Chokri BELAID
Le NPA 34, solidaire de l'opposition démocratique tunisienne, soutient cet appel
- Condamne avec fermeté ce crime politique odieux
d’autant qu’il
ouvre la voie aux liquidations physiques, tentant ainsi de faire
taire toute
voix appelant au respect des droits civiques et démocratiques
- Fait porter l’entière responsabilité de cet
assassinat odieux au
gouvernement d’Ennahdha et ses alliés, et plus particulièrement
au Ministère de
l’Intérieur
- Appelle à rechercher activement et à arrêter
rapidement les
auteurs de ce crime odieux et leurs complices, à les traduire
devant la
justice et à faire la lumière sur les milieux donneurs d’ordre
qui sont
derrière eux
- Exige la dissolution des pseudos « comités de
protection de la
révolution », milices du parti Ennahdha
- Exige que des poursuites judiciaires soient
engagées à l’encontre
de quiconque appelle à la violence politique
- APPELLE TOUTES LES FORCES PROGRESSISTES ET
DEMOCRATES ET TOUTES
LES COMPOSANTES DE LA SOCIETE CIVILE A MANIFESTER LEUR SOUTIEN
Non à l’assassinat de la démocratie et des
libertés en Tunisie
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Chokri Belaïd, un tribun devenu l'ennemi juré des islamistes
LE MONDE
|
Par Isabelle Mandraud
Etudiant engagé à l'extrême gauche, Chokri Belaïd haranguait ses camarades d'université avec une habileté et une verve que lui enviaient les islamistes, eux aussi opposants au régime de l'ancien dirigeant Zine El-Abidine Ben Ali. Devenu avocat, après des études de droit en partie réalisées en France, le tribun poursuivra sur sa lancée en devenant le porte-parole d'une petite formation de la gauche radicale, les Patriotes démocrates, d'obédience marxiste et panarabiste, qui ne deviendra légale qu'en avril 2011, après le soulèvement tunisien et la chute de l'ancien régime.
A cette époque, du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011, Chokri Belaïd est de toutes les manifestations, avec son ami Hamma Hammami, le dirigeant du Parti communiste
ouvrier tunisien, forcé à la clandestinité pendant des années. Aux
dernières heures du régime Ben Ali, les deux hommes seront d'ailleurs
arrêtés ensemble avant d'être relâchés. Ils se réuniront ensuite avec
plusieurs formations de la gauche radicale dans un mouvement baptisé le
Front Populaire.
Ne disposant que d'un seul élu à l'Assemblée nationale constituante, le Front, qui compte un nombre important de militants, est aujourd'hui parvenu à s'imposer comme la troisième force du pays. Mais peu de Tunisiens connaissaient jusqu'à récemment Chokri Belaïd, issu d'un milieu très modeste, né en novembre 1964 dans l'un des quartiers les plus pauvres du sud de Tunis, Djebel Jelloud.
Les grévistes du bassin minier de Gafsa, eux, savent ce qu'ils lui doivent. Lorsque éclate la grande grève de 2008 dans cette région déshéritée du Sud, annonciatrice du mouvement qui balaiera deux ans plus tard le régime Ben Ali, une terrible répression s'abat sur ses meneurs. "Chokri Belaïd a pris la tête du groupe d'avocats qui nous a défendus, c'était un militant de premier ordre", se souvient l'un des acteurs de cette époque, Mouhieddine Cherbib, qui réside aujourd'hui en France. L'avocat plaidera également les dossiers de plusieurs salafistes emprisonnés par l'ancien régime.
Tout change à partir du 14 janvier 2011. La moustache de Chokri Belaïd devient soudain familière aux Tunisiens. Ses talents d'élocution, son franc-parler, en font un invité courtisé des plateaux télévisés. Membre de la Haute Instance pour les objectifs de la révolution, il participe aux travaux qui mèneront aux premières élections libres d'octobre 2011, sans jamais cesser de vitupérer contre les gouvernants, en particulier l'ancien premier ministre de transition, Béji Caïd Essebsi.
Au fil des mois, c'est cependant avec le courant islamiste que les choses vont de plus en plus se dégrader. Chokri Belaïd redouble de critiques contre le gouvernement dominé par les islamistes du parti Ennahda. Il dénonce le climat de "violence" qui, affirme-t-il, s'est installé dans le pays, et que le pouvoir, selon lui, instrumentalise à des fins électoralistes et pour des enjeux internes. Dans ses diatribes, l'avocat vise en particulier l'aile dure d'Ennahda.
En réaction, le ministre de l'intérieur, Ali Larayedh, membre du parti islamiste, le désignera nommément comme l'un des responsables des émeutes de Siliana, en novembre 2012, durement réprimées par les forces de sécurité qui tirèrent sur les manifestants avec des fusils de chasse.
Mais l'atmosphère se dégrade encore. L'opposant Chokri Belaïd est cité dans des prêches hostiles d'imams, vilipendé sur des dizaines de pages Facebook, menacé de mort. Jusqu'à son assassinat.
L'article sur le site du Monde
La manifestation de Paris hier, devant l'ambassade de Tunisie, contre l'assassinat de Chokri Belaïd
Ne disposant que d'un seul élu à l'Assemblée nationale constituante, le Front, qui compte un nombre important de militants, est aujourd'hui parvenu à s'imposer comme la troisième force du pays. Mais peu de Tunisiens connaissaient jusqu'à récemment Chokri Belaïd, issu d'un milieu très modeste, né en novembre 1964 dans l'un des quartiers les plus pauvres du sud de Tunis, Djebel Jelloud.
L'AVOCAT DES GRÉVISTES, "MILITANT DE PREMIER ORDRE"
Les grévistes du bassin minier de Gafsa, eux, savent ce qu'ils lui doivent. Lorsque éclate la grande grève de 2008 dans cette région déshéritée du Sud, annonciatrice du mouvement qui balaiera deux ans plus tard le régime Ben Ali, une terrible répression s'abat sur ses meneurs. "Chokri Belaïd a pris la tête du groupe d'avocats qui nous a défendus, c'était un militant de premier ordre", se souvient l'un des acteurs de cette époque, Mouhieddine Cherbib, qui réside aujourd'hui en France. L'avocat plaidera également les dossiers de plusieurs salafistes emprisonnés par l'ancien régime.
Tout change à partir du 14 janvier 2011. La moustache de Chokri Belaïd devient soudain familière aux Tunisiens. Ses talents d'élocution, son franc-parler, en font un invité courtisé des plateaux télévisés. Membre de la Haute Instance pour les objectifs de la révolution, il participe aux travaux qui mèneront aux premières élections libres d'octobre 2011, sans jamais cesser de vitupérer contre les gouvernants, en particulier l'ancien premier ministre de transition, Béji Caïd Essebsi.
Au fil des mois, c'est cependant avec le courant islamiste que les choses vont de plus en plus se dégrader. Chokri Belaïd redouble de critiques contre le gouvernement dominé par les islamistes du parti Ennahda. Il dénonce le climat de "violence" qui, affirme-t-il, s'est installé dans le pays, et que le pouvoir, selon lui, instrumentalise à des fins électoralistes et pour des enjeux internes. Dans ses diatribes, l'avocat vise en particulier l'aile dure d'Ennahda.
En réaction, le ministre de l'intérieur, Ali Larayedh, membre du parti islamiste, le désignera nommément comme l'un des responsables des émeutes de Siliana, en novembre 2012, durement réprimées par les forces de sécurité qui tirèrent sur les manifestants avec des fusils de chasse.
Mais l'atmosphère se dégrade encore. L'opposant Chokri Belaïd est cité dans des prêches hostiles d'imams, vilipendé sur des dizaines de pages Facebook, menacé de mort. Jusqu'à son assassinat.
L'article sur le site du Monde
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