Carcassonne. Les Pilpa : "Nous exigeons que nous soient rétrocédés les murs, les bâtiments, les machines et la marque Pilpa" !
Les Pilpa demandent réparation de leur préjudice et attaquent en justice le nouveau plan social.
"Nous sommes entrés dans une nouvelle phase" : Rachid Aït Ouakli,
délégué CGT du personnel, et Christophe Barbier, secrétaire du comité
d’entreprise de Pilpa, n’étaient pas forcément mécontents, hier, à 13 h,
en sortant de la troisième et dernière réunion inhérente au plan de
sauvegarde de l’emploi.
Un plan qui ne les réjouit pourtant pas, malgré une proposition du
nombre de reclassements passant de 77 postes à 82 dans les autres sites
français du groupe R & R. C’est la raison pour laquelle ils ont
décidé de saisir le tribunal de grande instance statuant au fond. Motifs
: "Nous considérons que les propositions de reclassement sont nettement
insuffisantes, qu’elles ne sont pas sérieuses étant donné qu’il n’y a,
en face, aucune organisation du travail présentée, et que les moyens
financiers ne sont pas à la hauteur des moyens du groupe R & R dont
les profits sont passés en un an de 450 à 600 millions d’euros ! Ils ne
sont pas non plus à la hauteur d’un département pauvre, où le chômage
atteint les 14 %. De plus, nous estimons que la direction ne nous a pas
communiqué tous les documents que nous étions en droit d’attendre".
Voilà pour la partie “réglementaire”.
Les syndicalistes prêts à négocier
En revanche, les syndicalistes ne sont pas peu fiers de l’action
entreprise, hier, en marge du comité d’entreprise. Alors que quelques
désaccords commençaient à naître au sein du personnel qui, rappelons-le,
est confronté à l’annonce de fermeture de leur usine depuis juillet
dernier, Rachid Aït-Ouakli et Christophe Barbier estimaient avoir réussi
à fédérer les 113 salariés (19 ont été licenciés depuis) sur les
revendications exposées à Lionel Rolland, PDG de Pilpa. Des
revendications qui alimentent ce qu’ils appellent des "négociations
directes" avec leur direction et qui portent sur leur avenir collectif
ou personnel. "R & R a acheté Pilpa 27 M€. Nous demandons donc à ce
qu’ils rendent cette somme suite au préjudice du projet de fermeture qui
nous est imposé", avancent les syndicalistes. Qui enfoncent le clou :
"Nous exigeons que nous soient rétrocédés les murs, les bâtiments, les
machines et la marque Pilpa qui se sont développés grâce au travail des
salariés qui se sont succédé sur le site depuis plus de 40 ans. Nous
voulons que R & R finance le fonds de roulement nécessaire pour
lancer le projet innovant de Scop ainsi que toutes les actions qui
devront permettre aux salariés de vivre dignement (préretraites,
formations dignes de ce nom...) et de retrouver un travail !"
Car, bien entendu, le projet de coopérative participative reste ancré
dans l’esprit de certains salariés. Christophe Barbier en est d’ailleurs
convaincu : "Nous avons un outil extraordinaire pour faire quelque
chose de bien, de concret et pourvoyeur d’emplois. Nous voulons faire
ici un pôle agroalimentaire avec des partenaires, travailler sur les
filières courtes. Nous présenterons une pré-étude de marché le 31 mai et
une étude définitive fin juin".
Commentaire laconique de la direction
Pas sûr que la direction de Pilpa abonde dans ce sens... Dans un
communiqué, celle-ci commentait sobrement l’issue de la réunion 3 du
plan de sauvegarde en signifiant que "malgré le refus constant des
représentants du personnel d’ouvrir des négociations, la direction de
Pilpa a amélioré le plan en proposant 82 postes de reclassement en
France et en renforçant significativement les mesures sociales
d’accompagnement." Commentaire appuyé par l’exposition d’une mauvaise
conjoncture "dans un marché français de la glace en forte baisse en 2012
(-5,6 % en volume) caractérisé par une consommation historiquement
basse des ménages : R & R France a enregistré une baisse de son
chiffre d’affaires de 21 % depuis quatre ans. L’entreprise souhaite
sauvegarder sa compétitivité et préserver en France un outil industriel
viable et plus de 600 emplois". Des chiffres sujets à caution, on le
sait...
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