Harcèlement anti-syndical à Lunel
npa 34
Franck Messaoudi, salarié de Lidl depuis 11 ans, ne rencontrait aucune difficulté au sein de l’entreprise Lidl où il travaille en tant que Cariste. Le 19 mai 2011, il est désigné Représentant de Section Syndicale Sud Commerce et Service. Lidl a d’abord contesté cette désignation puis s’est désisté en date du 01/07/11. Mais dès juillet 2011, il a été convoqué à un entretien disciplinaire et a écopé de 3 jours de mise à pied (sans salaire) aux motifs fallacieux (des pauses comme tous ses collègues). En septembre 2011, on le rétrograde de poste, en l’empêchant d’être cariste et donc de percevoir la prime afférente à ce poste. Début octobre 2011, on lui décale ses congés pourtant validés par son responsable. Janvier 2013, Lidl lui notifie une nouvelle sanction disciplinaire : 6 jours de mise à pied (sans salaire) aux motifs de leur piètre organisation du travail, on lui reproche même une absence où il était en délégation (les Représentants de Section Syndicale ont droit à 4h d’absence par mois). Au travers de cette situation, on peut constater le dialogue social pratiqué chez Lidl. On comprend les motivations cachées de son employeur : faire dégager un représentant du personnel qui dérange !!! (Solidaires34)
Lidl n'en est pas à son coup d'essai :
Cette chaîne de grande distribution discount tire d'énormes profits en imposant d'une part ses prix et ses conditions à ses fournisseurs (ce qui est sans grande conséquence quand il s'agit de grands groupes internationaux, mais saigne les petits producteurs, en particulier dans l'agriculture), et de l'autre en surexploitant ses salarié-es.
On comprend ainsi aisément que les syndicats, en particulier les syndicalistes combattifs, ne sont pas les bienvenus !
On découvre dans les 2 articles ci-dessous, tirés du blog http://anti.grande.surfaces.over-blog.com/, qu'une politique délibérée de harcèlement a été mise en place pour mettre au pas tous les salariés.
Le NPA 34 apporte tout son soutien à ces salarié-es et à leurs organisation syndicales.
Samedi 30 juin 2012
Lidl condamné pour discrimination à l'embauche
L'enseigne devra s'acquitter de 10 000 euros d'amende. Deux responsables écopent de prison avec sursis pour avoir
refusé l'embauche d'une femme étrangère.
Le tribunal correctionnel de Senlis (Oise) a condamné mercredi deux responsables de l’enseigne hard-discount Lidl à six
et quatre mois de prison avec sursis pour avoir refusé d’embaucher une jeune femme étrangère.
Le parquet avait requis lors de l’audience, le 16 mai, huit mois de prison avec sursis à l’encontre des deux hommes - le
directeur régional Ile-de-France nord et un responsable administratif chargé des ressources humaines - poursuivis pour «discrimination à l’embauche» par une caissière du
magasin Lidl de Nogent-sur-Oise (Oise).
Les
deux responsables ont également été condamnés à respectivement 5 000 et
3 000 euros d’amende, et à suivre
un stage de citoyenneté à leurs frais. Lidl, qui comparaissait en
tant que personne morale, a été condamnée à 10 000 euros d’amende, et à
verser solidairement 10 000 euros de dommages
et intérêts à chacune des parties civiles.
Outre la plaignante et neuf autres salariés, le syndicat Unsa et l’association SOS Racisme s'étaient constitués parties
civiles dans ce procès qui avait fait l’objet de trois renvois.
La
plaignante, une jeune femme d’origine ivoirienne qui a depuis obtenu la
nationalité française, avait saisi la justice
début 2010 parce qu’elle n’avait pas été embauchée en CDI, en
raison, selon elle, de sa situation de ressortissante étrangère en
possession d’un titre de séjour «vie privée vie
familiale».
Ce titre de séjour, d’un an renouvelable, permet à des étrangers une résidence en France au motif de liens personnels et
familiaux. Il donne droit à l’exercice d’une activité professionnelle.
Source : Libération
Dimanche 31 juillet 2011
Mes années Lidl : « On nous demandait de piéger les employés »
Des cadres de Lidl se livrent. En pleine polémique sur les formes de discrimination qu’aurait pratiqué l’enseigne, ils
racontent les conditions de travail dans certains magasins du hard discounter.
Pour
le recrutement des caissiers employés libre-service, les critères de
sélection seraient très stricts. Tout semble très
étudié. Selon les témoignages, tout le monde ne peut pas être
embauché au poste de caissier au sein des magasins de ce hard
discounter.
Des profils de poste seraient spécialement élaborés pour un recrutement optimal. Au cours des sessions de formation, les
futurs responsables de réseau apprennent à sélectionner le salarié idéal.
«
Pas d’étrangers avec des titres de séjours précaires ; cela
engendrerait trop de paperasserie et les personnes
devraient s’absenter le temps du renouvellement. Nous devions
également préférer les personnes qui avaient déjà occupé des emplois
pénibles comme la restauration rapide ou la manutention en
entrepôt», assure Charles*, ancien responsable de réseau dans les Hauts-de-Seine. « On nous demandait, poursuit-il, de privilégier les femmes aux hommes car ces derniers
auraient davantage tendance à piocher dans le magasin ou dans la caisse.»
Pour Lidl, la situation de famille serait également un critère de sélection : « Les femmes célibataires sans
enfants étaient très recherchées car elles pouvaient rester un peu plus au magasin et ne s’absenteraient pas très souvent » résume Charles.
Ces consignes biens particulières, ne se ferait qu’à l’oral. Par précaution, pas d’adresse électronique ou au
compte-gouttes. «Ils ont trouvé un bon moyen de ne laisser aucune trace»
affirme Sonia*, ancienne responsable de réseau à Paris. Les rares qui
en ont fait la demande, ont dû attendre
plusieurs années et signer de nombreux documents garantissant la
confidentialité avant d’obtenir une adresse professionnelle. « Sur l’ensemble de la direction régionale de Barbery en
Picardie, seule trois adresses électroniques ont été créées » assène Charles.
« Malgré
nous, nous discriminions à notre tour. Nous obéissions aux ordres.
C’était le cas lorsqu’il a fallu
mettre fin au recrutement de salariés étrangers titulaires d’un
titre de séjour portant la mention « vie privée et familiale »», regrette l’ancien responsable. Sonia précise :
«Depuis début 2010, dès que le service des ressources humaines
constatait qu’il s’agissait d’un titre de séjour ‘vie privée et
familiale’, on nous demandait de rompre le contrat de travail au
plus vite. A l’annonce de leur licenciement, les employés
pleuraient, suppliaient. Ils avaient besoin de cet emploi et me
demandaient des explications ».
Des explications pour justifier un licenciement ?
Lidl se serait chargé d’enseigner à ses jeunes recrues comment en fabriquer. «On nous demandait de piéger les employés
et d’accumuler les preuves contre eux», rapporte Charles. Et pour se faire, « la procédure dite du ‘’Caddie test’’ fait partie des outils mis à notre disposition».
L’employé
est alors soumis à un contrôle visant à vérifier s’il respecte
parfaitement les procédures caisse. Sur les 11 points de contrôle, le
salarié doit en respecter 10 pour pouvoir réussir le test.
« Difficile pour une personne en poste depuis 4 jours de ne rien
oublier et de retenir par cœur les 70 codes du rayon fruits et légumes» raconte Charles.
Le temps de scan des
produits était également pris en compte ; pas moins de 45 articles
par minute et 30 secondes pour éditer le ticket de caisse, encaisser et
rendre la monnaie. « Sans oublier de replacer
quelques articles dans le Caddie et dire au revoir au client » sourit Charles, amer .
Selon cet ancien cadre, chaque responsable de réseau avait l’obligation d’effectuer des contrôles d’un genre particulier.
Dès que les employés étaient hors de vue, « je fouillais dans
leurs sacs et le coffre de leur voiture. Je vérifiais également les
bacs à ordures afin de m’assurer si des produits n’y
avaient pas été placés en vue d‘être récupérés plus tard. Les
employés étaient constamment considérés comme des voleurs en puissance », explique Sonia.
Le
mode de recrutement des responsables réseaux semble tout aussi original
que celui de caissiers-employés
libre-service. Le profil idéal ? Avoir moins de 30 ans, n’avoir
jamais travaillé, être diplômé d’une école de commerce, être
célibataire, sans enfant et de préférence de sexe masculin.
« On m’a fait comprendre que mon recrutement était une faveur que Lidl me faisait», témoigne Samir*, ancien responsable de réseau en Seine-Saint-Denis.
« Il fallait que je
m’estime heureux, car qui recruterait un jeune diplômé issue de la
banlieue, à 43 000 euros par an avec un forfait repas de plus de
dix-sept euros journalier auxquels s’ajoutent une grosse
cylindrée allemande et l’ essence gratuite en illimitée ? »
«On vous recrute jeunes car vous êtes plus malléables et vous n’avez pas encore connu d’autres environnements
professionnels. Vous n’êtes donc pas en mesure de comparer. Nous allons vous modeler à la Lidl » aurait dit Mme M., responsable Formation nouveaux entrants. « On a signé un pacte avec le
diable. Dès que l’on en prend conscience, on quitte le navire » confie Charles.
Une fois recrutés, et malgré leur statut de cadre, tous les responsables de réseau semblaient loger à la même enseigne.
«C’était épuisant d’être sans cesse rabaissé et humilié. Je me
souviens avoir passé une partie de la nuit à quatre-pattes à gratter les
vieux chewing-gums collés au sol parce qu’il y avait un
contrôle du siège le lendemain matin » se rappelle Sonia.
« Nous étions taxés de fonctionnaires et de fainéants si nous faisions moins de douze heures de travail par jour ou si
nous ne répondions pas aux dizaines d’appels téléphoniques les jours de repos », raconte Samir.
Des
rythmes et une pression décrits comme insupportables, de nombreux
cadres ont aujourd’hui quitté Lidl. Au cours des
treize derniers mois, dix-huit des vingt-cinq responsables de
réseaux de la seule direction régionale de Barbery ont démissionné. La
tendance semble même avoir atteint les cadres supérieurs ; la
responsable achat et le responsable entrepôt ont quitté la direction
de Barbery il y a quelques jours.