Manifestation à Paris contre le fascisme, en mémoire de Clément Méric
Des manifestants défilent pour dénoncer le fascisme et honorer la
mémoire de Clément Méric, le 23 juin 2013 à Paris (Photo Fred Dufour.
AFP)
Par Tiphaine Le Liboux, avec AFP
Plusieurs milliers de personnes, 6 000 selon la police, ont défilé dimanche à Paris contre le fascisme, une quinzaine de jours après la mort de Clément Méric
et de nombreuses vitrines ont été dégradées sur leur passage, a
constaté un journaliste de l’AFP. Quatorze personnes ont été
interpellées, «notamment pour port d’arme prohibé», en marge de cette manifestation a annoncé le ministère de l’Intérieur.
Le ministre Manuel Valls «tient à saluer le travail sur le
terrain des services de la préfecture de police qui vont continuer à
exploiter les nombreuses vidéos enregistrées tout au long de ce
rassemblement.»«Au passage du cortège, de nombreuses vitrines,
notamment d’établissements bancaires, ainsi que du mobilier urbain, ont
été saccagés par des casseurs qui ne respectent pas l’esprit de ce
rassemblement», selon le ministre. «Ce sont des groupes ultra-radicaux de casseurs violents et très mobiles qui étaient venus en découdre», a précisé une source proche du dossier.
Le cortège dense et hétéroclite s’est élancé vers 15 heures de la
place de l’Opéra (IIe), rassemblant des militants de partis politiques
(NPA, Parti de Gauche), des groupes anarchistes, des associations
(Attac, SOS homophobie) et des syndicats (Unef, CGT).
Défilant derrière des banderoles proclamant «Le fascisme tue, l’islamophobie tue»,
ou représentant le visage de Clément Méric tué le 5 juin à paris dans
une rixe opposant antifascistes et militants d’extrême droite, les
manifestants ont scandé «Clément, Clément, antifa» ou «Pas de quartiers pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers».
Mais le rassemblement dépassait la simple revendication antifasciste,
des affiches et banderoles dénonçant pêle-mêle l’islamophobie ou les
actes homophobes. «On est là pour montrer qu’on ne renonce pas à un
certain nombre de choses (...) Il faut riposter et refuser la volonté
d’exclure de ces gens là», explique Raynaldo Vidal, 55 ans, militant du Nouveau parti anticapitaliste(NPA). «C’est inimaginable que quelqu’un puisse mourir pour ses engagements», a estimé Ronan Rosec, de SOS Homophobie.
Vêtus de noir, une trentaine de manifestants ont déployé pendant
quelques minutes une banderole sur la façade de l’Opéra fustigeant le
fascisme, avant un défilé rythmé par des bruits de fumigènes et de
pétards. Au passage du cortège, des personnes ont agité des drapeaux français
et de la Manif pour tous à la fenêtre d’un immeuble, suscitant la colère
d’un groupe de manifestants qui ont forcé la porte de l’immeuble et
l’ont tagué. Le cortège s’est dispersé en fin d’après-midi place de la
Bataille de Stalingrad (XIXe).
La fin de la manifestation a été émaillée d’incidents violents. Selon une journaliste de Libération
présente sur place, les casseurs étaient moins d’une dizaine. Le groupe
est entré en action en queue de cortège, principalement dans la rue La
Fayette, derrière la gare du Nord. Comme les Black Blocs, ils étaient
habillés tout en noir et masqués. Armés d’une clé à molettes, ils ont
mis en pièces en quelques secondes plusieurs distributeurs et vitrines
de banques et agences immobilières.
Il y avait aussi une poignée de très jeunes gens en jogging-capuche.
Beaucoup moins organisés, ils ont essayé d’imiter les militants
autonomes en donnant des coups de pieds et de casques de motos dans les
vitrines.