Castres. Elle met la Poste aux prud'hommes pour l'avoir mise sur la paille
La Dépêche
Publié le 17/06/2013
Thomas Barbat, délégué syndical Sud (et cadre supérieur) conseille la factrice./Photo DDM, S.B.
Elle a fait 19 CDD à La Poste en 7 ans, dont 8 qui seraient illégaux.
Cette mère célibataire de 36 ans se retrouve sans un sou. Elle défendra
sa cause aux Prud’hommes fin juin.
Elle était postière. Aujourd’hui, pour l’instant, elle est sans
emploi et sans un sou. «La Poste l’a mise sur la paille», s’insurge
Thomas Barba, cadre supérieur à La Poste et délégué syndical Sud.
L’homme est spécialisé dans les affaires postales devant la juridiction
des prud’hommes et a gagné toutes les procédures engagées. Il précise :
«Elle a été recrutée en contrat à durée déterminée. Elle a, en effet,
travaillé à La Poste à partir de juin 2006 en donnant toujours
satisfaction à la clientèle et à sa hiérarchie.» Et le délégué syndical
d’annoncer la couleur. «Sur les 19 CDD qu’elle a signés, 8 sont illégaux
en raison en particulier de dates volontairement falsifiées ou contrats
remis hors délais légaux. Ces contrats étaient donc requalifiables en
CDI».
L’intéressée, 36 ans, précise : «Mon dernier contrat s’est terminé le
3 décembre 2012. Heureusement, j’ai eu l’aide de ma mère. Mais ça n’a
pas suffi. Je vis seule avec deux enfants, âgés de 9 et 12 ans.»
Et Thomas Barba en effet de signaler : «Cette personne est
aujourd’hui au bord du gouffre. Elle ne doit son salut qu’à la
commission de surendettement qui a opté pour un moratoire de 24 mois et
effacé une partie de sa dette, les dépenses essentielles et courantes.»
La jeune femme, en regard de sa situation comme de son cursus
professionnel, est aujourd’hui prioritaire réglementairement à
l’embauche. Elle a donc déposé une demande de réintégration. «La Poste
rejette toute négociation tendant à la réintégrer, au motif qu’elle n’a
pas de place disponible, s’indigne le délégué Sud. Les Prud’hommes ont
donc été saisis et l’audience aura lieu à la fin du mois. Ils devraient à
nouveau condamner l’entreprise. À nouveau parce qu’il s’agit bien d’un
comportement récidiviste. Nous demandons la réintégration immédiate,
voire la requalification en CDI. Par ailleurs, La Poste doit 27 834 €
d’arriérés de salaires.»
Les élus qui soutiennent la factrice
Les deux sénateurs (Jacqueline Alquier et Jean-Marc Pastor), le
président du conseil général, Thierry Carcenac, et la députée castraise
Linda Gourjade , tous PS, ont écrit au président-directeur-général du
groupe La Poste, Jean-Paul Bailly, ainsi qu’à plusieurs ministres
(Arnaud Montebourg, Michel Sapin, Najat Vallaud-Belkacem) pour attirer
leur attention sur la situation de la factrice castraise. «Les retours
seraient plutôt positifs», indique Thomas Barba. Tout en regrettant que
«le seul député qui n’a pas souhaité intervenir est Philippe Folliot, au
motif que la justice est saisie. Cette position est tenable au pénal
mais pas aux prud’hommes où la négociation est possible jusqu’au
délibéré. Je lui en ai fait part. Il n’a pas répondu.»
Repères
Le chiffre : 27 juin > Les prud’hommes. C’est ce jour-là que la juridiction paritaire examinera le dossier de la factrice.
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