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La Feria de Béziers commence...


...les anticapitalistes ont-ils d'autres chats à fouetter que de se pencher sur la cause animale ?

La Feria de Béziers, c'est certes la fiesta mais c'est aussi et surtout la corrida, les corridas. Bref une espagnolade (1) de tous les instants et à tous les coins de rue avec, reconnaissons-le, un réel engouement populaire. La ville, que Daniel Vilanova se représente comme "le cimetière Saint Lazare de Montpellier mais en un tout petit peu plus mort", voit, sur ces cinq jours, sa population passer "de 70 000 à un million d'âmes" (L'Hérault du jour de ce jour d'où nous extrayons des données pour cet article). 

Mais cette brutale surpopulation attirée par la "fête délirante où la paella se déguste, la sangria coule à flot et les excès sont monnaie courante" avait viré au drame l'an passé avec la mort d'un homme des suites d'une agression et l'image de la "fiesta" avait été aussi écornée par un reportage sur M6 qui mettait en évidence la face obscure de l'évènement avec, en particulier, les nombreuses bagarres dans un contexte de forte alcoolisation à coups de "binge drinking", de "biture express" ou d'"alcool défonce à gogo" souvent doublés de "drogue défonce à gogo".  

Le coeur de l'évènement ce sont cependant les corridas que les "aficionados" considèrent comme un art (magnifié par un autre art, celui du grand Picasso !) au demeurant enraciné dans une tradition revendiquant une forte identité culturelle. D'ailleurs, après bien des péripéties depuis le XIXe siècle, c'est sur la base de l'existence d'une "tradition locale ininterrompue" que le Conseil Constitutionnel a entériné la légalité des courses de taureaux dans quelques villes ou villages. Mais, véritables éléphants dans le magasin de porcelaine de cette revendication artistico-culturo-identitaire, les anticorridas du Comité Radicalement Anti-Corrida (CRAC) et de l'association Droit des animaux, ne baissent pas les bras et dénoncent la barbarie de ces pratiques au nom de la "cause animale"... Le 9 août ils étaient entre 200 et 300 (voir ici) à crier "Corridas basta !" dans les rues de Bayonne à l'appel du  Comité Euskal Herria anti-corrida.


Alors les anticapitalistes du NPA dans tout cela ? Certains seront tentés de couper court à l'affaire en criant à la diversion au nom des questions autrement décisives, politiquement parlant, que sont la solidarité avec les révolutions arabes ou la préparation de la lutte contre la contre-réforme des retraites que nous concocte la gauche gouvernante. Sans parler du débat militant en cours sur Féminisme, Prostitution, Religion... Mais il en est qui voient autrement les choses et trouvent probablement ces jeux d'opposition trop faciles pour être anticapitalistement honnêtes... Philippe Poutou, par exemple, n'avait pas hésité, pendant la campagne présidentielle, à se positionner favorablement, par-delà la question des corridas, vis-à-vis de la cause animale. Cela avait été relevé : Philippe Poutou : évolution et engagement clair pour la protection animale

Mais c'est surtout notre camarade Pierre Rousset qui est allé le plus loin sur le sujet : L’homme, cet animal humain, et la question des droits des animaux – Humanisme et bien-être animal

Concluons provisoirement, en cette ouverture de la Feria de Béziers, par un extrait de ce texte de Pierre Rousset : "Vu que le capitalisme formate non seulement la société, mais aussi la nature pour assurer sa recherche de profit, ici comme en d’autres domaines, il n’y a pas de réponse radicale à la question de la souffrance animale qui ne soit anticapitaliste. On a évoqué au cours de l’exposé les laboratoires et l’élevage industriel. Il ne s’agit pas de secteurs marginaux du capitalisme. L’agro-industrie (qui inclut l’élevage industriel) en est un redoutable pilier. Le capitalisme contemporain ne se contente pas de soumettre des animaux à la torture dans ses usines, ses fermes et ses laboratoires. Il remodèle l’ensemble de la planète et détruit les écosystèmes les plus riches comme il produit les gaz à effet de serre. En ce sens, il « désertifie » le monde en transformant même les campagnes en « déserts verts », immenses étendues de cultures industrielles d’une insigne pauvreté. Ce faisant, il détruit les habitats dont dépendent un très grand nombre d’espèces vivantes. Il est à l’origine de l’actuelle « extinction en masse » dans l’histoire de l’évolution, comme il est à l’origine du brutal changement climatique, annonciateur de nouveaux désastres."

Loin de la Feria de Béziers, nous n'en sommes pas moins ici pleinement dans la question animale qui structure de façon biaisée son dispositif festif et qui, c'est le sens de l'approche de notre camarade, est en fait une question humaine grave. Il faudra bien, tôt ou tard (reconnaissons que le jeu des priorités politiques et sociales rapportées aux actuelles capacités militantes plaide pour ne pas en faire la question du moment !), que le NPA, en tant que collectif se proposant de penser les moyens de rompre avec le capitalisme, prenne le taureau par les cornes pour décider si cette question animale pourrait être la cause animale pour laquelle il se bat. Pour laquelle il se bat aussi !

Antoine

(1) L'Espagne, "patrie de la corrida", a pourtant vu naître, ces dernières années, une forte controverse sur la nécessité d'interdire une pratique jugée relevant de la torture par un nombre croissant d'Espagnols, c'est-à-dire ... aussi de Catalans, de Basques, etc. Cette polémique a débordé largement le cadre espagnol : 

Le 28 juillet 2010, le Parlement régional de Catalogne en Espagne a voté l'interdiction de la corrida par 68 voix contre 55. À cette occasion, il a été affirmé que cette région était ainsi la deuxième d'Espagne à interdire la tauromachie après l'archipel des Canaries. Lorenzo Olarte Cullen, ancien président de la communauté autonome des Îles Canaries, en poste lors du vote de la loi régionale qui, prétendument, interdirait la corrida aux Canaries, s'inscrit en faux contre cette affirmation dans le quotidien El Mundo : aucune loi régionale ne prohibe spécifiquement la corrida. En revanche, la loi de protection animale du 30 avril 1991 des Canaries ne prévoit aucune dérogation en faveur des corridas, dont aucune n'a eu lieu depuis cette date.
Les tentatives pour généraliser cette interdiction provoquent des controverses tant en France qu'en Espagne et en Amérique latine. Elles ont parfois abouti à l'effet contraire en France où la corrida a été déclarée légale dans les régions du Sud, en Espagne où, en réplique à l'interdiction Catalane, la corrida a été déclarée par le parlement espagnol Bien d'intérêt culturel le 12 février 2013 par 180 voix pour, 40 contre et 107 abstentions. Mais aussi dans d'autres pays d'Amérique latine où les interdictions partielles en Équateur, totales au Panama, ont été conçues comme une menace dans d'autres pays du continent. Ce qui a amené les gouvernements à une protection de la corrida. Au Pérou, la corrida a été déclarée Bien de Interés Cultural par le Tribunal Constitutionnel le 9 mai 2011, elle fait partie des traditions historiques et du Patrimonio Cultural Inmaterial del Perú (patrimoine culturel immatériel du Pérou), ceci en dépit des fausses informations lancées par des sites anti-taurins. La Colombie a également adopté une mesure de protection de la corrida en interdisant aux maires des communes d'interdire la corrida, en dépit des fausses annonces anti taurines. (note Corrida de Wikipedia)

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Réglementation des corridas en France

En France, la seule réglementation existant à propos de la corrida l'interdit par principe et ne l'autorise que par exception. Aucune loi analogue à la loi Corcuera n’existe. Certaines associations réclament la création d’une « Fédération française de corrida » à l'image des fédérations sportives. Toute réglementation écrite ne peut donc qu’être d’origine municipale.

Durant longtemps, on a, en France, appliqué coutumièrement le règlement espagnol. En 1972, l'Union des villes taurines françaises (UVTF) a établi un règlement très largement inspiré du règlement espagnol et invité ses membres à le rendre obligatoire sur leur territoire, par arrêté municipal. Toutes ne l'ont pas fait, mais dans ces communes, ainsi que dans les communes taurines qui ne sont pas membres de l’UVTF, ce règlement est appliqué coutumièrement. On peut lire à peu près tous les livres en français consacrés à la corrida, ainsi que les revues taurines et les pages taurines des quotidiens régionaux : tous font référence à cette application.

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la loi du 2 juillet 1850 condamnant les sévices aux animaux, dite Loi Grammont, disposait de diverses interprétations quant à son application aux courses de taureaux. Les tribunaux et les préfets ont eu pendant longtemps des opinions diverses sur le sujet. Les organisateurs et les matadors n'étaient pas systématiquement poursuivis devant les tribunaux. Pendant cette période des corridas ont été organisées un peu partout en France, en dehors du bassin considéré comme historique du sud-ouest de la France (au Havre et à Roubaix par exemple).
Au début du XXe siècle, la Cour de cassation établit que la loi Grammont s'appliquait aux corridas. Cette jurisprudence fut cependant appliquée de façon hétérogène :

  • dans certaines zones, les interdictions préfectorales étaient systématiques, et suivies de poursuites le cas échéant ;
  • dans d’autres zones, les interdictions étaient exceptionnelles, et les contrevenants n'étaient pratiquement jamais poursuivis. Les peines prononcées étaient considérées comme symboliques.
Ces disparités ont amené la pratique de la corrida à se renforcer dans certaines régions françaises, et à disparaître dans d'autres.
En 1951, pour mettre fin à cette situation, le législateur a précisé la loi Grammont : « Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition ininterrompue peut être invoquée ». Cet alinéa a été complété en 1959, et la première phrase du septième alinéa de l'article 521-1 du Code pénal est maintenant rédigée comme suit : « Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ». La présence de la tradition et de son caractère tels que prévus par cet alinéa reste à l'appréciation des juges.
Depuis, plusieurs procès ont été intentés à des organisateurs de corridas, le premier au Grau-du-Roi (Gard). Les tribunaux ont jugé que le terme « local » renvoie à un « lieu », non à une circonscription administrative déterminée. Ils ont donc jugé que le « lieu » était un « ensemble démographique » ayant une communauté d’histoire, de coutumes, de mode de vie dont les limites ne coïncident pas avec des limites administratives. Toute commune se trouvant à l’intérieur de cet « ensemble démographique » peut donc se prévaloir de l’existence de la « tradition », quand bien même, sur son territoire, aucune corrida n’aurait jamais été organisée.
À Bordeaux et alentours, des corridas ont été organisées de manière régulière jusqu’en 1962. La vétusté des arènes bordelaises ayant contraint le préfet d’y interdire l’organisation de spectacles, il n’y eut donc plus de corridas en région bordelaise. En 1988, la ville de Floirac, limitrophe de Bordeaux a organisé des corridas. La cour d’appel de Bordeaux a jugé que la non-organisation de corridas pendant une durée aussi longue soit-elle, ne suffit pas à elle seule à « interrompre » la tradition, lorsque cette absence d’organisation est due à un fait extérieur.
Jusqu'en septembre 2012 la notion de « tradition interrompue » déterminée par cette jurisprudence était loin d'être claire selon Dimitri Mieussens le 4 août 2010 sur Rue89 La question a été éclaircie par la décision du Conseil constitutionnel du 21 septembre 2012. Jusque-là, seuls les tribunaux tranchaient au cas par cas, comme le montrent les arrêts de la cour d’appel de Toulouse et de la Cour de cassation, ainsi que la jurisprudence de Rieumes, qui avaient débouté les associations anti-corrida de leurs plaintes, respectivement en 2003, en 2006 et en 2007.
L'inscription par le Ministère de la culture de la tauromachie en janvier 2011 au patrimoine culturel immatériel de la France a provoqué des réactions procédurales de la part d'associations anti-taurines.
Le Comité Radicalement Anti-Corrida et l'association Droit des animaux ont saisi en septembre 2011 le tribunal administratif de Paris d'un recours en annulation contre la décision d'inscription de la corrida au patrimoine immatériel de la France. Dans le cadre de cette procédure, une question prioritaire de constitutionnalité visant à faire reconnaître l'anticonstitutionnalité de la première phrase du septième alinéa de l'article 521-1 du code pénal (« Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ») a été soulevée. Selon ces associations, cette phrase serait anticonstitutionnelle car le fait d’autoriser les courses de taureaux sur une partie seulement du territoire porterait atteinte au principe d’égalité devant la loi ; de plus la loi ne définit pas précisément le lieu où la corrida est licite, ni la notion de « tradition ». Selon les associations demanderesses, reconnaître l'anticonstitutionnalité de cette phrase aurait entraîné l'interdiction des courses de taureaux en France. Saisi par le Conseil d’État le 20 juin 2012, le Conseil constitutionnel a, le 21 septembre 2012, rendu une décision selon laquelle « La première phrase du septième alinéa de l'article 521-1 du code pénal est conforme à la Constitution ». Selon le Conseil constitutionnel, « le grief tiré de la méconnaissance du principe d'égalité doit être rejeté ; (…) la première phrase du septième alinéa de l'article 521-1 du code pénal (…) ne méconnaît aucun autre droit ou liberté que la Constitution garantit » ; d’autre part, « s'il appartient aux juridictions compétentes d'apprécier les situations de fait répondant à la tradition locale ininterrompue, cette notion, qui ne revêt pas un caractère équivoque, est suffisamment précise pour garantir contre le risque d'arbitraire. » Cette décision du Conseil constitutionnel rend caducs tous les commentaires reprochant à la loi un manque de clarté.

Tiré de la note Corrida de Wikipedia

Voir aussi sur le site Europe Solidaire Sans Frontières 




Biodiversité : La destruction des espèces par notre camarade Yves Dachy auquel on doit aussi
La biodiversité oubliée





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