Ça coince du côté du PS.
Un appel venu de la fédération des Pyrénées Atlantiques proclamant "Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins" a déjà recueilli plus de 4000 signatures de militants et sympathisants PS. Se réclamant de cet appel, des militants socialistes de Seine Saint Denis déclarent dans un communiqué de presse que "le projet présenté par le gouvernement Ayrault avalise la réforme Sarkozy de 2010". Ils dénoncent par ailleurs le fait que l'augmentation des cotisations serait compensé pour le patronat par "une diminution des cotisations familles. Les salariés seront donc appelés à refinancer les allocations
familiales. Cette mesure et cette promesse portent atteinte au pouvoir
d'achat des salariés et reviennent à accéder à la demande du patronat de
penser le travail uniquement comme un coût." Ils vont même jusqu'à affirmer que "Ce projet représente donc au total un exercice d'équilibriste dangereux" et à appeler les socialistes à descendre dans la rue le 10 septembre.
Dans le même temps, une vingtaine de députés PS annoncent, par la voix de Guillaume Balas, secrétaire du courant "Un monde d'avance" (Benoît Hamon), qu'en l'état ils "ne voteront pas pour la réforme des retraites".
Bien sûr, l'approche d'échéances électorales fait craindre à une partie de l'appareil PS une perte de voix sur la gauche. Bien sûr, il reste quelques militants sincèrement de gauche au Parti Socialiste qui ne pourront jamais peser sur l'évolution (ultra)libérale de leur parti. Bien sûr les revendications avancées ne sont pas à la hauteur des nécessités, puisqu'elles ne disent pas tout simplement : "retraite complète pour tous au plus tard à 60 ans, 37,5 annuités, 1600 euros net".
Mais ces réactions à l'intérieur du parti de François Hollande démontrent que la mobilisation pour réussir la journée du 10 septembre et ouvrir ainsi la voie à une lutte conséquente contre cette "réforme" en forme d'attaque contre le monde des salarié-es est un objectif réalisable.
Ci-dessous l'appel "Socialistes pour les retraites" et le communiqué des militants PS du 93.
npa 34
Communiqué de presse des signataires socialistes de Saint-Denis (93) sur le projet de loi du gouvernement portant sur les retraites
Nous, militant-e-s socialistes dionysien-ne-s, signataires de l'appel «
Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins » qui a recueilli
plusieurs milliers de signatures au sein du Parti Socialiste en quelques
semaines, affirmons que le projet de réforme des retraites proposé par
le gouvernement mardi 27 août 2013 n'est pas acceptable en l'état.
Certes, certaines mesures contenues dans ce projet constituent des
éléments de progrès, au service de la justice et de la lutte contre les
inégalités : prise en compte de la pénibilité pour tous les salariés,
des modes de calcul plus favorables pour les salariés à temps partiel
(souvent des femmes), des validations de trimestres pour les jeunes
entrant sur le marché du travail (pour les périodes d'alternance et
d'apprentissage). Des éléments de ce type n'ont jamais fait partie des
réformes engagées par la droite, à commencer par la réforme Sarkozy de
2010.
Cependant, d'une part, le projet présenté par le gouvernement Ayrault
avalise la réforme Sarkozy de 2010 qui a repoussé l'âge légal de départ à
la retraite de 60 à 62 ans et a allongé la durée de cotisation pour
prendre une retraite à taux plein. Sur ce plan, le projet gouvernemental
prolonge la réforme Sarkozy que le PS avait pourtant combattu au
Parlement et dans la rue. D'autre part, il propose un nouvel
allongement de la durée de cotisations (un trimestre tous les trois ans
de 2020 à 2035). Par là il envoie un message à la jeunesse lui disant
qu'elle n'aura plus de retraites dans le cadre d'un régime par
répartition. Cette mesure se traduira par une baisse du montant des
pensions pour ceux, et surtout celles, qui ne pourront atteindre le
nombre d'annuités requis.
Par ailleurs, le projet gouvernemental propose une augmentation des
cotisations sociales salariales et patronales mais le gouvernement a
promis au patronat de rembourser cette augmentation sous forme de
diminution des cotisations famille. Les salariés seront donc appelés à
refinancer les allocations familiales. Cette mesure et cette promesse
portent atteinte au pouvoir d'achat des salariés et reviennent à accéder
à la demande du patronat de penser le travail uniquement comme un coût.
Ce projet représente donc au total un exercice d' équilibriste
dangereux. C'est pourquoi nous appelons l'ensemble des socialistes à
agir, au parlement comme dans la rue, pour modifier ce projet, néfaste
en l'état pour les salariés. Nous les appelons à participer le plus
massivement possible à la manifestation syndicale du 10 septembre.
Teddy Ambroise, Philippe Brard, Carole Chotil-Rosa, Christophe Delgery, Cyril Gispert, Mathilde Lelièvre, Sébastien Linden, Marion Oderda, Françoise Perrot