Universités. La politique austéritaire du gouvernement casse le service public : l'exemple de l'université Paul-Valéry de Montpellier

Communiqué du NPA 34 
Nous publions le texte que la présidente de l'Université MONTPELLIER 3 a adressé aux étudiants et personnels de l'établissement à la suite du Conseil d'Administration qui s'est tenu aujourd'hui. Il résume parfaitement ce que signifie, au plus près des réalités vécues par les membres de la communauté universitaire, le choix de la gauche au gouvernement de s'inscrire en continuité totale avec la politique menée par le précédent gouvernement de droite sur le terrain de l'enseignement supérieur.
Déficit budgétaire, conséquence de l'autonomie des universités :
les
          mesures étudiées pour 2014 par
          le Conseil d'Administration. 
Fermeture
          du site universitaire Du
          Guesclin à Béziers à partir du 1er septembre 2014,
          mise en place de
          quotas pour les inscriptions en 1ère année de
          licence pour les
          bacheliers 2014, réduction des heures d'enseignements pour les
          formations à
          effectifs réduits, gel partiel ou total des recrutements
          d'enseignants et de
          personnels administratifs à la rentrée 2014 (75 postes),
          suppression des
          financements complémentaires pour le recrutement de doctorants
          contractuels,
          désengagement progressif de la formation continue et de la
          formation des
          étudiants étrangers, telles sont quelques-unes des mesures que
          le conseil
          d'administration a été obligé d'envisager aujourd'hui pour
          faire face à la
          crise financière dans laquelle deux gouvernements successifs
          ont placé
          l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 comme la plupart des
          universités
          françaises.
Depuis
        2008, l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 a réalisé un effort
        considérable
        pour remplir ses missions de service public avec des moyens de
        plus en plus
        limités. Aujourd'hui, la région Languedoc-Roussillon se place au
        3ème
        rang national pour le nombre d?enseignants-chercheurs dans des
        unités de
        recherche classées A ou A+ dans le domaine des Langues, Textes,
        Arts et Cultures.
        Le potentiel scientifique  de
l'Université
        Paul-Valéry en Archéologie et en Égyptologie est reconnu dans le
        monde entier. La fondation Hiérolexique qu'elle a créée a reçu
        un don d'1
        million d'euros pour réaliser le premier dictionnaire de
        hiéroglyphes depuis
        celui de Champollion. 
En
        formation également l'Université Paul-Valéry se place
        aujourd'hui parmi les
        meilleures universités françaises. Elle est, selon les
        « indicateurs de
        performances » du ministère, la première en attractivité pour la
        licence
        et elle se distingue dans la réussite de ses étudiants, en
        particulier des
        étudiants étrangers. Son antenne de Béziers a été jugée
        « exemplaire »
        par l'AERES et remplit une mission sociale et de développement
        du territoire
        dans un travail conjoint de l'Université et de l'agglomération
        de Béziers. 
Aujourd'hui,
          le conseil
          d'administration a cependant été obligé de constater que le
          désengagement de
          l'État et, dans une moindre mesure, de la région ne lui
          permettait plus de
          faire face à ses obligations financières. Le déficit
          budgétaire est structurel
          et il s'explique simplement. Sous
        prétexte
        « d'autonomie » des universités, l'État a transféré la charge
        des
        salaires des fonctionnaires aux universités sans leur transférer
        les crédits
        pour les payer. En 3 ans, l'université constate ainsi que ce
        sont près de 7
        millions d'euros de charges supplémentaires non compensées par
        l'État qu'elle a
        du prélever sur ses réserves. L'évolution du SMIC et des charges
        sociales, la
        défiscalisation des heures supplémentaires, la licence à 1500
        heures, toutes
        ces mesures décidées par l'État ont été payées par les
        universités ; sans
        parler du GVT (Glissement Vieillesse et Technicité) qui en deux
        ans a coûté
        près d'1,5M€ à l'Université.
Et
        le nouveau gouvernement n'a fait qu'aggraver la situation
        ajoutant aux
        réductions de crédits un mépris affiché pour les universités et
        le service
        public de l'enseignement supérieur, en particulier pour les
        universités LLASHS.
Le
        président François Hollande a bien promis de créer des postes et
        l'université a
        bénéficié de 13 postes mais il a repris de l'autre main
        l'argent qu'il donnait
         en créant une
        « contribution
        exceptionnelle au redressement des comptes publics » qu'il a
        prélevée sur
        les crédits des universités. Pour Paul-Valéry, 362.000 € gagnés
        grâce aux 13
        postes et 400.747 € prélevés pour redresser les finances
        publiques ; les
        promesses électorales se sont envolées.
L'Université
        a fait face et a réalisé plus de 3 millions d'économies sans
        prendre une seule
        mesure de dépense supplémentaire. Mais elle ne peut plus
        aujourd'hui assumer
        cette diminution croissante de ses moyens et cette augmentation
        mécanique et
        politique de ses charges.
Parce
        que nous voulons continuer à garantir la qualité des formations
        que nous
        offrons aux étudiants que nous accueillons, parce que nous
        voulons continuer à
        garantir le rayonnement international de notre établissement,
        parce que nous
        voulons continuer à nous situer au meilleur niveau de la
        recherche dans nos
        domaines d'excellence, le conseil d'administration est amené à
        faire des choix
        extrêmement douloureux pour garantir l'avenir de notre
        établissement. Pour
        redresser les comptes et supprimer le déficit structurel causé
        par le
        désengagement de l'État (3 M€ pour 2014), le conseil
        d'administration a donc
        demandé à la présidente de préparer un budget 2014 en intégrant
        les mesures
        d'économie suivantes :
-   Fermeture
        complète du site universitaire Du Guesclin à Béziers à la
        rentrée prochaine
        (septembre 2014). Les étudiants seront invités à poursuivre leur
        formation sur
        le site de Montpellier- Limitation des inscriptions 2014 en première année de licence dans les filières Arts du spectacle, Arts plastiques, Information - Communication, Psychologie, Administration économique et Sociale, voire d'autres filières sur leur demande. Les étudiants seront inscrits, selon la loi pour les formations à capacité d'accueil par tirage au sort dans la limite des places disponibles.
- Réduction des volumes d'enseignement dans les filières à petits effectifs, masters notamment.
- Diminution progressive du financement de la formation continue par l'université
- Diminution progressive du financement de la formation au français pour les étudiants étrangers par l'université
- Diminution des crédits pour l'accueil des professeurs et scientifiques étrangers
- Arrêt du financement par l'université des contrats doctoraux
- Gel total ou partiel pour la campagne d'emplois 2014
C'est
        avec beaucoup d'amertume que le conseil d'administration a été
        contraint
        d'envisager ces mesures qui vont à l'encontre de tout le travail
        accompli
        depuis des années et des missions de service public que
        l'université se doit de
        remplir. 
En
        voyant les longues files d?étudiants hors délai qui cherchent à
        s'inscrire
        aujourd'hui à l'université, en pensant à tous les jeunes encore
        plus nombreux
        qui l'année prochaine seront tirés au sort pour entrer dans nos
        formations ou
        qui ne pourront pas faire d'études supérieures à cause de la
        fermeture de notre
        site de Béziers, nous posons une question à l'Etat : est-ce
        vraiment ce
        que vous voulez pour l'université française vous qui vous vantez
        de faire de la
        Jeunesse une priorité ?
      
Anne Fraïsse 
Communiqué du NPA 34 
 La situation que connaît l'Université Paul-Valéry de Montpellier en cette rentrée est particulièrement significative d'une politique de gauche  reconduisant et accentuant même les réformes de la droite sarkozyenne en matière d'enseignement supérieur. Il s'agit bien, comme le démontre sans appel la présidente de Montpellier 3, d'asphyxier financièrement le service public universitaire afin de le contraindre à assumer, établissement par établissement, une politique de restriction des enseignements proposés aux étudiants, une précarisation accentuée des chercheurs, avec à la clé l'exclusion d'un grand nombre d'entre eux hors de la recherche, un alourdissement des conditions de travail des enseignants avec la modification induite de la nature de leur enseignement et de leur recherche, etc. Dans un contexte de paupérisation toujours plus élevée des étudiants les obligeant à travailler dans des conditions de surexploitation inadmissibles, à se loger dans des conditions souvent indignes, à réduire au minimum le recours aux soins, etc., les contraintes financières imposées aux universités démultiplient les mécanismes de sélection et de ségrégation dans les études par l'argent. 
C'est dans la poursuite d'une implacable contre-réforme universitaire que nous engage ce gouvernement : derrière le rideau de fumée idéologique de l'autonomie, est à l'oeuvre un terrible processus de démantèlement du service public par l'incitation à devenir lui-même le fossoyeur...autonome de ses idéaux. Le choix par le Conseil d'Administration de l'université Paul Valéry de pratiquer les aberrantes coupes sombres imposées par la politique du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, en fidèle relais des orientations gouvernementales, participe du hara kiri qu'il dénonce par la voix de la présidente de l'établissement et qui conduit inéluctablement les centres universitaires à passer sous la coupe des financements privés. 
La gestion de l'austérité, université par université, ne saurait bien évidemment pas être la réponse des étudiants et des personnels au défi posé : ceux-ci ne peuvent compter que sur leur action en organisant des AG d'explication de ce qui est en marche pour ouvrir sur une mobilisation qui, d'emblée, doit se donner pour objectif de faire reculer le gouvernement en l'obligeant à annuler les réformes de droite qu'il perpétue et aggrave. AG ouvrant sur le choix mûri du bon moment pour passer massivement aux grèves, manifestations, coordination, extension jusqu'à créer un mouvement d'ensemble enraciné dans les établissements...il n'y a pas à tergiverser. Ce gouvernement, calé sur l'option européenne de l'austérité contre les populations à laquelle il contribue pleinement avec les gouvernements de droite, l'a amplement montré face aux salariés en lutte : il ne cèdera pas sur sa volonté d'apporter des réponses capitalistes à la crise du capitalisme, dont l'université vérifie les terribles conséquences, par la seule magie de protestations isolées ou verbales aussi pertinemment formulées qu'elles soient, comme dans la lettre de la présidente de Paul-Valéry. Seul un "tous ensemble", démocratiquement organisé sur la durée, des étudiants et des personnels est susceptible de le faire reculer. L'heure est grave, c'est l'heure ! Le NPA 34 assure les étudiants et les personnels de sa totale détermination à appuyer leur engagement à passer à la lutte ! 
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