C’est pas les immigrés, c’est Valls qu’il faut virer !
par Olivier Besancenot
Mercredi 23 octobre 2013 Publié dans : Hebdo L'Anticapitaliste - 214 (24/10/2013)
Révoltant et inhumain
Valls dégage !
Olivier Besancenot
Heureusement,
la jeunesse est là. En faisant irruption sur la scène médiatique jeudi dernier,
le mouvement lycéen a redonné en quelques instants des couleurs à l’atmosphère
politique et sociale. Pas de quoi crier victoire bien sûr, d’autant plus que
Leonarda ou Khatchick ne sont toujours pas rentrés en France. Pourtant, quelque
chose a changé...
Ce sursaut de
dignité a déjà gagné par son insolence qui constitue un pied de nez magistral
au climat ambiant nauséabond dans lequel l’ensemble de la société semblait
s’enfoncer inéluctablement. Un mouvement lycéen sous « la gauche » n’arrive
déjà pas si fréquemment, mais une mobilisation de cette nature contre la
politique du gouvernement en matière d’ « intégration », c’est du
jamais vu. Et c’est en premier lieu à Manuel Valls que nous devons ce registre
inédit.
La rue reprend
ses droits
Le ministre de
l’Intérieur n’aura pas mis quelques semaines pour passer du discours aux
travaux pratiques sur le « dossier » Roms. Mais
une famille expulsée vers le Kosovo parmi tant d’autres sort de l’ombre car une
des filles, Leonarda, absente le soir de l’expulsion des siens, se fait arrêter
le lendemain dans la cadre d’une sortie scolaire. La petite goutte d’eau qui
fait déborder le vase. L’émotion, la colère et chacun de découvrir d’autres « Leonarda ». À Paris, le
cas du jeune Arménien Khatchik mobilise lui aussi ses camarades.
Et voilà des
milliers de jeunes qui battent le pavé. Un pavé qui résonnait si peu ces
derniers temps. Des milliers de visages, de voix, de slogans, de témoignages,
qui tournent en boucle sur nos écrans, jusqu’alors réservés aux discours
sécuritaires et autres reportages stigmatisants. Voilà au journal de 20 heure
le droit à l’éducation pour tous, le droit d’asile, l’égalité des droits, et la
démission de Valls réclamée par la rue... Autant de paroles subversives qui
révèlent une fronde plus globale, celle d’une jeunesse qui ne met pas genoux à
terre contre le racisme et qui conteste l’extrême-droitisation de la société.
La plus belle réponse à l’air du temps.
Révoltant et inhumain
C’est l’amorce
explosive d’une résistance qui reste à construire. Au mouvement ouvrier, aux
organisations étudiantes, antiracistes, et à la gauche non gouvernementale de
la consolider et de l’élargir au plus vite. Car le gouvernement ne désarme pas
et s’enferre dorénavant dans un positionnement qui n’a rien à envier à
Hortefeux ou Guéant. Après avoir transpiré quelques gouttes de sueur et de
stress sous le soleil des Antilles, Valls est revenu, adoubé par Hollande.
Car, en ne
proposant que le seul retour de Leonarda en France, Hollande a pris une
position aussi révoltante qu’inhumaine. D’abord à l’encontre du droit
international concernant le droit pour les migrants de vivre en famille. Mais
il a aussi fait le choix de remettre en cause, cette fois ci officiellement, le
droit à l’éducation pour tous les enfants scolarisés, avec ou sans papiers. Il
ratifie et cautionne l’expulsion des frères et sœurs de Leonarda pourtant
scolarisés en France eux aussi. Qu’y a-t-il d’humain à demander à Leonarda de
choisir entre sa famille et ses camarades de classe ?
Valls dégage !
Valls pourra
s’enorgueillir d’être conforté dans sa course poursuite indécente avec l’UMP,
qui, elle, ne sait plus quoi inventer pour coller au FN. Et dire que certains
médias ont soupçonné un temps le locataire de la place Beauvau de partir en
croisade contre le FN. Information rapidement démentie par l’intéressé. Pour
une fois, on veut bien le croire car ce type de croisade nécessite du cran et
du courage. Dépourvu de ces deux qualités, Valls préfère s’en prendre en
conscience à la communauté dont il sait par avance qu’elle sera la moins
défendue parmi les moins défendues : la communauté Rom.
Ce ne sont pas
les Roms qui bousillent la vie quotidienne de millions de personnes, mais de
fortunés capitalistes qui siègent dans les conseils d’administration de grandes
banques ou de profitables groupes industriels et prennent la décision de
licencier des centaines de milliers de travailleurs comme des kleenex afin
d’augmenter leur retour sur investissement et autres dividendes. Ceux là sont
bichonnés par le pouvoir... Les Roms, eux, harcelés et pointés du doigt.
Cherchez l’erreur !
Composé de
toutes celles et ceux qui s’entêtent à y rester, ce gouvernement est désormais
frappé du sceau de la honte. Les lycéens nous montrent la marche à suivre.
C’est bien Valls et sa politique qu’il faut virer !
Olivier Besancenot
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«Les lois sarkozystes sont toujours appliquées, mais par un
gouvernement qui se dit de gauche, par des gens qui les critiquaient il y a quelques
années».
NPA 34, NPA