Le prix à payer pour une politique d'austérité
Pour que leurs enfants puissent manger à la cantine, quelques parents du
collège Camille-Claudel de Montpellier, ont pique-niqué hier midi
devant l'établissement. Depuis le 23 septembre, faute de place, la
principale a dû refuser une centaine d'élèves. Si elle a choisi les plus
âgés et ceux qui habitent le plus près du collège, d'autres plus jeunes
sont également livrés à eux-mêmes pendant la pause méridienne. Le
Conseil général a accepté "provisoirement" de transporter les élèves en
surnombre au collège voisin Las Cazes, mais uniquement le lundi. Les
parents demandent une décision pérenne. npa34
(lamarseillaise.fr)
Le pique-nique devant les portes du collège. Photo David Maugendre |
Devant le collège Camille-Claudel, des parents mécontents
ont
organisé un pique-nique symbolique lundi 30 septembre.
En cause, la
sectorisation.
Midi au collège Camille Claudel. Les "grands" de troisième sortent. "On
s'est fait virer" commentent Raphaël et ses copains Mathias et Medhi.
Certains vont rentrer chez eux, d'autres filent au kebab. "On se
débrouille" ajoute Jonathan, pas si mécontent. Ce qui n'est pas le cas
des parents qui commencent à installer leur pique-nique symbolique car
ils n'apprécient pas que leurs enfants soient lâchés dans la nature. "Il
n'y a même pas de toilettes aux alentours", fait remarquer une maman
qui regrette que la réglementation empêche les élèves d'apporter leur
casse-croûte à l'intérieur du collège.
Car d'autres plus petits peinent à l'heure du repas. C'est le cas de
Slimane, en 6e, qui habite à 25 minutes de là dans le quartier des
Cévennes. "Je n'ai que dix minutes pour manger" dit-il.
C'est le lundi que le nombre d'élèves inscrits à la cantine pose le plus
de problèmes. 55 doivent être refusés et pas toujours ceux qui habitent
le plus près. C'est pourquoi les parents d'élèves ont obtenu du Conseil
général, qu'au moins ce jour-là, mais seulement pour cette année, les
élèves soient transportés en car à la cantine du collège Las Cazes
voisin.
Coupable : la carte scolaire
C'est d'ailleurs ce qui mécontente les parents : qu'à deux pas de là une
cantine soit en sous-effectif avec, souligne Boris Bellanger, le
président du conseil local FCPE, " 25 demi-pensionnaires ". " La cantine
de C. Claudel a d'abord refusé le personnel enseignant et maintenant
les élèves ", dénonce-t-il en estimant que cette situation " aurait pu
être évitée si l'inscription de 32 élèves supplémentaires n'avait pas
été acceptée cette année dans un collège déjà saturé."
Alors, à qui la faute ? L'Inspection académique indique que la
sectorisation (ce qu'on appelle généralement la carte scolaire) est une
compétence du Conseil général. Ce que confirme le directeur de
l'Éducation au Département, Guilhem Reboul, qui ajoute cependant que
c'est l'Éducation nationale qui accepte les dérogations dont il ne nie
pas que certaines soient légitimes.
En réalité, c'est bien l'assouplissement de la sectorisation décidée par
l'État en 2007 qui est responsable du déséquilibre entre collèges
voisins. Reste qu'on ne peut rien changer en cours d'année. Le Conseil
général a missionné deux personnes pour essayer " d'optimiser " la
cantine mais l'amélioration ne pourra se faire qu'à la marge, faute de
pouvoir agrandir le bâtiment sans empiéter sur la cour ou la salle de
sport. " Il faudrait baisser l'an prochain les effectifs de 30 ou 40 ",
estime G. Reboul, qui compte travailler sur le sujet " dans la meilleure
entente avec les partenaires ". " Et rendre plus attrayant Las Cazes,
comme cela a été fait au lycée Jules Guesde ", estime Boris Bellanger.
Annie Menras