Les années 1930 reviennent et la gauche est dans le brouillard
L’ouvrage de référence pour bâtir la problématique générale de ce cours en trois volets est le livre de Pierre Bourdieu, L’ontologie politique de Martin Heidegger (Paris, Minuit, 1988), et plus particulièrement son chapitre 1. Bourdieu s’y intéresse à l’émergence de ce qu’il appelle « une humeur idéologique » dite « révolutionnaire conservatrice » dans l’Allemagne de Weimar, entre 1918 et 1933. Une de mes hypothèses principales explore dans la France d’aujourd’hui des logiques analogues à celles analysées par Bourdieu. Ainsi une humeur néoconservatrice à tonalités xénophobes-sexistes-homophobes-nationalistes se consoliderait aujourd’hui dans les espaces publics. Cette humeur idéologique néoconservatrice pourrait être le terreau intellectuel facilitant le développement et la consolidation d’un « postfascisme », notamment sous la forme partisane du FN. Si je parle de « postfascisme », en référence à une notion avancée par le géographe libertaire Philippe Pelletier, c’est pour pointer des analogies, mais pas une identité, entre les années 1930 et la situation actuelle. L’émergence de ce néoconservatisme est à mettre en rapport avec le brouillard intellectuel, éthique et politique qui règne largement au sein des gauches aujourd’hui (et que j’ai analysé dans mon livre La gauche est-elle en état de mort cérébrale ?, Paris, Textuel, collection « Petite Encyclopédie Critique », 2012 ; voir sur une présentation sur Mediapart).
Illustration NPA 34. Source ici
A lire aussi
Notre dossier Extrême droite
NPA 34, NPA