"Dans les camps, on était solidaires. On n'avait rien, mais on était
solidaires. Des institutrices espagnoles nous faisaient la classe. Avec
pas grand-chose : un morceau de craie, un bout de papier. Ce n'était
pas tant pour enseigner. Surtout pour montrer que la vie continuait".
"Mon enfance s'est terminée le 31 janvier 1939". Ainsi s'achève le texte écrit l'an dernier, à l'occasion d'un atelier de la mémoire, par Louise Serra. Ou plutôt Louisette, Lluiseta. On l'a toujours appelée ainsi, pour la différencier de sa mère, Lluisa. Mais ce 31 janvier 1939, la petite fille a tout perdu de son insouciance, à part peut-être ce diminutif.
La phrase
"Au camp il y avait une résistance. On n'était pas des moutons. Il y avait une solidarité. On n'était pas des bêtes mais des êtres humains"."Nous étions à Port-Bou, hébergés par des personnes que nous avions accueillies nous-mêmes, dans notre village de Ulldecona, au-delà de l'embouchure de l'Ebre. Le 31 janvier, on a su que la frontière allait être ouverte pour laisser passer les femmes, enfants, personnes âgées ou malades. Nous sommes montées jusqu'au col. A midi, les gendarmes nous ont dit que l'on pouvait passer. Quelques heures plus tard, ils ont refermé".
NPA 34, NPA