LE JOUR OÙ PHILIPPE POUTOU REMPLIRA LE
ZÉNITH.
Ce jour-là, la première chose qui me viendra à l'esprit, c'est que la
souscription aura bien marché, parce que, rien que pour la location
avec les vigiles et tout le bazar, bonjour les tunes.
Ou alors, c'est qu'on l'aura pris d'assaut comme un quelconque Palais
d'Hiver. Mais là, on n'aura pas besoin de Philippe pour remplir les
travées. D'autant que, lui, il aura sûrement mieux à faire dans son
usine occupée que de venir faire du tourisme à Montpellier.
Admettons qu'on ait les moyens et l'envie de se la jouer Johnny
Halliday. Ça aurait de la gueule (regardez la photo!...). On nous
prendrait enfin au sérieux, la presse viendrait reprendre en coeur les
derniers couplets de l'Internationale avant de demander des nouvelles
de Jean-Luc Mélenchon ("
... au fait,
qu'est-ce qu'il devient ?").
Ce jour-là, en écoutant mon leader charismatique enflammer la foule des
6300 personnes présentes selon la police et la capacité de la salle,
mais beaucoup plus selon nous, je me demanderai ce que je fous là. Moi,
la foule, je l'aime en mouvement, chaleureuse, autonome, fière de sa
force collective, capable de faire reculer les flics, le gouvernement
et les patrons. À part pour les enterrements, je ne vais pas à la
messe, même pour voir les fidèles acclamer le curé.
Ah ! Si ça bouge un peu partout, avec des grèves, des manifs, si
l'ambiance monte, un bon meeting pour dynamiser tout ça, je dis pas.
Mais là, à froid, un coup de communication pour faire croire qu'on est
forts... je doute. Parce que forts, on ne l'est vraiment que par la
puissance collective des mobilisations.
Pourquoi je vous dis tout ça ? Quel rapport avec l'actualité ?
Je ne sais pas d'où me vient cette mauvaise humeur.
Notez bien, j'ai ma petite idée...
D'ailleurs, sauf
pour le concert des 95 ans de Johnny, il vaut mieux que j'arrête de
fréquenter le Zénith.