L'attitude envers les Roms, implacable révélateur de sinistres reclassements idéologiques et politiques...
Il faut cesser de croire qu’électeurs et élus de la majorité
gouvernementale, sous prétexte qu’il leur arrive encore de se dire de
gauche, seraient à l’abri de la romaphobie
17 mars 2014
Place de la République, à Paris, des Roms se plaignaient depuis des mois d’agressions répétées ; on parlait même d’«attaques à l’acide». Sur les trottoirs, leurs matelas portaient des traces noires de corrosion, et Mediapart, en rendant publique l’affaire, a montré la photo d’un bras avec des taches de brûlures. Le 16 janvier 2014, des associatifs étaient présents : après le dépôt d’une plainte, un homme allait être rapidement arrêté.
Il est vrai qu’il conteste «toute agression» : selon son avocat, interviewé sur France Info, il s’en serait seulement «pris à un environnement» pour «nettoyer devant la porte de chez lui avec de l’eau de Javel et du savon noir». La justice doit trancher le 7 avril. Mais entendons l’argument : cet homme est un «riverain». Or, on nous l’explique à longueur d’articles depuis des années, ceux-ci sont exaspérés par la présence des Roms : rien d’étonnant à ce qu’un homme excédé cède à la colère !
En revanche, il est des éléments moins attendus : l’homme, passé par Sciences-Po et HEC, «a été encarté au PS» ; il aurait travaillé «un temps dans les services de Matignon». Pour son avocat, il s’agirait donc d’un «technocrate de gauche». Un «kiosquier voisin» confirme le diagnostic : il «connaît l’habitant visé»(sic),«un "gentil" bobo». En effet, «il a les cheveux un peu longs, frisés, c’est l’antithèse de l’image qu’on se fait d’un mec du FN, ou d’un facho quelconque. C’est un mec qui fait même plutôt gentil» ; mais ces Roumains «étaient devant une poubelle, ça le gênait ! C’est vrai qu’il était assez virulent, ça m’avait étonné».
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