Sous la triple égide de Frêche, Valls et Hollande
Parmi les premiers mots du vainqueur de ce soir se détache ceci : "Merci à Mandroux et à Georges Freche qui m'a donné ma chance " (Midi Libre).
Passons sur l'hommage à la première qui, tout en rappelant que notre homme en fut un adjoint zélé à l'urbanisme (bel état de sévice aurait pu dire Coluche !) et à la culture (hum!), participe du petit jeu bien en cour au PS, même quand on en a été exclu, "si tu es l'ennemi de mon ennemi (Moure), c'est que tu es mon ami". Et puis Mandroux, n'est-ce pas, dans la rudesse des rivalités entre "amis", ne pèse plus lourd et cela fait plutôt beau geste "humain" de vainqueur de relever la femme à terre... qui de toute façon, c'est l'essentiel, a été dégagée du fauteuil visé. Non, l'important c'est l'hommage du nouveau maire à Frêche car c'est là qu'on le tient le lourd, le très lourd, on s'en serait douté. En effet "Peu de temps avant sa disparition, Georges Frêche expliquait : "pour les municipales, je n'exclus rien a priori. Si je ne repars pas moi-même à la conquête de l'hôtel de ville, je soutiendrai vraisemblablement Philippe Saurel. Il sera élu maire et moi conseiller municipal, ce qui me permettra de conserver la présidence de la communauté d'agglomération" (citation tirée de Frêche, l'héritage sans partage, de Dominique Porté, éd Cairn).
Alors la revendication immédiate, par le nouvel élu à la tête de Montpellier, de Big Georges a du sens que seuls une flopée de grands naïfs, en particulier dans le Front de Gauche, ne veulent (ne peuvent ?) pas voir, tout attachés qu'ils sont à croire sur parole; dans une ville dont justement l'empreinte laissée profondément par celui qui a les honneurs sauréliens du soir est celle d'une dévaluation radicale de la parole politique : ce que l'on peut résumer par ce qui dit au fond l'essence du social-libéralisme (seulement mâtiné, chez un Frêche, d'un côté populiste grande gueule pittoresque à faire se pâmer les journaleux de la capitale) à savoir la revendication d'un être de gauche pour signifier un être irrévocablement de droite ! Ce qui, appelé parfois duplicité, est un point aveugle d'Ensemble et du PC, il faut bien les nommer, est pourtant le point cardinal de l'orientation d'un homme qui a raison, qui doit avoir toutes les raisons du monde, de placer sa victoire du jour (ce soir) sous l'égide de celui qui a fait (et l'héritier y a mis du sien) de Montpellier ce machin à satisfaire le bobo aux dépens du populo. Ceci posé, bien sûr, on peut toujours ne vouloir voir que les belles promesses sur la régie de l'eau (qu'évidemment il pourrait bien honorer), sur le tram pas à Montcalm, etc. Etat de grâce oblige... Et puis ? Déjà sur la Métropole, cela se brouille... Gros grain à l'horizon...
Et puis il y a aussi, pour finir de faire le tour des identifiants de celui qui aura réussi à dire un peu tout et son contraire, souvent sur le mode "langue du plus beau bois", comme ce soir le splendide "Je vais vous faire une confidence. Je n'ai qu'un seul parti : Montpellier !", ... le rapport à Hollande et surtout à Valls. Qui sont bien d'un autre parti ! Car Saurel, ce hors-parti viscéral autoproclamé, il faut s'en convaincre, il nous vend du nouveau comme du neuf alors qu'il bricole avec du vieux assez ranci, du social-libéralisme lesté d'une longue et pas râgoutante histoire de reniements de ce qui restait des grandes "valeurs" de gauche. Ainsi convient-il de se souvenir que notre Philippe soutint Valls contre Hollande (et quelques autres) lors de la primaire préprésidentielle avant, et ça, ça vous classe un homme (une femme aussi le cas échéant), de soutenir Hollande... avec Valls toujours, à la vie à la mort. C'est du socialisme, on vous le dit. Et, il le dit d'ailleurs lui-même (mais c'était en 2011, depuis il a mis en sourdine, l'homme est madré), c'est en tant que "représentant et porte-parole de F Hollande sur la ville de Montpellier" que, déjà, il était allé faire la nique en distribuant des tracts de campagne au nez et à la barbe d'un Jean-Pierre Moure qui se croyait le "premier hollandais" de la ville (c'est rapporté dans l'ouvrage sus-cité de Dominique Porté). Eh oui, notre fringant tout nouveau-tout neuf maire que d'aucuns, très à gauche, voient aussi à gauche au point qu'ils auraient pu rallier son panache blanc au second tour, était l'homme de Hollande (on n'a pas entendu qu'il ne le soit plus, en fait, allez savoir pourquoi, on ne l'entend plus sur le sujet !).
En tout cas il est toujours un proche (mais là aussi quelle discrétion pendant cette campagne) de celui qui, depuis le Ministère de l'Intérieur, passe son temps à expédier à l'extérieur de notre beau pays ces Roms décidément, comme il dit, trop inassimilables... Et on ne vous parle pas des sans-papiers ni de ce qu'il pense et dit des musulmans. Retenons seulement que c'est l'ami, mais vraiment ce qu'on appelle l'ami (il a fait des pieds et des mains auprès de Moure pour lui faire céder la tête d'une liste fusionnée à son pote montpelliérain !).
On vous en a assez dit pour ce soir. A chacun de se déterminer en sachant qu'il y a toujours moyen, quand on ne veut pas être à cheval (sur les principes), parce que ça fait ringard et qu'après tout il faut faire confiance, blabla, de faire la bête, par exemple l'autruche et donc de prendre Philippe Saurel, maire de Montpellier, pour un homme de gauche... Comme Hollande, Valls mais aussi, ne le laissons pas dans l'ombre, ... Moure ! Bonne nuit. Demain c'est, à n'en pas douter, une aube radieuse qui saluera l'avènement d'une nouvelle ère pour Montpellier... alors que le reste du pays se réveillera, morne plaine, sur les décombres politiques de la Hollandie, de la vallsitude (pas moyen de décliner Ayrault, au demeurant question décliner... Mais n'en faisons pas notre tête de Turc alors que Valls, tout à ses obsessions sécuritaires mais aussi à ses ambitions primoministérielles pourrait lui faire un mauvais sort).
Question subsidiaire : si par le plus grand des hasards Valls migrait à Matignon, ne serait-il pas tenté de venir faire quelque bonne pioche ministérielle (ou type chef de cabinet, etc.) du côté de Montpellier ? Pour infléchir la vocation irrévocablement proclamée d'un destin ancré local (1) ? Mais au fond cela change-t-il quelque chose ... au problème ?
Antoine
(1) "Social-démocrate résolu, au pragmatisme consommé, rien d'étonnant qu'après sa rencontre avec Manuel Valls, les deux hommes se soient rapprochés. Des vues communes aux soutiens réciproques, aujourd'hui Philippe Saurel compte bien bénéficier de celui qui, non seulement occupe un poste clé au gouvernement, mais encore jouit d'une cote de popularité élevée" (op. cit. ).
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Le PC et
Ensemble ont, tous deux, envisagé faisable une fusion avec Saurel sans
prendre en compte que ce personnage incarne tout ce que l'héritage
frêchiste qu'il porte pleinement est capable de concéder pour gagner une
élection. Ils se sont ainsi exposés au ridicule de croire qu'en
effaçant, en vain au demeurant,
de la liste de ce personnage opportuniste charriant une longue histoire
de bon gestionnaire social-libéral de la ville, le nom de ses
colistiers de droite et d'extrême droite (si, si !), on effacerait ce
que la volonté de les y mettre avait signifié et signifie, sans retour,
structurellement, de profondément ancré ... à droite.
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