... en soutien à la Palestine !
L’identité du peuple juif pendant les siècles de diaspora ne s’est pas maintenue en vertu d’une mission ou d’une essence métaphysique, mais d’une fonction sociale : celle d’un peuple-classe remplissant globalement une fonction marchande dans des sociétés principalement productrices de valeurs d’usage.
En vertu de quoi, les juifs ont
constitué une sorte de caste, jouant le rôle « d’intermédiaires indispensables d’une économie naturelle [1] ».
Qui dit « caste » dans une société précapitaliste, ne dit pas simple
agrégat d’individus à fonction similaire. Ceux qui ne voient pas de
culture commune à ces communautés disséminées aux quatre vents ferment
les yeux sur le lien culturel le plus voyant : la religion. Non pas la
religion d’une société capitaliste développée, devenue une question
privée de croyance ou de foi, une sorte de morale domestique, mais la
religion dans la fonction qu’elle accomplit dans toute société
précapitaliste : ciment directement politique, idéologique, et juridique
d’une société. Plus que toute autre, la loi mosaïque est une politique
autant qu’une morale. […]
L’État d’Israël n’est pas un État comme un autre, mais un État à
structure coloniale, fondé d’emblée sur les campagnes pour le « travail
juif » sur les kibboutz qui refoulent le fellah, sur l’apartheid
économique et sur un syndicalisme réservé aux juifs (au moins de 1920 à
1967) [21]. Ce n’est pas par hasard que cet État a été proclamé à sa fondation « État juif dans le pays d’Israël »,
et qu’il garde un caractère confessionnel ; pas par hasard, si la
discrimination raciale est codifiée par la loi du retour de 1950 et la
loi de nationalité de 1952. Cet État est l’aboutissement logique du
projet sioniste de Moise Hess qui, dès l’origine du sionisme, concevait
le retour des juifs en Palestine dans les fourgons des expéditions
colonialistes françaises. Il naît de l’expropriation du peuple
palestinien et au prix de la formation d’une nouvelle « nation sans
territoire » : les Palestiniens. Ce n’est pas le moindre paradoxe.
La nationalité hébraïque en Palestine est aujourd’hui en situation d’oppresseur, aux dépens des Palestiniens. Le nationalisme de l’opprimé et de l’oppresseur ne peut être mis sur un même plan, pas plus que la violence des uns et des autres. Le terrorisme sioniste est un terrorisme d’État, qui dispose d’une armée régulière, d’une police, des services secrets d’un État bourgeois soutenu par l’impérialisme. Cliquer ici
La nationalité hébraïque en Palestine est aujourd’hui en situation d’oppresseur, aux dépens des Palestiniens. Le nationalisme de l’opprimé et de l’oppresseur ne peut être mis sur un même plan, pas plus que la violence des uns et des autres. Le terrorisme sioniste est un terrorisme d’État, qui dispose d’une armée régulière, d’une police, des services secrets d’un État bourgeois soutenu par l’impérialisme. Cliquer ici
Dossier Daniel Bensaïd et Israël-Palestine
1993, accords d’Oslo, « Une possibilité de débloquer une situation sans issue"
A lire aussi
Éric Hazan :
Tu es né à Strasbourg en 1949 et tu es arrivé en Israël en 1965. Tu as
été, me semble-t-il, un membre fondateur du mouvement Matzpen…
Michel Warschawski :
Non, pas fondateur : Matzpen [la Boussole] a été créé en 1962 et j’y
suis entré en 1968. C’était un mouvement qu’il faut replacer dans le
grand processus de rupture avec les partis communistes au début des
années 1960, rupture qui a donné naissance dans de nombreux pays à des
partis maoïstes, trotskistes, etc. Chez nous, la rupture de 1962 s’est
faite autour de trois axes. Le premier était le conflit sino-soviétique –
il ne s’agissait pas de prendre parti, mais nous voulions savoir ce qui
se passait là-bas, ce qui débouchait sur la liberté d’expression dans
le parti.
Le second, c’était la révolution cubaine,
qui offrait une perspective socialiste différente a la fois de l’URSS
et de la Chine populaire. Et le troisième, le plus important, était une
relecture de la guerre de 1948.Pour le parti communiste israélien,
c’était une guerre de libération nationale. L’Union soviétique et ses
satellites avaient soutenu Israël dans cette guerre, l’avaient armé.
Matzpen, lui, se repositionnait sur cette question avec la notion de
colonisation, d’Israël comme État colonial.
Quand
j’ai rejoint Matzpen, il était avant tout identifié à la lutte contre
l’occupation. Ce groupuscule a été à la une de tous les journaux pendant
deux ans. On ne parlait que de Matzpen, car c’était la seule dissonance
dans le discours complètement consensuel de l’époque : Israël a été
attaqué, le monde arabe veut nous jeter à la mer, etc. Nous étions les
seuls à parler de la question palestinienne. Nous faisions preuve d’un
activisme débridé, au point qu’en 1970, l’ambassadeur d’Israël en
Allemagne de l’Ouest, face aux étudiants qui refusaient de le laisser
parler si la discussion n’était pas équilibrée par quelqu’un de Matzpen,
a dit : « Mais c’est quoi, Matzpen, 10 000 personnes tout au plus ! »
On était quarante… L'entrevue intégrale
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