On est devant une version très dégradée de la manière dont François Mitterrand avait utilisé le Front national dans les années quatre-vingt
[A lire ci-dessous A notre avis]
Si l'argument employé en Italie par Manuel Valls semble
avoir une part de vérité électorale, le Front national reste un parti
isolé, en manque de cadres et potentiellement divisé.
Communicant chevronné, Manuel Valls s’emploie à son tour à mobiliser à
son profit les peurs de Français effectivement en proie à de multiples
appréhensions. Il l’avait fait, à plusieurs reprises, sur les
thématiques sécuritaires. Le voici qui s’avance désormais sur ce terrain
glissant en matière politique. Après avoir gravement averti que la
gauche pouvait «mourir», le Premier ministre vient d’oser une très surprenante déclaration à la Festa de l'Unita à Bologne, en Italie: «En France, l’extrême droite et Marine Le Pen sont aux portes du pouvoir!»
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A notre avis
Voici un extrait de ce que nous écrivions, à la suite des dernières élections européennes, dans l'article titré Européennes : le trompe-l'oeil de la victoire écrasante du FN ! Donnons-nous Le Pen de lire correctement les résultats ! (voir ci-dessous l'intégralité de ce texte) :
Il est
décisif de ne pas céder à la panique du "un Français sur quatre vote FN"
car la panique, c'est connu, est mauvaise conseillère : si le vote FN
est étroitement corrélé à la baisse des autres partis (y compris à la
baisse ou à la stagnation des partis à la gauche du PS), si donc on veut bien regarder que
le centre de gravité politique du moment est, plus que le FN "qui n'a
fait que perdre moins d'électeurs que les autres", l'abstention (et les
votes nuls), c'est toute une perspective d'action qui, contre les jeux
de masques médiatico-politiques tétanisant sur ce parti, peut apparaître
à l'ordre du jour. Celle qui refuse d'entrer dans le jeu politique balisé
par les partis fourriers du FN, le PS et l'UMP pour l'essentiel. Celle
qui, message adressé en priorité aux partis du Front de Gauche, devrait
s'éloigner absolument de tout positionnement de proximité avec le parti
qui gouverne, au nom de la gauche, pour le compte (!) du patronat,
contre la population. Laquelle population - déroulons la chaîne des
séquences obligées - n'a d'autre moyen que de s'abstenir (ou de se
tourner, marginalement, oui, encore marginalement, il faut le dire si
l'on est respectueux du chiffre des inscrits, vers le FN) pour ... exprimer
son désarroi, son scepticisme, sa colère, etc. Car l'abstention,
sortons des pesanteurs de l'idéologie du système, exprime, est
expression ! Une expression par une mise de soi hors jeu qui,
contrairement à ce qui prévaut au foot ou au rugby, disqualifie celui
qui règle le jeu ! Précisons : un hors jeu qui disqualifie aussi ce
qu'en d'autres temps certains nommaient "crétinisme parlementaire" et
qu'aujourd'hui nous pourrions méchamment appeler "crétinisme
électoraliste", ce biais de la pensée de gauche dominante (pas qu'au PS)
qui la fait rester polarisée par le simulacre (le cirque ?) toujours
plus marqué que sont devenues les élections : comme l'atteste que la
dynamique mélenchonienne de la prise de la prise de la Bastille en 2012
ait succombé devant des jeux d'appareils internes au Front de Gauche,
tous inscrits, malgré les divergences entre partenaires, dans des
problématiques institutionnelles (s'allier avec le PS ou avec la gauche
du PS ou avec les faux indépendants d'EELV). Le tout dans l'impuissance,
par marginalisation totale, des anticapitalistes d'Ensemble. Avec
toujours les élections réellement existantes (inexistantes
démocratiquement parlant) en point de mire stratégique... Par là on ne
peut que constater que la victoire du FN à ces Européennes, replacées
comme une victoire par défaut, est, paradoxe pour un parti qui se veut
antisystème, une victoire dudit système : celui d'une démocratie qui a
perdu ses électeurs et s'en accommode. Dans ce cadre, auquel la gauche
de gauche électoraliste apporte par ses "atermoiements" sa pierre, on ne
doit pas sous-estimer le danger que représente Le Pen et sa bande pour
la population : pas celui du "fascisme" à l'hitlérienne, soyons sérieux,
mais celui d'une capacité à s'approprier, probablement par une
recomposition en leur faveur de la droite dite républicaine (Bygmalion
pain bénit ?), les mécanismes de cette démocratie sans beaucoup
d'électeurs pour poursuivre à leur façon, en accentuant les
discriminations anti-immigré-e-s et la diabolisation "laïque" de
l'islam en particulier (ayons une pensée pour Valls...), le ciblage
antipopulaire organisé par les "démocrates" qui les auraient précédés !
Ne pas majorer le poids réel du FN, ne
pas se laisser embarquer par les à-peu-près médiatiques sur les
résultats électoraux, ce n'est pas amoindrir le nécessaire combat à
mener contre ce parti. Cela sert à situer l'angle d'attaque qui ne peut
qu'être, à ce niveau de défaite de la démocratie, extérieur aux balises
électorales : l'heure est bien à se retrousser les manches pour mettre à
nouveau en selle un mouvement social qui peine à se remettre de la
défaite de 2010
et qui a, jusqu'ici, laissé se développer l'illusion que par les urnes
(syndrome bouillant mélenchonien, syndrome tiédasse Hollande) "on y
arriverait" ! La démonstration est faite qu'il n'en est rien ... C'est
le FN qui est arrivé... Nous devons nous convaincre que nous avons les
moyens de l'envoyer dans les cordes par un décentrement-recentrage
politique vers le social d'où nous pouvons aider à l'émergence de
réponses alternatives au capitalisme et à ce que l'abstention dévoile
être une démocratie délestée de son demos. Mais commençons par ne pas leur faire le cadeau d'une interprétation hasardeuse des chiffres de leur "victoire" !
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Billet intéressant mais si l'on retient que son point de vue "idéologique" est celui du "bon fonctionnement d'une démocratie sociale moderne. Formalisme
institutionnel, respect des engagements internationaux, recherche du
compromis, dialogue social ou intégration par les organisations
intermédiaires". C'est à l'aune d'une telle conception libérale de la société, très en phase avec un "système" régulateur des conflits et absorbant les "turbulences dérangeant le cours du négoce, que l'auteur analyse les difficultés du FN à être "crédible" aux yeux "des principaux acteurs économiques, syndicats ou Medef, jusqu'aux patrons des petites et moyennes entreprises". Mais les anticapitalistes ont tout à gagner à se frotter à des analyses de ce type, qui par ailleurs ont leur logique, et à travailler dans les creux de leur argumentaire pour échapper eux-mêmes à tant d'à peu près sur le péril frontiste qui ont cours dans la gauche radicale (voir nos textes de début de page). Gauche radicale où certains aiment à jouer à se faire peur pour fonder un antifascisme révolutionnaire et prêtent le flanc, involontairement, à promouvoir un autre antifascisme, politicien, qui crie aussi au loup frontiste pour faire oublier que c'est sa politique qui fait sortir ledit loup, au demeurant plutôt louveteau, de sa tanière !
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Union Européenne, Gouvernement, PS, A la gauche du PS
Le repoussoir (1) à deux têtes ("la gauche" contre "la facho") au service du capitalisme !
(1) avec quelques points d'affinité : les Roms et les musulmans...
NPA 34, NPA