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Une étude percutante sur la destruction du service public universitaire et de recherche


Du danger de la "servitude volontaire" dans l'application des réformes néolibérales...

 





Avertissement aux lecteurs 

(mettre le doigt dans un engrenage, c'est risquer gros !)

Le document De l’autonomie à la mise sous tutelle? Contraintes budgétaires des universités (voir ci-dessous) est remarquable à plus d'un titre : il est d'abord le fruit d'un travail d'enquête sur le terrain, dans les universités mêmes, qui a eu recours à une méthodologie rigoureuse. Il couvre un éventail large de données permettant de tirer des conclusions générales sur ce que les réformes en cours induisent pour les directions d'université, les personnels et les étudiants. Le paysage universitaire qui se dégage de cette étude est sans appel : les réformes mises en route par Sarkozy et poursuivies strictement, voire en les aggravant, par le gouvernement "socialiste" imposent une logique qui confirme ce qu'au NPA nous appelons une déconstruction du service public (certes lui-même souvent inopérant, voire contreproductif, sur ce que sont ses missions [1]) au profit d'une conception purement capitaliste de l'enseignement supérieur. On lira le détail de la mécanique implacable qui sape l'université publique en amenant de catastrophiques restrictions budgétaires, la concurrence à tous les niveaux, entre les secteurs recherche et formation, en établissant la dualité entre "pôles d'excellence" et tout venant bon pour le peuple, en détruisant l'idée d'une excellence dans l'accès au savoir pour tous, en imposant une augmentation des frais d'inscription pénalisant les étudiants pauvres, etc. 

Mais le plus percutant dans le diagnostic posé par ce document est la mise en évidence de la capacité de ces réformes à mettre les directions d'établissement (souvent consentantes), les syndicats et les équipes enseignantes ou techniques dans la situation de relayer et d'assumer eux-mêmes l'austérité qu'on leur impose et qu'ils auraient pu être tentés de contester. C'est ici que les auteurs arrêtent leurs observations et que nous devons pousser sur le terrain politique la leçon de choses qui s'est dessinée : refuser de se placer en conflit ouvert avec l'université capitaliste qui s'est mise en marche, c'est se mettre en situation de se soumettre totalement à elle. Il n'y a pas de moyen terme, de biais réformiste pouvant sérieusement modifier de l'intérieur le "système" pour en amortir les "désagréments". Gérer la pénurie ou la combattre, sauver une logique de service public, tout en redressant ce que celui-ci autorise comme anomalies inégalitaires, ou servir une logique du privé, telle est l'alternative. Des positions "radicales", comme celle qu'a incarnée, l'an passé à Paul Valéry de Montpellier, la présidente Anne Fraisse, qui finissent par plier devant l'affrontement avec ces réformes au nom du moindre mal, qui contrecarrent ouvertement les tentatives de mobilisation étudiante et prennent en charge, en dociles "serfs volontaires", les mesures dénoncées, sont l'exemple emblématique de ce qu'il en coûte de ruser avec la politique du gouvernement : le capitalisme universitaire absorbe, digère et met à son service les plus audacieux et récalcitrants des "réformistes radicaux". Contre le service public, contre les personnels et contre les étudiants. Cette étude le montre parfaitement. De deux choses l'une : ou, d'un côté, réformisme "de gauche" (avec plein d'états d'âmes qui ne changent rien au résultat) gérant le démantèlement avec les libéraux partisans déclarés du système ou, d'un autre côté, radicalité (sans guillemets), contestation et blocage du processus destructeur en cours. Par la mobilisation. C'est le point de vue qu'au NPA nous défendons.

Antoine 

[1] Les politiques néolibérales sont largement responsables du dynamitage de l'intérieur du service public : en créant, depuis l'Etat (!), un maximum de carences dans son fonctionnement, par des restrictions budgétaires très sévères, ces politiques ont légitimé un recours toujours plus grand aux méthodes du privé censé améliorer les "performances" (sic) dudit service public ! Bien joué l'artiste ! Le privé pour améliorer le public, fallait l'oser. Ils l'on fait ! Certains l'ont cru ! D'autres y croient encore... Le Père Noël a la peau dure !


 La revue Savoir / Agir consacre son numéro 29 aux réformes universitaires. Nous en publions ici un article portant sur les conséquences de la loi d'autonomie sur le fonctionnement quotidien des universités. Odile Henry et Jérémy Sinigaglia reviennent ici notamment sur les conséquences du nouveau système d'allocations des moyens, le mal nommé système SYMPA, qui a contribué en quelques années à la faillite de nombreuses universités françaises.
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Il n’y a même pas besoin que quelqu’un nous mette la pression, car une grande majorité de collègues sont prêts à beaucoup de choses pour que ça continue à tourner, c’est comme ça qu’on tient les gens
G. Maître de conférences en mathématiques [1]

En novembre 2011, huit universités sont déclarées en faillite et placées sous la tutelle de leur rectorat. Comment expliquer ces situations de déficit budgétaire ? Quels sont les mécanismes responsables de ces difficultés financières ? Mais aussi, comment réagissent les équipes de direction des universités ? Quelles mesures mettent-elles en œuvre pour sortir de ces logiques d’endettement ? Ce sont ces questions qui ont guidé notre enquête [2]. On fait l’hypothèse que la situation de déficit budgétaire des universités est une conséquence directe du passage aux Responsabilités et compétences élargies (RCE) prévues par la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) du 10 août 2007, qui s’inscrit plus largement dans les réformes néolibérales du monde universitaire depuis le processus de Bologne[3] et la stratégie de Lisbonne[4].

Néanmoins, on postule également que si ces réformes tendent à produire un appauvrissement général des universités, il n'est pas possible d'analyser de manière univoque leurs effets. La santé financière des universités et la manière dont leurs missions sont affectées par les contraintes budgétaires dépendent aussi des ressources dont elles peuvent disposer (nombre d'étudiants, liens avec le tissu économique et politique local, attractivité de leur secteur recherche, place dans les classements internationaux, etc.) et des stratégies que celles-ci leur permettent de mettre en œuvre. Autrement dit, et c'est un effet de « l'autonomie », les conséquences des récentes réformes universitaires doivent s'analyser à la fois globalement et en fonction des configurations locales[5]. Cliquer ici

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Ministre de la recherche de profits Inconnue du grand public, la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche est une star dans la région grenobloise, où elle multiplie les casquettes. Avec un savant mélange des genres entre public et privé. Et une foi inébranlable dans les nanotechnologies, la biologie de synthèse et les business-plans qui vont avec.


 NPA 34, NPA

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