Du danger de la "servitude volontaire" dans l'application des réformes néolibérales...
Avertissement aux lecteurs
(mettre le doigt dans un engrenage, c'est risquer gros !)
Le document De l’autonomie à la mise sous tutelle? Contraintes budgétaires des universités (voir ci-dessous) est remarquable à plus d'un titre : il est d'abord le fruit d'un travail d'enquête sur le terrain, dans les universités mêmes, qui a eu recours à une méthodologie rigoureuse. Il couvre un éventail large de données permettant de tirer des conclusions générales sur ce que les réformes en cours induisent pour les directions d'université, les personnels et les étudiants. Le paysage universitaire qui se dégage de cette étude est sans appel : les réformes mises en route par Sarkozy et poursuivies strictement, voire en les aggravant, par le gouvernement "socialiste" imposent une logique qui confirme ce qu'au NPA nous appelons une déconstruction du service public (certes lui-même souvent inopérant, voire contreproductif, sur ce que sont ses missions [1]) au profit d'une conception purement capitaliste de l'enseignement supérieur. On lira le détail de la mécanique implacable qui sape l'université publique en amenant de catastrophiques restrictions budgétaires, la concurrence à tous les niveaux, entre les secteurs recherche et formation, en établissant la dualité entre "pôles d'excellence" et tout venant bon pour le peuple, en détruisant l'idée d'une excellence dans l'accès au savoir pour tous, en imposant une augmentation des frais d'inscription pénalisant les étudiants pauvres, etc.
Antoine
[1] Les politiques néolibérales sont largement responsables du dynamitage de l'intérieur du service public : en créant, depuis l'Etat (!), un maximum de carences dans son fonctionnement, par des restrictions budgétaires très sévères, ces politiques ont légitimé un recours toujours plus grand aux méthodes du privé censé améliorer les "performances" (sic) dudit service public ! Bien joué l'artiste ! Le privé pour améliorer le public, fallait l'oser. Ils l'on fait ! Certains l'ont cru ! D'autres y croient encore... Le Père Noël a la peau dure !
La revue Savoir / Agir consacre son numéro 29 aux réformes universitaires. Nous en publions ici un article portant sur les conséquences de la loi d'autonomie sur le fonctionnement quotidien des universités. Odile Henry et Jérémy Sinigaglia reviennent ici notamment sur les conséquences du nouveau système d'allocations des moyens, le mal nommé système SYMPA, qui a contribué en quelques années à la faillite de nombreuses universités françaises.
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Il n’y a même pas besoin que quelqu’un nous mette la pression,
car une grande majorité de collègues sont prêts à beaucoup de choses
pour que ça continue à tourner, c’est comme ça qu’on tient les gensG. Maître de conférences en mathématiques [1]
En novembre 2011, huit universités sont déclarées en faillite et placées sous la tutelle de leur rectorat. Comment expliquer ces situations de déficit budgétaire ? Quels sont les mécanismes responsables de ces difficultés financières ? Mais aussi, comment réagissent les équipes de direction des universités ? Quelles mesures mettent-elles en œuvre pour sortir de ces logiques d’endettement ? Ce sont ces questions qui ont guidé notre enquête [2]. On fait l’hypothèse que la situation de déficit budgétaire des universités est une conséquence directe du passage aux Responsabilités et compétences élargies (RCE) prévues par la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) du 10 août 2007, qui s’inscrit plus largement dans les réformes néolibérales du monde universitaire depuis le processus de Bologne[3] et la stratégie de Lisbonne[4].
Néanmoins, on postule également que si ces réformes tendent à produire un appauvrissement général des universités, il n'est pas possible d'analyser de manière univoque leurs effets. La santé financière des universités et la manière dont leurs missions sont affectées par les contraintes budgétaires dépendent aussi des ressources dont elles peuvent disposer (nombre d'étudiants, liens avec le tissu économique et politique local, attractivité de leur secteur recherche, place dans les classements internationaux, etc.) et des stratégies que celles-ci leur permettent de mettre en œuvre. Autrement dit, et c'est un effet de « l'autonomie », les conséquences des récentes réformes universitaires doivent s'analyser à la fois globalement et en fonction des configurations locales[5]. Cliquer ici
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