Point de vue. FN : Il serait stupide de contempler une menaçante accumulation de munitions dans ce camp ennemi !
La question
n’est pas de savoir si le FN a les compétences pour
gouverner...
C’est sûr, à
force de déclarations et de preuves d’amour à l’adresse du
patronat, la gauche « peut mourir » et la question de
l’accession au pouvoir du FN peut se poser.
Le FN est-il prêt à gouverner ?
Les ambitions
du FN à exercer le pouvoir et non plus se contenter
d’exprimer une protestation sont incontestables. Plusieurs
éléments en témoignent :
- Au cours des dernières campagnes électorales, les discours « rassurants », adressés à ceux qui hésitent à franchir le pas du vote FN, sur sa capacité à gérer, à gouverner, à gagner ont été un des thèmes majeurs du discours du FN.
- Le FN s’est adressé spécifiquement aux cadres de la fonction publique (d’Etat ou territoriale) pour les inciter à rejoindre ses équipes municipales dans les villes où il obtiendrait la majorité.
- Le FN a engagé un important travail de formation.
- Tout son état-major (BP, CC) est très majoritairement (pour ne pas dire exclusivement) composé d’avocats, de juristes, de chefs d’entreprises, de hauts fonctionnaires, de conseillers régionaux, d’élus municipaux ou de militaires et policiers (en exercice ou non).
- Penser que l’arrivée du FN au pouvoir se traduirait uniquement par un chaos administratif, gestionnaire etc. parce qu’il n’aurait pas dans ses rangs les compétences et les expertises nécessaires, serait une lourde erreur, pour plusieurs raisons.
- La première raison réside dans le fait, que l’avènement du FN où d’un de ses éventuels dérivés, s’accompagnerait inévitablement de revirements ou de ralliements opportunistes au sein des « élites » administratives et des experts (?) de tout poil (le vote de près de 4000 grands électeurs aux dernières élections sénatoriales en est une illustration).
- La seconde raison, c’est qu’en matière d’incurie et de chaos, le FN n’a pas forcément beaucoup de leçons à recevoir de la part des forces de la droite classique (UMP, centristes divers) ou de la gauche traditionnelle (PS, mais aussi PC ou FdG). Ceci tant au plan local, qu’au plan national.
La question
n’est donc pas de savoir si le FN a les compétences pour
gouverner. Si on le laisse faire, Il trouvera ce qu’il faut
et fera avec ce qu’il trouve. Et, de toute façon, dans ce
genre de scénario, ce qui primera ne sera pas l’aspect
gestionnaire et administratif mais le rapport de force
coercitif.
Et, si
gouverner était une question de compétence et d’expertise
d’un petit nombre, ça se saurait. Aujourd’hui, nous sommes
confrontés à des cabinets ministériels, régionaux,
municipaux, des entreprises (banques, grands groupes
industriels), des institutions internationales (UE, ONU,
etc.) où les « experts » sont loin d’être la première espèce
menacée.
Au contraire,
on assiste avec effroi aux conséquences de la politique de
ces experts (où la frontière entre droite et gauche est de
plus en plus ténue), que ce soit dans les domaines
environnementaux, économiques, sociaux, sanitaires,
démocratiques, avec pour toile de fond des guerres qui n’en
finissent pas.
La situation est-elle mûre pour un gouvernement FN ?
Reste la
question de la plausibilité, à court ou moyen terme, d’un
exercice du pouvoir par le FN, par exemple suite à une crise
institutionnelle ou à une victoire électorale.
Avant de dire
jamais, nous sommes contraints à la prudence : qui aurait
vraiment parié sur la présence de Jean-Marie Le Pen au
second tour de l’élection présidentielle de 2002 ? Qui
seulement quelques années plus tôt aurait pu envisager que
le FN soit en tête aux dernières élections européennes ? Qui
aurait cru que Marine Le Pen puisse être en mesure de
devancer tous ses adversaires à la prochaine élection
présidentielle ?
Reste que,
pour l’heure, et a priori paradoxalement, ce ne sont pas la
classe ouvrière ou les couches populaires qui verraient d’un
bon œil l’arrivée du FN au gouvernement.
Par contre, il
est sûr, que, dans l’état actuel des choses, cette
perspective n’enchante pas la grande majorité des cercles
patronaux. Ce serait un mauvais contexte pour les affaires,
car de nature à susciter une défiance accrue des
investisseurs ou partenaires étrangers et des inquiétudes
majeures au plan monétaire.
1. Pour
la bourgeoisie, l’arrivée du FN au gouvernement (En tout cas
comme force hégémonique ou prépondérante) n’est pas un
souhait ou une nécessité, dans un contexte où la classe
ouvrière peine à réagir et à lutter efficacement face à un
patronat qui, avec succès, pousse chaque jour un peu plus
ses pions (cf. récente feuille de route du MEDEF publiée
dans « Les Echos » peu de temps après le discours de Valls
déclarant sa flamme aux entreprises).
2. Avant
de se résoudre à accepter un gouvernement FN, il existe
encore des possibilités pour la bourgeoisie, même dans le
contexte d’une crise institutionnelle.
Parmi
celles-ci, la principale serait une solution d’Union
nationale, comme cela se pratique d’ailleurs déjà dans
d’autres pays d’Europe, dans des contextes de montée de
partis d’extrême-droite ou dits populistes.
Il est
d’ailleurs intéressant de noter que lors de sa dernière
conférence de presse, François Hollande a évoqué cette
possibilité, pour l’écarter aussitôt, presque à regret,
parce que ne correspondant pas à la tradition française.
Mais les traditions ça peut évoluer…
D’ailleurs, si
on regarde derrière la façade, on voit qu’il se passe bien
des choses allant dans ce sens.
Observer passivement ou agir ?
Ce qui vient
d’être dit ne doit pas être utilisé comme argument pour
justifier une quelconque attitude d’observation passive à
l’égard de la montée du FN.
Les
discussions sur sa capacité à gouverner, ou sur ses
possibilités ou impossibilités de mutation en un parti comme
les autres, sont certes importantes, mais peuvent aussi
devenir oiseuses et stériles. On sait que le FN recèle en
son sein ou dans ses marges tout le potentiel humain,
logiciel, matériel pouvant servir à la formation d’un parti
ouvertement fasciste. La situation en Grèce ou en Hongrie,
montre à quel point les évolutions peuvent être rapides en
cas de crise.
Il serait
stupide de contempler une menaçante accumulation de
munitions dans ce camp ennemi ou d’attendre de voir pour
trancher ce débat en ces termes : « Ah merde ! Trop tard !
Finalement, c’est bien un parti fasciste… ».
Gouverner
c’est prévoir. Empêcher le FN d’y arriver encore plus. C’est
maintenant que ça se joue !Mohamed
Lyon - Manifestation contre le congrès du FN
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A notre avis Il est décisif de ne pas céder à la panique du "un Français sur quatre vote FN" car la panique, c'est connu, est mauvaise conseillère : si le vote FN est étroitement corrélé à la baisse des autres partis (y compris à la baisse ou à la stagnation des partis à la gauche du PS), si donc on veut bien regarder que le centre de gravité politique du moment est, plus que le FN "qui n'a fait que perdre moins d'électeurs que les autres", l'abstention (et les votes nuls), c'est toute une perspective d'action qui, contre les jeux de masques médiatico-politiques tétanisant sur ce parti, peut apparaître à l'ordre du jour. Cliquer ici
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Elle peut même lever le poing...
... ce n'est pourtant pas la pose qu'elle préfère...
Parfois elle se laisse un peu aller...
mais, attention, elle sait la jouer enjôleuse...
NPA 34, NPA