Un "Mouvement pour la 6ème République" sans un peuple qui se mobilise dans les lieux de travail et la rue
Le Mélenchon qui parle du « Peuple » avec des élans mystiques n’est jamais loin de celui qui exalte l’Etat et la Nation
Par Yann Cézard.
La crise du Front de gauche continue : le PCF veut conserver ses liens électoraux avec le PS, le PG veut accentuer la rupture politique avec le parti au pouvoir. Or le PG a d’ores et déjà annoncé cet été une nouvelle stratégie, qui soulève une foule de questions.
D’un
côté, le PG reste une cheville ouvrière du Front de gauche (FdG) qui a
été l’espoir de nombreux militants, obtenu des millions de voix en 2012…
et dont le premier parti, le PCF, compte tout un réseau de militants,
d’élus et d’influences dont ne dispose pas le PG. Mais pour dépasser et
même déborder le FdG, le « Mouvement pour la 6ème République », indépendant du FdG, ambitionnera de « fédérer le peuple ».
Loin de prendre sa retraite, Mélenchon se « libère » pour nous revenir
plus grandiloquent que jamais et annonce sur son blog qu’il tourne le
dos à « la tambouille de l’alternative majoritaire à gauche » pour se consacrer à la tâche centrale de notre époque : « faire un peuple révolutionnaire » !
Une analyse tranchante de la situation politique
Les
raisons de ce nouveau dispositif sont clairement expliquées dans une
interview à Mediapart du secrétaire national du PG, Eric Coquerel :
• Le Front de gauche est « en échec ». « Globalement nous n’avons pas atteint notre objectif (…) Le PS s’écroule, on ne passe pas devant, et le FN termine en tête. » Et c’est la faute au PCF : « c’est
principalement dû à l’absence de stratégie nationale commune (…) Mais
en plus, les alliances contractées aux municipales avec le PS ont ramené
le FdG dans le ‘’système’’. Le Front de gauche pouvait apparaître comme
le cousin de famille très critique, mais en appartenant quand même à la
même famille que la gauche qui gouverne aujourd’hui. » Cliquer ici
A lire aussi
Extrait : parmi les 15 membres du BN du PS et
députés socialistes figurant sur l'appel au rassemblement de Bellerive du 22 juin [pour s'exprimer "Indignés et mobilisés contre la politique du gouvernement, contre
l’austérité, contre le chômage de masse"],
deux ont voté le texte gouvernemental de réforme derroviaire rejeté par les grévistes (il
s'agit de Pouria Amirshahi et Barbara Romagnan), aucun n'a voté contre (lire ici).
Parmi ceux que Paul Alliès désigne, dans son compte rendu de la
réunion, comme participant de l'esprit de Bellerive, même s'ils
n'étaient pas présents,
Jean-Marc Germain et Christian Paul (aubrystes notoires et donc,
paraît-il, "à gauche") ont également voté oui à la réforme ferroviaire.
Pour donner un autre exemple de la voie de garage des discussions
"unitaires" où la gauche
socialiste fourvoie une partie de la gauche se réclamant
de l'opposition à Hollande-Valls, on peut relever que sur les 88
députés PS (dont font beaucoup cas Filoche et d'autres) annonçant (lire ici)
qu'en l'absence d'un "nouveau contrat de majorité", ils allaient
refuser le 8 avril dernier la confiance au gouvernement
Valls (et dont le nombre a baissé très vite au moment de passer à
l'acte), 69, oui, 69, ont manifesté par leur vote cette semaine leur
opposition aux grévistes de
la SNCF ! Un plus précis travail de repérage permettrait de confirmer
que dans cette galaxie des redresseurs à gauche du PS nous trouvons un
nombre élevé de députés qui en fait, par-delà toutes les rodomontades de
tribunes, se sont prononcés cette semaine contre les salariés en grève
de la SNCF et sont donc, mécanique politique implacable, devenus les
soutiens actifs d'une des contre-réformes les plus significatives du
gouvernement. Cliquer ici
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