Lectures stratégiques...
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Et ici en France ?
La France n'est certes pas l'Espagne, ni la Grèce ! Il ne s'agit pas de copier (quelle idée !) nos voisins, ces camarades audacieux qui lèvent très haut le drapeau de la révolte contre les diktats des centres opérationnels de l'UE (et au-delà) et de leurs complices gouvernementaux locaux. Non, leur "crise" n'est en effet pas exactement la même que la nôtre. Sauf que nous devrions envisager que cette différence n'est que de conjoncture, que la conjoncture est ce qui, dans le contexte actuel, s'aggrave sans crier gare et que le fait essentiel est que, malgré des désynchronisations "nationales", cette crise est systémique, elle est celle du capital européen et celui-ci est, pour le coup, intelligemment unifié, lui, par-dessus ses frontières, dans la défense de ses intérêts et dans sa volonté de casser les résistances populaires pour sortir de ladite crise.
Pourquoi en particulier ne pas prendre la mesure, toutes choses étant par ailleurs égales, de ce choix décisif qu'ont fait et Podemos et Syriza, chacun à leur façon, de rompre avec des PS dont ils ont diagnostiqué qu'ils étaient désormais de l'autre côté, de celui du capital qu'il s'agit de combattre ? Et que donc la seule unité qui vaille c'est une unité sans eux (sans leurs directions et leurs sous-fractions pseudo frondeuses) et inévitablement contre eux ! Reconnaissons qu'il y a là quelque chose qui devrait parler clair à ceux qui, comme nous, vivent l'expérience, ô combien édifiante, de la politique des Hollande et Valls. Nous sommes pourtant, hélas, encore trop peu à tirer les conclusions radicalement "rupturistes" à l'espagnole et à la grecque, nécessaires à la seule unité digne de ce nom, celle d'un peuple mobilisé pour lui-même !
Les choses n'étant pas linéaires et univoques, Podemos et Syriza se retrouvent cependant, malgré les grandes avancées politiques qu'ils incarnent, à la croisée des chemins : le vertige est grand à l'heure où l'accès aux responsabilités politiques se profile (Podemos est en tête de tous les sondages, Syriza également mais avec l'avantage d'avoir fait plus que ses preuves dans le sondage grandeur nature des élections), vertige de continuer sur la dynamique de rupture ou tentation, tellement les appels au "réalisme" et au "pragmatisme" se font pressants depuis des médias ou des institutions européennes déstabilisés mais jouant toujours habilement leur partition politicienne, tentation donc de "composer" avec les contraintes, d'en rabattre sur la radicalité qui a pourtant fait les succès initiaux. Au risque de casser l'élan... C'est tout cela, tendances et contre-tendances, qu'il nous faudrait suivre de près et confronter aux données immédiates de notre conjoncture nationale. Pour recycler "à la française" ce qui participe de l'unité des situations diverses et qui, d'une façon ou d'une autre, ne pourra que déboucher sur une révolte des peuples européens coalisés contre les défenseurs de l'ordre capitaliste et les dévoyeurs souverainistes ou d'extrême droite de cette révolte.
Dans l'esprit des lignes ci-dessus, nous proposons ci-après des textes émanant d'anticapitalistes espagnols ou grecs qui, tout en rendant hommage aux processus enclenchés, avec leur participation active, par Podemos et Syriza, n'hésitent pas à pointer ce qui pourrait en affecter, voire en amoindrir, la portée transformatrice radicale. Nécessairement radicale car s'attaquant à la racine capitaliste du désordre social et politique dont souffrent les peuples. Cette façon d'aborder de façon critique ce que l'on soutient surprendra certains, habitués qu'ils sont à penser que c'est par "l'acritique" que l'on forge les unités durables, que la critique fait le jeu de l'ennemi... Ce syndrome longtemps à l'oeuvre au Front de Gauche a pourtant montré qu'il était une voie royale pour l'échec et pour le retour mortifère du refoulé d'une critique n'ayant pas appris à se moduler pas à pas sur les enjeux de fond et sur la possibilité de se dépasser par la confrontation maîtrisée des points de vue...
Alors prenons à notre compte ces débats internes à des partis radicaux autrement plus en prise que nous, en France, avec l'espoir de leur peuple, profitons de l'avance qu'ils ont sur nous dans la contestation du désordre établi et épargnons-nous ainsi bien de faux débats et d'inutiles polémiques qu'ils ont su déjouer (sans tous les déjouer !) car ils sont des entraves à l'essentiel : la construction de l'alternative par la rupture !
Antoine
La gauche dans cette opération doit répondre avec une vaste et vive contre-attaque politique et programmatique; elle doit être radicale. C’est le seul moyen pour obtenir une grande victoire. Cliquer ici
Si les alliés européens et grecs de Samaras essuient un échec le 29 décembre 2014, ils vont tenter de déposer la bombe du nouveau mémorandum (l’accord en cours avec la Troïka) dans les mains d’un gouvernement Syriza (Coalition de la gauche radicale).
Ainsi, ils vont chercher à forcer ce nouveau gouvernement de reculer de manière désordonnée – en tant que gouvernement de la gauche – par rapport à ses engagements idéologiques et politiques fondamentaux. Et cela avec le risque fort grand de ruiner les forces de la classe des travailleurs et des travailleuses qui ont déposé leurs espoirs, depuis longtemps, dans Syriza.
Autrement dit, ils parient soit sur un affrontement non préparé avec la classe dominante grecque et ses alliés internationaux, soit sur une large déception des masses laborieuses sur la base d’une politique se situant dans une certaine continuité du gouvernement précédent, soit sur les deux, ce qui conduirait à une expérience brève d’un gouvernement de la gauche. Cette double menace est le fondement de la théorie qui a pour nom, en Grèce: «la parenthèse de gauche». Cliquer ici
Podemos se construit comme un parti électoral d’un type nouveau qui ne semble pas aspirer à un ancrage territorial à travers la discussion interne et la participation active des Cercles locaux dans sa construction. Elle combine la fragile précision de son projet de changement social, ainsi que le réajustement continuel de celui-ci en fonction des nécessités électorales, et la déficiente détermination de son appui social, avec la formulation de propositions concrètes chaque fois plus pragmatiques destinées à obtenir des soutiens parmi les couches dites moyennes. Cela vise à renforcer sa «respectabilité» en tant que force politique. En ce sens, elle relègue au second plan la relation de l’organisation avec les mouvements sociaux. Cliquer ici
Podemos est en plein dans une campagne pour adapter ses structures
municipales (en prévision des élections municipales, le 24 mai 2015). Ce
qui n’empêche pas de réfléchir déjà aux processus qui vont se dérouler
dans les régions autonomes (au nombre de 17). Jeudi 18 décembre,
l’eurodéputée Teresa Rodriguez a annoncé publiquement dans un communiqué
son intention de postuler à un poste de direction dans Podemos en
Andalousie. Jusqu’à maintenant, le fait d’être militante de IA
(Izquierda anticapitalista) l’a empêchée de pouvoir briguer un poste
dans les organes à ce niveau à cause de
l’interdiction du double militantisme qui figure dans le «document
éthique» rédigé par Pablo Iglesias [le dirigeant médiatique de Podemos
dont l’autorité à quelques similitudes, au-delà du «modernisme»
internet, à celui d’un secrétaire général d’un PC de la belle époque –
Réd.] . Cette situation pourrait bientôt changer puisqu’une des
propositions fermes pour le Congrès organisé à la mi-janvier par IA est
de modifier son statut juridique et de se transformer en association. Cliquer ici
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Les contacts se multiplient entre Syriza et responsables de l’Union
européenne, non plus sur fond d’annulation mais de renégociation de la
dette. Et si les travailleurEs s’apprêtent à voter Syriza pour en finir
avec Samaras, la méfiance apparaît, avec des sondages en hausse pour le
KKE [PC grec] et Antarsya [Regroupement d'anticapitalistes indépendant de Syriza]. Le problème n’est pas tant que Tsipras, le principal
dirigeant de Syriza, s’adresse aux anciens électeurs du Pasok, ce qui
est normal : c’est plutôt le fait que, par exemple à son meeting en
Crète, ait été présente au premier rang une responsable du Pasok ; c’est
surtout le fait que le discours « réaliste » commence à se développer
largement dans Syriza, comme l’impossibilité de revenir sur les baisses
de rémunérations...
Et ces discours se sont déjà concrétisés :
dans la région d’Attique gagnée par Syriza au printemps, aucun
changement sensible, et une présidente qui reconnaît être tenue par les
engagements antérieurs. Dans une banlieue, le maire lié à la gauche
révolutionnaire dans Syriza applique la flexibilité...
Face aux perspectives de choix très durs, il y a urgence que le pôle anticapitaliste se renforce en dehors de Syriza. Cliquer ici
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