Leurs espoirs, leurs luttes sont les nôtres !
Ce serait une première claque aux responsables des politiques d’austérité imposées aux populations d’Europe ces dernières années qui ont frappé tout particulièrement la Grèce.
[…] La poussée électorale de SYRIZA est l'expression d'une large majorité
sociale qui veut dire « ça suffit ! » à la corruption et au pillage qui
ont eu lieu ces dernières années, comme le seront aussi les voix qui se
porteront sur Antarsya et le KKE. La défaite de la droite et du parti
socialiste grec, les partis de l'austérité, peut donner aux classes
populaires la force nécessaire pour engager de réels changements
politiques et sociaux. Ce changement ne pourra se faire à travers de
simples négociations avec la troïka. Cela va nécessiter des
mobilisations sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans la rue,
que le peuple s’organise dans tous les espaces de la société en même
temps qu’il devra compter sur la solidarité internationale. Cliquer ici
Les derniers sondages donnent les résultats suivants. L’institut Kapa pour le grand quotidien officialiste To Vima
indique les intentions de vote suivantes: SYRIZA, 31,2%; Nouvelle
Démocratie, 28,1%; To Potami, 5,4%; PASOK, 5%; KKE, 4,9%; Aube dorée,
4,7%; Grecs indépendants, 2,7%. Les indécis comptent pour 9,6% des
réponses. Le quotidien de SYRIZA Avgi fournit les résultats d’une
enquête effectuée par l’institut Public Issue: SYRIZA, 35,5%; Nouvelle
Démocratie, 30,5%; To Potami, 7%; KKE, 7%; Aube dorée, 6,5%; PASOK, 5%;
Grecs indépendants, 3%. L’institut fait, en date du 15 janvier, la
projection en termes de députés à la Vouli (parlement): SYRIZA, 142;
Nouvelle Démocratie, 82; To Potami, 18; PASOK, 17; KKE, 14; Aube dorée,
17.
Pour saisir les traits politiques les plus importants de la campagne électorale en cours, nous nous sommes entretenus avec Sotiris Martalis, membre de la direction de DEA (Gauche ouvrière internationaliste), membre du Comité central de SYRIZA et dirigeant syndical du secteur public ADEDY. (Rédaction A l’Encontre) […]
Le slogan général utilisé par SYRIZA dans la campagne électorale est le suivant: «L’espoir arrive!» Toutefois, ce qui est plus important réside dans les engagements concrets pris par SYRIZA. L’augmentation du salaire minimum qui doit passer de 531 euros pour les jeunes de moins de 25 ans et de 586 pour les plus âgés à 751 euros. La réintroduction d’une 13e allocation de retraite. La suppression des impôts directs pour les revenus annuels inférieurs à 12’000 euros, ce qui conduira à l’élimination de la taxe complètement injuste nommée ENFIA, c’est-à-dire un impôt portant sur les surfaces immobilières – que le logement soit occupé ou pas, or beaucoup de Grecs disposent en province d’une petite maison familiale – et qui ne peut être payé par les personnes ayant des bas revenus et, en particulier, le nombre très élevé de chômeurs. Cette taxe avait été introduite comme étant provisoire. Elle a pris la forme d’un impôt permanent. La réduction de la TVA (taux standard de 23%, taux réduit oscillant entre 6% et 13%) sur les aliments et le fioul. Encore plus important: la réintroduction des contrats collectifs qui ont été supprimés par le gouvernement d’Antonis Samaras (ND) et d’Evángelos Venizélos (PASOK). […]
L’élection de candidat·e·s [de Syriza] liés à la Plateforme de gauche a son importance, car il est nécessaire de soutenir des militant·e·s qui participent et soutiennent les combats des travailleuses et travailleurs et pour maintenir une orientation de gauche radicale solide pour que, demain, le groupe parlementaire de SYRIZA soit capable d’engager des batailles sur des objectifs concrets. […]
La Plateforme de gauche met l’accent sur un point central: le succès d’un gouvernement de gauche dépend de la mobilisation des travailleurs et du mouvement populaire. Malgré le déclin de la vague sociale qui s’est exprimée entre 2010 et 2012, les luttes n’ont jamais cessé en Grèce. Dans les derniers mois, on a assisté à neuf mois de lutte permanente des nettoyeuses du ministère des Finances, qui avaient été licenciées; il en va de même pour les surveillant·e·s des écoles, les enseignant·e·s et le personnel administratif des universités. La bataille contre la loi mettant «en réserve» – en fait un statut de pré-licencié – 15% des employé·e·s du secteur public a abouti à ce qu’elle ne soit pas appliquée. La dernière journée nationale de mobilisation a eu lieu le 24 novembre 2014. Sous la pression de ces luttes et le mécontentement croissant dans la société, le gouvernement Venizélos-Samaras ne pouvait qu’échouer. Néanmoins, nous ne faisons pas face aux élections dans un contexte de luttes sociales montantes. […]
Une victoire de la gauche peut – nous l’espérons – ouvrir un nouveau cycle de luttes qui fera pression sur le gouvernement. Mettre fin à l’austérité peu encourager une vague de radicalisation et donner au programme de SYRIZA un caractère transitoire et faire du gouvernement de SYRIZA un gouvernement de gauche effectif, engageant une transition vers une rupture. L’orientation de SYRIZA doit prendre appui sur les décisions du Congrès de SYRIZA, de 2013, qui s’est prononcé pour la nationalisation des banques, pour mettre fin aux privatisations, pour instaurer un contrôle public – démocratique et des travailleurs – sur les plus grandes firmes appartenant à l’Etat, telles que la firme d’électricité, les télécommunications, la loterie nationale, etc. Une telle orientation, dans sa dynamique, conduit à un conflit avec lesdites «libertés» de circulation du capital, telles qu’instaurées et défendues dans l’Eurozone. […]
Une large partie des membres de SYRIZA – pas seulement ceux qui sont favorables à la Plateforme de gauche qui représente entre 35 et 40% des membres – sont systématiquement en faveur d’une unité d’action entre SYRIZA, le KKE et ANTARSYA (front d’une dizaine d’organisations se définissant comme anticapitalistes, crédité de 1,4% des intentions de vote). Cette orientation de front unique est la seule voie à suivre pour assurer une possible victoire des travailleurs et des forces populaires. […]
Si nous faisons face à un résultat qui impliquerait une fraction parlementaire insuffisante pour obtenir une majorité parlementaire absolue, trois solutions peuvent se présenter. La première: une tentative de former un gouvernement de gauche. Soit avec la participation du KKE, soit avec un soutien extérieur de ce dernier (ne votant pas contre les décisions du gouvernement SYRIZA). La deuxième: avoir de nouvelles élections législatives dans un délai d’un mois. La troisième résiderait dans l’alliance avec un ou plusieurs partis bourgeois pour former un gouvernement d’unité nationale, quelque chose qui est inacceptable non seulement pour tous les membres de la Plateforme de gauche, mais aussi pour la majorité des membres de SYRIZA. […]
Au cours des dernières semaines, nous avons organisé des meetings internationalistes avec des militant·e·s de divers pays. Il y a aussi des appels signés par des personnalités qui soutiennent SYRIZA. Tout cela est très positif. Il faut surtout mettre l’accent, après la victoire de SYRIZA, sur une campagne effective de solidarité, afin d’aider à rompre l’isolement relatif de la gauche grecque et d’un gouvernement SYRIZA par les diverses instances de l’Union européenne. De notre côté, nous espérons qu’une victoire de SYRIZA qui déboucherait sur une dynamique de luttes contre l’austérité et de mise en question du paiement de la dette ainsi que des contraintes budgétaires antisociales stimule un mouvement semblable dans différents pays d’Europe. Pour nous, il est certain que les principaux affrontements n’ont pas encore eu lieu. Il faudra, si possible, que nous les menions ensemble. L'intégralité de l'entrevue
Le week-end dernier (décembre), notre camarade Alain Krivine a pu prendre la
mesure du climat grec : ciel bleu et température politique à gauche
assez élevée ! à Athènes, il a participé à deux initiatives de la gauche
révolutionnaire et a aussi rencontré des représentantes des femmes de
ménage en lutte depuis plus d’un an...
Alain a participé à un meeting coorganisé par DEA et Kokkino, deux groupes observateurs à la IVe Internationale, qui participent à la plateforme de gauche de Syriza. […]
A lire aussi
Le 25 janvier, les élections générales se tiendront en Grèce. La
campagne médiatique contre Syriza est très vigoureuse, même si certains
médias font quelques ouvertures. […]
Pour saisir les traits politiques les plus importants de la campagne électorale en cours, nous nous sommes entretenus avec Sotiris Martalis, membre de la direction de DEA (Gauche ouvrière internationaliste), membre du Comité central de SYRIZA et dirigeant syndical du secteur public ADEDY. (Rédaction A l’Encontre) […]
Le slogan général utilisé par SYRIZA dans la campagne électorale est le suivant: «L’espoir arrive!» Toutefois, ce qui est plus important réside dans les engagements concrets pris par SYRIZA. L’augmentation du salaire minimum qui doit passer de 531 euros pour les jeunes de moins de 25 ans et de 586 pour les plus âgés à 751 euros. La réintroduction d’une 13e allocation de retraite. La suppression des impôts directs pour les revenus annuels inférieurs à 12’000 euros, ce qui conduira à l’élimination de la taxe complètement injuste nommée ENFIA, c’est-à-dire un impôt portant sur les surfaces immobilières – que le logement soit occupé ou pas, or beaucoup de Grecs disposent en province d’une petite maison familiale – et qui ne peut être payé par les personnes ayant des bas revenus et, en particulier, le nombre très élevé de chômeurs. Cette taxe avait été introduite comme étant provisoire. Elle a pris la forme d’un impôt permanent. La réduction de la TVA (taux standard de 23%, taux réduit oscillant entre 6% et 13%) sur les aliments et le fioul. Encore plus important: la réintroduction des contrats collectifs qui ont été supprimés par le gouvernement d’Antonis Samaras (ND) et d’Evángelos Venizélos (PASOK). […]
L’élection de candidat·e·s [de Syriza] liés à la Plateforme de gauche a son importance, car il est nécessaire de soutenir des militant·e·s qui participent et soutiennent les combats des travailleuses et travailleurs et pour maintenir une orientation de gauche radicale solide pour que, demain, le groupe parlementaire de SYRIZA soit capable d’engager des batailles sur des objectifs concrets. […]
La Plateforme de gauche met l’accent sur un point central: le succès d’un gouvernement de gauche dépend de la mobilisation des travailleurs et du mouvement populaire. Malgré le déclin de la vague sociale qui s’est exprimée entre 2010 et 2012, les luttes n’ont jamais cessé en Grèce. Dans les derniers mois, on a assisté à neuf mois de lutte permanente des nettoyeuses du ministère des Finances, qui avaient été licenciées; il en va de même pour les surveillant·e·s des écoles, les enseignant·e·s et le personnel administratif des universités. La bataille contre la loi mettant «en réserve» – en fait un statut de pré-licencié – 15% des employé·e·s du secteur public a abouti à ce qu’elle ne soit pas appliquée. La dernière journée nationale de mobilisation a eu lieu le 24 novembre 2014. Sous la pression de ces luttes et le mécontentement croissant dans la société, le gouvernement Venizélos-Samaras ne pouvait qu’échouer. Néanmoins, nous ne faisons pas face aux élections dans un contexte de luttes sociales montantes. […]
Une victoire de la gauche peut – nous l’espérons – ouvrir un nouveau cycle de luttes qui fera pression sur le gouvernement. Mettre fin à l’austérité peu encourager une vague de radicalisation et donner au programme de SYRIZA un caractère transitoire et faire du gouvernement de SYRIZA un gouvernement de gauche effectif, engageant une transition vers une rupture. L’orientation de SYRIZA doit prendre appui sur les décisions du Congrès de SYRIZA, de 2013, qui s’est prononcé pour la nationalisation des banques, pour mettre fin aux privatisations, pour instaurer un contrôle public – démocratique et des travailleurs – sur les plus grandes firmes appartenant à l’Etat, telles que la firme d’électricité, les télécommunications, la loterie nationale, etc. Une telle orientation, dans sa dynamique, conduit à un conflit avec lesdites «libertés» de circulation du capital, telles qu’instaurées et défendues dans l’Eurozone. […]
Une large partie des membres de SYRIZA – pas seulement ceux qui sont favorables à la Plateforme de gauche qui représente entre 35 et 40% des membres – sont systématiquement en faveur d’une unité d’action entre SYRIZA, le KKE et ANTARSYA (front d’une dizaine d’organisations se définissant comme anticapitalistes, crédité de 1,4% des intentions de vote). Cette orientation de front unique est la seule voie à suivre pour assurer une possible victoire des travailleurs et des forces populaires. […]
Si nous faisons face à un résultat qui impliquerait une fraction parlementaire insuffisante pour obtenir une majorité parlementaire absolue, trois solutions peuvent se présenter. La première: une tentative de former un gouvernement de gauche. Soit avec la participation du KKE, soit avec un soutien extérieur de ce dernier (ne votant pas contre les décisions du gouvernement SYRIZA). La deuxième: avoir de nouvelles élections législatives dans un délai d’un mois. La troisième résiderait dans l’alliance avec un ou plusieurs partis bourgeois pour former un gouvernement d’unité nationale, quelque chose qui est inacceptable non seulement pour tous les membres de la Plateforme de gauche, mais aussi pour la majorité des membres de SYRIZA. […]
Au cours des dernières semaines, nous avons organisé des meetings internationalistes avec des militant·e·s de divers pays. Il y a aussi des appels signés par des personnalités qui soutiennent SYRIZA. Tout cela est très positif. Il faut surtout mettre l’accent, après la victoire de SYRIZA, sur une campagne effective de solidarité, afin d’aider à rompre l’isolement relatif de la gauche grecque et d’un gouvernement SYRIZA par les diverses instances de l’Union européenne. De notre côté, nous espérons qu’une victoire de SYRIZA qui déboucherait sur une dynamique de luttes contre l’austérité et de mise en question du paiement de la dette ainsi que des contraintes budgétaires antisociales stimule un mouvement semblable dans différents pays d’Europe. Pour nous, il est certain que les principaux affrontements n’ont pas encore eu lieu. Il faudra, si possible, que nous les menions ensemble. L'intégralité de l'entrevue
Et aussi
Un appel européen de militants et militantes de l’État espagnol
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Le point de vue d'europhiles sensibles aux inflexions de certains dans Syriza et confiants sur leur sens du raisonnable opposé à la radicalité de "leur" gauche...
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Le point de vue d'europhiles sensibles aux inflexions de certains dans Syriza et confiants sur leur sens du raisonnable opposé à la radicalité de "leur" gauche...
Entrevue de décembre dernier. Cliquer ici
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Le point de vue partisan de prendre aux mots, au piège, l'UE sur la dette...
Et encore
Nos dossiers Grèce,
international
Alain a participé à un meeting coorganisé par DEA et Kokkino, deux groupes observateurs à la IVe Internationale, qui participent à la plateforme de gauche de Syriza. […]
Alain a aussi participé à une conférence organisée par l’OKDE-Spartakos, section grecque de la IVe Internationale et composante d’Antarsya : « De Mai 68 à nos jours ». Cliquer ici
NPA 34, NPA