Hommage
La disparition de François Maspero est, pour toute une génération, celle d'un symbole de combativité, de courage, d'internationalisme mais aussi de discrétion. Avant de devenir écrivain, François Maspero était devenu le porte parole de toutes les révolutions dans le monde et de toutes les luttes des exploités. Sa librairie "La joie de lire" était devenue au Quartier Latin le quartier général de tous les révoltés. La seule façon de lui rendre hommage c'est de continuer son combat, de ne rien lâcher, même et surtout dans cette période difficile. (Sur le site du NPA)
Montreuil, le 13 avril 2015
« Libres enfants de Summerhill » (1970), c’était chez lui. «Lire le Capital» d’Althusser aussi (1965). Et «les Damnés de la Terre», de Franz Fanon (1961), avec la célèbre préface de Jean-Paul Sartre: «En le premier temps de la révolte, il faut tuer: abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé.»
Quand ils prenaient la plume, les penseurs de cette époque n’y allaient pas de main morte… et le public en redemandait. De cette conception radicale du métier d’éditeur, François Maspero fut la figure de proue, d’une exigence et d’une constance jamais démentie. Ecrivain, libraire, intellectuel engagé, il est mort à Paris ce 11 avril 2015, à l’âge de 83 ans.
Il y a toujours un côté « self made man» chez les grands éditeurs. Certes, Maspero était issu d’une prestigieuse dynastie intellectuelle. Son père, sinologue, et son grand-père égyptologue, furent tous deux professeurs. On trouve même, dans «la Recherche du Temps perdu», une scène où Proust évoque sa lecture émerveillée d’«un livre de Maspero» sur les mœurs d’Assourbanipal...
Mais le rejeton de la troisième génération n’a pas marché sur leurs brisées. Très tôt, il lâche ses études d’ethnologie pour acheter – à 23 ans ! – une librairie du Quartier latin appelé «la Joie de Lire». Et dans la foulée, en 1959, en pleine guerre d’Algérie, il créé les Editions Maspero. Cliquer ici
C'est ce qu'on retiendra de cet homme
dans son oraison funèbre :
une fuite d'eau
qui courrait dans l'escalier
vers la rue et les égouts de Paris
Cet homme était mort simplement
dans sa baignoire
en laissant les robinets ouverts
qu'il n'avait pas eu le temps de fermer
avant de partir en voyage
François Maspero : Les mots ont un sens
François Maspero, héraut de toutes les luttes
Le même jour... Eduardo Galeano
Lundi 13 avril 2015.
« Quel livre offrir à Barack Obama pour l’éclairer sur les rapports entre les Etats-Unis et l’Amérique du Sud ? », s’interrogea Hugo Chávez en 2009. Son choix se porta finalement sur « Les Veines ouvertes de l’Amérique latine ». Son auteur, l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano, s’est éteint le 13 avril 2015. Journaliste et poète, conteur et historien, il a écrit plusieurs textes pour Le Monde diplomatique sur les affres du monde, de son pays et singulièrement du sport. Dans ces « Voix du temps », recueil de saynètes d’un ordinaire oublié, il rappelle qu’une petite histoire en dit parfois autant qu’une longue analyse. Cliquer ici
Article de 2008 Cliquer ici
La parution du livre (en 1971), coïncide avec une époque de forts affrontements idéologiques, politiques et sociaux partout en Amérique latine. À cette époque, Galeano est en même temps journaliste, éditeur et employé au département de publications de l'université de la République (à Montevideo). Selon ses propres dires, le travail de recherche pour Les Veines ouvertes (tel qu'on appelle souvent l'ouvrage en Amérique latine), lui prit quatre ans, tandis que pour sa rédaction il n'eut besoin que de quatre-vingt-dix nuits1. En 1973, peu après la parution de l'ouvrage, eut lieu un coup d'État en Uruguay qui aboutit à l'instauration d'une dictature militaire qui força Galeano à l'exil. Les Veines ouvertes fut aussitôt censuré, de même que pendant les gouvernements militaires d'Augusto Pinochet au Chili et du processus de réorganisation nationale argentin.
Nombreux sont ceux qui considèrent cet ouvrage comme un évènement
marquant de la pensée latino-américaine et émancipatrice contemporaines.
Certains ont qualifié Les Veines ouvertes de « Bible latino-américaine ». Cliquer ici
... et Günter Grass
Lundi 13 avril 2015.
L’écrivain allemand Günter Grass est mort. En 1999, quarante ans après la publication de son chef-d’œuvre, Le Tambour, il recevait le prix Nobel de littérature. Le Monde diplomatique
publiait alors un entretien inédit avec Juan Goytisolo, où les deux
auteurs analysaient l’imbrication étroite entre leurs engagements
littéraires et politiques. Cliquer ici
Suite à la disparition de l'écrivain allemand tragique et engagé, prix
Nobel de littérature, Günter Grass, un entretien avec Pierre Bourdieu
qui faisait paraître à l'époque "Toute la misère du monde". Cliquer ici
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