Les mots, lieux d'un nécessaire combat de démystification...
Après plus de dix ans de travail critique au sein du collectif Les mots sont importants,
si l’on doit caractériser à grand traits la langue des maîtres, on peut
dire qu’elle repose sur une logique binaire au fond très ancienne, déjà
à l’œuvre dans la novlangue totalitaire ou coloniale décrite par
Orwell : euphémisation de la violence des dominants (État, patronat,
pression sociale masculiniste, hétérosexiste et blanco-centriste), et
hyperbolisation de la violence des dominé-e-s...
Ce double mouvement d’euphémisation / hyperbolisation
structure l’essentiel du commentaire politique, mais déteint aussi
largement sur la parole prétendument factuelle des journalistes
d’information.Euphémismes et hyperboles
L’euphémisation consiste, étymologiquement, à positiver du négatif. Dans le discours politique, elle consiste essentiellement à occulter, minimiser et relativiser une violence, et ainsi la rendre acceptable :
l’armée américaine ou israélienne bombarde par exemple toute une population : c’est, nous disent les États-majors et la plupart des éditorialistes, mais aussi bien souvent les journalistes d’information, une simple « incursion », ou une « frappe » ;
un policier abat un jeune homme en fuite d’une balle dans le dos : c’est une simple « bavure » et non un homicide ; cliquer ici
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