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Ménard et le FN agressent les profs...


... les tribunaux ont condamné les frontistes délinquants, bientôt le tour de Ménard ? Assurons la riposte par la mobilisation dans l'Education et dans la rue !

Il a traité de « petit con » un instituteur qui refusait de lui serrer la main. Syndicats enseignants et parents FCPE de l'Hérault s'indignent.

« Si je ne me retenais pas, je vous mettrais deux gifles. » Après l'avoir traité de « petit con », Robert Ménard a donc franchi la ligne deux fois la ligne blanche jeudi 24 septembre. Il rejoint ainsi ses amis du FN audois et gardois (notamment le maire de Beaucaire) que la justice a condamnés respectivement pour dénonciation calomnieuse et injure publique envers des enseignants.

Tout s'est passé à l'école Georges-Sand (dans le quartier populaire du Faubourg à Béziers) où le maire s'est rendu après qu'une famille s'était plainte de la qualité des menus de la cantine. Robert Ménard s'y est donc présenté à l'heure du repas et la directrice lui a fait visiter l'école ainsi qu'à son aréopage. C'est dans la salle des profs où l'instit prenait son repas que la scène a eu lieu. Ce dernier a refusé de serrer la main de Robert Ménard, comme l'avaient fait ses collègues au collège de Beaucaire dans le Gard. « Je me suis senti agressé », a réagi le maire de Béziers qui dans un communiqué s'est interrogé : « Aurais-je dû m'abstenir de conclure l'échange par ces mots de « petit con » ? Oui je le concède. » Cliquer ici

Le maire Front national de Beaucaire (Gard), Julien Sanchez, a été condamné mardi à 1 500 euros d'amende pour avoir injurié une syndicaliste de la CGT, enseignante dans un lycée de sa ville. Cliquer ici
Un responsable du Front national a été condamné jeudi à Narbonne à une amende de 5 000 €, dont la moitié avec sursis, pour avoir calomnié un professeur d'histoire dont il contestait la présentation du FN en classe.  Cliquer ici

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Longtemps absente des thèmes du FN, l'école est enfin apparue dans les radars du parti d’extrême droite à l'occasion de cette campagne. Marine Le Pen, la chose est plutôt rare, a même esquissé un mea culpa envers le corps enseignant, fin septembre, lors d'un colloque sur l'éducation organisé par son club «Idées Nation». « Il y a eu un malentendu entre nous. Nous n’avons pas su vous parler », a-t-elle lancé aux profs en précisant qu’elle mettrait fin aux suppressions de postes dans l’éducation.
 
« Longtemps nous avons commis l’erreur de croire que vous étiez complices ou passifs face à la destruction de l’école », a-t-elle aussi regretté (vidéo ici), quand son père qualifiait régulièrement les enseignants de « gauchistes » perdus pour la nation. Exemple dans cette vidéo de 2009, où il évoque la «responsabilité», dans la «décadence» actuelle, des enseignants «soixante-huitards», les décrivant avec des «savates», «le blue-jean craspec, troué», «les cheveux longs», «la barbe».

En 2007, le programme du FN (à lire ici) sur l'école est des plus sommaires et ne voit dans l'éducation que des coûts dans lesquels il faudra sabrer. Parmi les rares propositions avancées, le FN prône alors la mise en place du chèque scolaire (possibilité de financer librement et directement l’école de son choix), une option ultralibérale très minoritaire à droite. Signe que la méfiance domine, le programme dénonce même le fait que l'Etat tolère « l'intrusion » du corps enseignant dans l'éducation des enfants...

  • Le retour à l'école d'avant 1968

En 2012, le revirement est spectaculaire puisqu’il s’agit de chanter les louanges des «hussards noirs» en s'affichant plus républicain que jamais. Sous l’influence, sans doute, des quelques récentes recrues issues des rangs chevénementistes, comme Paul-Marie Coûteaux ou Bertrand Dutheil de la Rochère, le FN a totalement revu son discours, se faisant désormais le chantre de l’école de Jules Ferry.

Dans ce nouveau rôle, Marine Le Pen choisit néanmoins la laïcité comme première valeur de l'école républicaine (plus que l'égalité par exemple) et prône « la plus grande fermeté » sur la question, avec en ligne de mire le sujet maintes fois utilisé du halal dans les cantines scolaires. Au passage, le FN précise dans une interprétation originale de la laïcité (lire notre fiche “laïcité”) que celle-ci signifie également «neutralité politique»… Pas d'embrigadement de la jeunesse par les «gauchistes», pas d'appel à manifester dans l'école du Front national.

L'école doit redevenir un sanctuaire républicain où « les méthodes et l’état d’esprit pédagogistes n’(auront) plus leur place ». Le FN rêve ainsi tout haut de l’école d’avant 1968, où « le professeur est au-dessus de l’élève », où ce dernier doit se lever quand le professeur entre en classe et où il faudra bannir le tutoiement par l’élève de l’enseignant... «La méthode syllabique sera obligatoire en CP, l’histoire sera apprise de façon chronologique tout au long de la scolarité. La géographie sera enseignée sur des cartes, et l’apprentissage de la géographie française obligatoire.»

Pour fantasmatique qu’elle soit (la méthode syllabique est majoritaire, on apprend toujours la géographie par des cartes, et les profs d’histoire n’ont pas oublié leur chronologie…), cette critique « républicaine » (contre « pédagogistes » donc) reste politiquement très porteuse. Bien plus que l’ultralibéralisme scolaire de son père, en tout cas, Marine Le Pen l’a parfaitement compris. Habilement, le FN s’adresse aux nostalgiques de l’école d'avant la démocratisation (la massification de la fin des années 1970 qui a vu l'école s'ouvrir aux classes populaires en parties issues de l'immigration) et propose d'en finir avec son collège unique honni. Le FN propose donc le retour de l’apprentissage à 14 ans et – comme tout le monde depuis trente ans – « une revalorisation des filières professionnelles ».

L’école idéale selon le FN est aussi celle des petites communes rurales par opposition à celle de la périphérie des villes où se concentrent toutes les migrations. « Le ministère de l’Education nationale devra faire une place toute particulière aux problématiques rurales dans son organisation interne, et les intérêts ruraux seront mieux représentés dans les cabinets ministériels.»

  • «Tolérance zéro» contre les violences scolaires et des portiques détecteurs de métaux

Pour le reste, le projet scolaire du FN est, de façon attendue, essentiellement sécuritaire. « Tolérance zéro » contre les violences scolaires et les atteintes aux professeurs, affirme le FN. Derrière ces slogans, qui peuvent faire mouche dans les établissements les plus ghettoïsés, pas grand-chose portant. Le FN propose ainsi d'équiper «même temporairement» les établissements de portiques détecteurs de métaux. En 2009, après l'agression violente d'une enseignante en Haute-Garonne, Xavier Darcos, alors ministre de l'éducation, avait avancé la même idée. Pure communication déjà, peu d’établissements étant demandeurs (coût des portiques, des heures de contrôle avant d'accéder en classe), la chose avait été rapidement oubliée.

De même, lorsque le FN promet d’alourdir les peines pour ceux qui auraient agressé physiquement ou verbalement un enseignant : là encore, rien de nouveau sous le soleil. L'arsenal législatif sur ce point existe déjà (ici).
Si la question de l'immigration à l'école n'est abordée que sous le prisme de la laïcité, le FN veut quand même aussi instaurer des « cours de français obligatoires pour les parents qui ne maîtrisent pas notre langue nationale ». Une proposition baroque dont le parti d'extrême droite ne définit pas les contours : qui délivrera ces cours imposés ? Où ? Sur quel budget ? Mystère.

  • Revenir sur l'autonomie des universités

Quant à l'enseignement supérieur, le Front national semble découvrir son existence. Dans le programme de 2007, le sujet n'était pas même abordé. Et là encore, il est très net que le FN veut donner des gages de républicanisme dans une opposition très marquée avec les réformes  libérales menées depuis cinq ans. Il propose ainsi de revenir sur l'autonomie des universités, loi LRU, concernant la gestion de la masse salariale et sur la propriété des bâtiments universitaires. Ce que ne fait pas le PS, contrairement par exemple au Front de gauche. Comme la plupart des partis de gauche, il explique qu'il faudra revoir la gouvernance au sein des universités pour aller vers plus de collégialité.

Concernant les étudiants, le FN défend des droits d'inscription «encadrés et minimes». Le sujet est sensible car, avec l'autonomie des facs, beaucoup craignent qu'ils n'explosent dans les années à venir. Le PS a été mis en difficulté sur ce thème avec un rapport de la fondation Terra Nova, dont il est proche, qui prônait le triplement des droits d'inscription pour mieux financer les universités. Parallèlement, le parti de Marine Le Pen dit vouloir s'engager dans une «politique volontariste de construction de logements universitaires», réservés en priorité – on est bien au FN – aux étudiants français. L'article sur le site de Mediapart (accès réservé aux abonnés)


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