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Israël, Palestine, antisémitisme mais aussi laïcité et port des signes religieux...


La leçon (autocritique) de Rony Brauman

Rony Brauman : Certains des propos que j’ai tenus au sujet du port de la kippa sur Europe1 ont donné lieu à des interprétations totalement étrangères à ce que je voulais dire. Une formulation maladroite, à l’emporte-pièce, en est partiellement responsable et je souhaite donc préciser ma position.

Le port de la kippa, comme celui de signes religieux visibles, revêt des significations diverses et ne peut en lui-même être confondu avec un manifeste politique. En l’occurrence, je suis conscient que la kippa n’a rien à voir en elle-même avec l’Etat d’Israël, que nombre de ceux qui la portent le font par fidélité à une tradition, par adhésion à des obligations religieuses ou d’autres raisons personnelles et non pour véhiculer un message politique. 

Plus généralement, je m’inscris dans une conception libérale, et non anti-religieuse, de la laïcité : celle qui accorde à toutes les religions le droit inaliénable d’exister librement, et à tout citoyen celui d’arborer des signes religieux dans un espace public neutre.

Il n’en est pas moins vrai que des institutions juives, le Crif en premier lieu, ne cessent d’affirmer au contraire que la « communauté juive » de France est « inconditionnellement solidaire » de l’Etat d’Israël et donc de sa politique. Je tiens à rappeler qu’il n’en a pas toujours été ainsi : c’est en 1988 que le Crif a fait irruption sur la scène de la diplomatie française en protestant, au nom de la « communauté juive », contre la visite d’Arafat au Parlement européen et sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères (http://www.ina.fr/video/CAB88036449). Jusqu’alors, cette organisation se tenait à distance de la politique israélienne, et il est permis de déplorer cette rupture. La proximité avec Israël s’est renforcée avec le temps pour devenir une véritable fusion au cours des années 2000. Elle a culminé avec la manifestation de juillet 2014 en soutien à l’attaque de Gaza assortie de demandes d’interdiction des manifestations de solidarité avec les Palestiniens (http://tempsreel.nouvelobs.com/le-conflit-a-gaza/20140729.OBS4966/le-crif-appelle-a-un-rassemblement-pro-israelien-jeudi.html). Revendiquer l’identification des juifs à la politique israélienne, voilà ce qui contribue à confondre critique de la politique israélienne et critique des juifs en tant que tels. Le Crif entretient activement cette confusion, tout en la dénonçant avec virulence quand d’autres la reprennent à leur compte. Mes propos hâtifs sont allés dans le même sens, ce que je regrette vivement. J’adresse mes excuses à ceux qui s’en sont sentis blessés. Je redis que je ne suis l’ami ou l’ennemi d’aucun peuple mais que ma sympathie politique va vers les occupés et non vers les occupants. 

Pour finir (provisoirement), j’invite les « amis » d’Israël à voir le film d’Amos Gitaï « le dernier jour d’Yitzhak Rabin ». Netanyahou y apparaît au balcon d’un immeuble, aux côtés de Sharon lors d’un meeting électoral à Jérusalem en 1995, au-dessus d’une affiche et d’un grand calicot. Sur l’affiche figure Rabin en uniforme SS, et sur le calicot, l'inscription en hébreu et en anglais « Mort aux Arabes » . Ils comprendront que, contrairement à ce qu’affirment sans relâche le Crif et les antisémites, nombre de juifs, porteurs ou non de kippa, ne veulent à aucun prix être identifiés à de pareils énergumènes politiques. Le texte de cette entrevue est à retrouver sur la page blogs de Mediapart

Rony Brauman est l'un des signataires du texte Nous appelons au boycott des produits israéliens ! 

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Cependant, la réaction du Président de la République à l’événement nous plonge dans un abîme de perplexité. Il déclare,- enfin ! - que le port de la kippa dans la rue est un droit citoyen garanti par les lois sur la laïcité. Est-ce à dire que le Président a enfin compris que l’interdiction des signes religieux qui a été inscrite dans la loi, ce que tout le monde a compris comme visant les tenues musulmanes, était contraire à l’esprit des lois de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État ?

Nous ne voulons pas croire que dans la situation de tension exacerbée qui existe dans notre pays le Président et le gouvernement vont continuer à accorder aux Juifs un statut spécial. Car non seulement ce serait contraire aux principes d’égalité devant la loi, mais ce serait un ferment supplémentaire pour le développement de l’antisémitisme !

Faut-il rappeler le nombre de femmes portant foulard agressées, au couteau, au cutter, à coups de poing sans que les ministres ne se déplacent ni s’indignent ? Comment ne pas être conscient à quel point cela peut être source de ressentiment ? Cliquer ici


Rebond de polémique 

En critiquant vivement le président de l’Observatoire de la laïcité, qu’il juge trop conciliant avec les risques de dérives communautaires, le Premier ministre a relancé lundi un débat qui enflamme l’opinion publique, notamment vis-à-vis de l’islam.

 

C'est devant le CRIF, communautariste parmi les communautaristes les plus virulents, que Valls déclare son soutien à la laïcité islamophobe d'Elisabeth Badinter !

L'Observatoire de la laïcité dans le collimateur d'une normalisation musclée ? Cliquer ici

Rappel 

Les célèbres propos d'Elisabeth Badinter en 2011 : «En dehors de Marine Le Pen, plus personne ne défend la laïcité». Cliquer ici


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NPA 34, NPA

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