L'heure est à élargir les grèves et à renforcer les manifestations !
Les routiers s'accrochent, les ouvriers
des raffineries sont en grève sur
plusieurs sites, les cheminots s'y
remettent dans la semaine, les
intermittents et précaires occupent
toujours des théâtres dans plusieurs
villes, les "aériens" s'y mettent en fin
de semaine, une nouvelle manifestation
aura lieu ce jeudi ... l'espoir est bien
là que le mouvement contre la loi
travail s'étende, que la mobilisation se
généralise, que des millions de gens s'y
mettent, qu'un déclic fasse enfin
pencher la balance du côté de la colère
sociale.
On peut toujours discuter la stratégie d'étalement des départs de grève des confédérations syndicales, le mouvement a la force de continuer depuis plus de 2 mois et c'est grâce à la détermination des équipes militantes de secteurs très différents, que ce soit dans la jeunesse, chez les Nuit Debout, parmi les intermittents, chez les routiers et cheminots, des syndicalistes de base, ... mine de rien, ça fait du monde qui a la volonté de construire une mobilisation large, de faire converger les résistances.
C'est cette ténacité qui fait espérer que le mouvement peut encore changer la donne et qu'il est largement possible de faire retirer la loi et même de faire tomber un gouvernement exécrable. Alors ne lâchons pas, préparons actions de la semaine, construisons ce mouvement, coordonnons les différents secteurs en lutte, unifions la mobilisation vers un vrai tous ensemble dans la rue, avec l'objectif de bloquer l'économie. Car c'est certain, pour gagner, il faut durcir la mobilisation.
En
1948 et en 1963, le charbon était au cœur de l'activité industrielle.
En 2016, comme en 2010, avec le tout-bagnole, le tout-camion et le
tout-car Macron, le pétrole est un élément essentiel de l'économie.
C'est pourquoi Valls, Sapin et Cazeneuve prennent aujourd'hui les
accents et enfilent les bottes de Jules Moch et de Sarkozy.
« Chantage », « prise d'otage », on connaît le vocabulaire... Et
pourquoi pas demain « terrorisme » et la réquisition jugée illégale par
l'OIT ? Mais les raffineurs ne feront pas seuls reculer le gouvernement.
C'est ce que vient de nous confier Thierry Defresne, délégué syndical central CGT Total Raffinage Pétrochimie. Cliquer ici
Raffineries en grève, cheminots partant pour un mouvement reconductible,
aviation civile qui embraye. Malgré les tentatives gouvernementales
pour décrédibiliser le mouvement, il monte en puissance. Mais les
raffineurs mettent en garde : « Pas question d’y aller seuls. »
« Il était 4 h 30, on était encore bien 200 sur le barrage, et les gardes mobiles ont chargé, sans aucune sommation. On a eu droit à toute la panoplie : grenades lacrymogènes, Flash-Ball, canons à eau… » Yann Manneval, secrétaire de l’union locale CGT de Martigues, l’un des “bloqueurs” de Fos-sur-Mer, raconte l’ampleur de l’intervention policière dans les Bouches-du-Rhône, mardi matin, contre les deux barrages érigés à l’entrée de la raffinerie et du dépôt pétrolier, sous la surveillance de drones et d’un hélicoptère.
Une intervention « extrêmement violente », pour Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral de la branche pétrole de la CGT, qui parle de blessés du côté des syndicalistes, ce que ne confirme pas Yann Manneval. « On n’a personne à l’hôpital, même s’il y a bien eu des coups de matraque, ainsi que pas mal de nausées dues aux lacrymos. »
La préfecture évoque sept blessés légers pour les forces de l’ordre. « Malgré la résistance des grévistes, les forces de l’ordre ont pu libérer les sites sans incident et avec beaucoup de sang-froid, essuyant de très nombreux jets de projectiles et devant faire face à des obstacles disposés sur leur progression dont des feux de pneus et de palettes », relate le communiqué de presse de la préfecture.
Après ce réveil en fanfare, la tension n’est pas redescendue : les manifestants délogés ont gagné au petit matin la maison des syndicats à Fos-sur-Mer, vite rejoints par de nouvelles unités de gardes mobiles. « D’autres militants nous ont accueillis, alertés par ce qui s’était passé au blocage, poursuit Yann Manneval. Les forces de l’ordre ont encerclé les lieux, nous poussant à l’intérieur. Je crois que c’est la première fois que ça arrive, une maison des syndicats envahie jusqu’au 1er étage par les gaz lacrymogènes et encerclée par des gardes casqués, bouclier au poing. » Une heure et demie plus tard, le local est finalement libéré, de même que les cinq militants arrêtés un peu plus tôt.
Le gouvernement a dit, à plusieurs reprises, qu’il n’hésiterait pas à intervenir pour lever les blocages, et tient pour le moment sa ligne dure. « La CGT trouvera une réponse extrêmement ferme de la part du gouvernement. Nous continuerons à évacuer les sites bloqués par cette organisation », a ainsi assuré Manuel Valls, mardi matin sur Europe 1. La menace de pénurie, alimentée par le récit non-stop des stations-service prises d’assaut par les automobilistes, sert de justification, même si pour le moment seuls 25 % des points de distribution semblent concernés.
Pas sûr que la stratégie soit efficace. Toutes les raffineries françaises sont désormais en grève, les deux dernières ayant embrayé en réaction à l’intervention musclée de mardi matin dans les Bouches-du-Rhône, et les blocages pourraient eux aussi se poursuivre sur les dépôts de carburant, comme ce mardi à Brest ou Lorient. À Fos-sur-Mer, les salariés de la raffinerie Exxon Mobil n’étaient pas encore mobilisés, c’est le récit de mardi qui les a décidés.
Même émotion dans une autre raffinerie du groupe à Notre-Dame-de-Gravenchon, en Seine-Maritime, où la grève a été votée en solidarité. « Valls et Vidalies [le ministre des transports – ndlr] peuvent faire tout le buzz qu’ils veulent, le résultat c’est que les camions rentrent mais comme le personnel de l’expédition est en grève, ça ne change rien », note Emmanuel Lépine. Au Havre, les salariés d’Exxon ont voté à 50 % pour la poursuite du mouvement, et ceux de la CIM à 95 %. À Grandpuits, dans la Meuse, 60 % des 284 salariés qui se sont exprimés ont voté pour un arrêt total de la raffinerie, à l’appel des syndicats CGT et FO.
Engagés à des degrés divers, les salariés des plus grands ports de France pourraient bien aussi être touchés par l’effet domino. À Marseille, les dockers, partis initialement pour une grève de 24 heures à compter du 26 mai, ont voté mardi pour un mouvement de 48 heures, et les portuaires sont en grève illimitée depuis dimanche soir.
Au Havre la consigne nationale de grève massive les 26 mai et 14 juin prochains devrait être suivie, avec possibilité de reconduction entre ces deux dates. « L’activité sera à zéro dans la plupart des ports », a déclaré au Monde Tony Hautbois, secrétaire général de la fédération des ports et docks.
« Traumatisés par l’échec de 2010 »
Le durcissement, manifeste, du mouvement dans la raffinerie, la pétrochimie et l’activité portuaire, semble faire tache d’huile dans d’autres secteurs stratégiques. La CGT cheminots, aux prises avec sa propre négociation sur le statut des travailleurs du rail, vient de rejoindre la position de Sud Rail et appelle désormais à une grève reconductible à partir du 31 mai. « C’est clair que la loi Travail bouscule un peu notre agenda revendicatif, mais ça ne veut pas dire qu’on va rester dans notre coin, expliquait un cheminot normand, jeudi dernier. Nous savons bien que le décret socle qu’ils nous préparent et la loi Travail, c’est le même topo. Début juin, si ça ne bouge toujours pas pour nous, on va monter d’un cran. »
Également engagés dans une négociation sociale difficile depuis l’an dernier, les syndicats de l’aviation civile ont fini par embrayer et appellent à la grève les 3, 4 et 5 juin prochains. Enfin, les adhérents CGT à la RATP se lancent aussi dans une grève illimitée à partir du 2 juin.
Ailleurs, c’est plus compliqué. Même si Philippe Martinez, secrétaire national de la CGT, a appelé sur BFM-RMC à « une généralisation des grèves partout en France », la grève ne décolle pas dans un certain nombre de secteurs. Les postiers sont essorés par les restructurations internes subies depuis des mois, l’enseignement s’épuise dans sa contestation de la réforme du collège, la fonction publique dans son ensemble peine à se mobiliser, loin statutairement des enjeux de la loi sur le travail.
« L’opinion publique est clairement défavorable à la loi, c’est net, mais dans un certain nombre d’entreprises, les difficultés à se mobiliser sont réelles, explique l’un des animateurs du collectif On bloque tout. Les gens sont traumatisés par l’échec de 2010 sur les retraites. » Par ailleurs, la faible syndicalisation générale des salariés français, notamment dans les secteurs les plus précarisés, ne favorise pas non plus les mouvements de masse.
Emmanuel Lépine, de la CGT raffinerie, est quant à lui bien conscient du risque que prend la CGT à laisser partir seuls les gros bastions, sans un élargissement réel du mouvement. « Pas question d’aller une nouvelle fois à l’abattoir. Là, on ouvre une fenêtre de tir pour l’ensemble des salariés, pour leur donner confiance, en leur disant “ça monte en puissance, profitez-en !”. Mais si d’ici à deux semaines, ce n'est pas plus fort ailleurs en termes de grève, alors on prendra nos responsabilités. »
Le gouvernement, de son côté, appuie sans vergogne sur les hésitations du corps militant. Pour l’exécutif, la mobilisation actuelle serait le fait des gros bastions traditionnels de la CGT, noyau d’irréductibles et de « radicaux », une « minorité » à contre-courant. L’argumentaire s’appuie notamment sur l’analyse à grands traits du dernier congrès de la CGT, en avril dernier à Marseille, qui a effectivement consacré la fin du « syndicalisme rassemblé » avec la CFDT – fracturé par la profonde divergence sur la loi El Khomri –, et prôné une ligne dure, faisant craindre à certains observateurs une forme de « repli sur soi ».
« On est pour un syndicalisme de lutte, un syndicalisme de classe, et on bosse avec ceux qui sont sur cette ligne. Les autres, on n’a pas besoin d’eux », assurait en écho jeudi dernier Reynal Kubecki, le secrétaire CGT de l’Union locale du Havre. L'image accolée à Philippe Martinez, ancien métallo de Boulogne-Billancourt, moustache d’Astérix et contre-exemple parfait du louvoyant Thierry Le Paon, rentre à merveille dans ce tableau.
Mais cette analyse résiste mal à la réalité composite du printemps social de 2016. Les huit appels à la grève sont portés depuis trois mois par une intersyndicale constituée également, pour les organisations professionnelles, par FO, la FSU et Solidaires. Sur les blocages pétroliers et dans les raffineries, un certain nombre de syndiqués FO sont mobilisés.
Les routiers, majoritairement affiliés à la CFDT, n’ont pas attendu l’appel de Laurent Berger pour bloquer les routes, la semaine dernière, avant de rentrer dans le rang sur la promesse que la loi El Khomri soit « neutralisée » dans leur branche. Enfin, au sein de l’appel unitaire « On bloque tout ! », 1 500 syndicalistes d’horizons différents et une centaine de syndicats, unions locales, fédérations et structures nationales d’obédience syndicale large, sont rassemblés. « Le gouvernement, qui est minoritaire au sein de sa propre majorité, n’a pas de leçon de démocratie à nous donner, ironise Emmanuel Lépine. Il y a du monde de manière continue dans la rue depuis trois mois, 1,5 millions de personnes ont dit non à la loi sur le travail en signant la pétition. Seulement, les grèves presse-bouton, même à la CGT, ça n’existe pas… La grève est un droit individuel, ce sera toujours aux salariés de décider. » L'article sur le site de Mediapart (accès réservé aux abonné-es)
Après une manif réussie contre Monsanto et une incursion dans le "temple" de la consommation, au Polygone, pour y opérer une prosternation de dérision devant les dieux marchandises, place à l'AG Populaire...
NPA 34, NPA
On peut toujours discuter la stratégie d'étalement des départs de grève des confédérations syndicales, le mouvement a la force de continuer depuis plus de 2 mois et c'est grâce à la détermination des équipes militantes de secteurs très différents, que ce soit dans la jeunesse, chez les Nuit Debout, parmi les intermittents, chez les routiers et cheminots, des syndicalistes de base, ... mine de rien, ça fait du monde qui a la volonté de construire une mobilisation large, de faire converger les résistances.
C'est cette ténacité qui fait espérer que le mouvement peut encore changer la donne et qu'il est largement possible de faire retirer la loi et même de faire tomber un gouvernement exécrable. Alors ne lâchons pas, préparons actions de la semaine, construisons ce mouvement, coordonnons les différents secteurs en lutte, unifions la mobilisation vers un vrai tous ensemble dans la rue, avec l'objectif de bloquer l'économie. Car c'est certain, pour gagner, il faut durcir la mobilisation.
Prenons la
bonne nouvelle de la palme d'or de
Ken Loach ce soir au festival de
Cannes comme un encouragement, comme
le signe que l'heure est venue pour
le mouvement social de régler ses
comptes avec les exploiteurs et les
oppresseurs. Philippe .
Jeudi
26 mai
Journée d'actions contre la loi travail MONTPELLIER
Journée d'actions contre la loi travail MONTPELLIER
départ
manifestation place Zeus à 10h30 et AG Coordination des luttes après la manif près du kiosque Bosc (Esplanade)
Quelques liens extraits de la dernière livraison de la Lettre d'Information (LI) du NPA 34
- Pour trouver un second souffle, Nuit Debout doit passer à l'action!
- Radio Debout, média en mouvement
- Interdictions de manifester : Minority Report n'est plus de la science fiction !
- Nîmes (30) : Réunion publique contre la loi El Khomri
- La fin du salariat, et tous Uber ?
- Une nouvelle révolution technologique pour relancer le capitalisme ?
- Uber, une modernité régressive
- Assemblée nationale : Qui veut censurer ce gouvernement ?
- Loi travail : un premier point d’étape après la mise en œuvre du 49-3, par Isaac Johsua (ESSF)
- La CGT- RATP appelle à la grève illimitée à partir du 2 juin (La Tribune)
- Loi travail : arrêt de la production à la raffinerie Total de Feyzin
(Rue89Lyon)
- La mobilisation des routiers fait reculer le gouvernement (Mediapart)
- [vidéo] Occupation des Beaux-Arts (DOC du réel)
- Paris Debout... le bulletin n°2 de lutte contre la loi Travail et son monde
(CIP-IDF)
- Contre la loi travail « et son monde », le mois de juin promet d’être chaud (Regards)
-
- Qui vient à Nuit debout ? Des sociologues répondent
(Reporterre)
- Les racines militantes de la Nuit debout (Regards)
- Le temps des chiens (Mediapart)
- “Nuit debout est le premier mouvement social post-marxiste” (ESSF)
- Nuit debout : anticapitalistes et "Bisounours" se disputent la communication (Regards)
- Startups de merde, vous devriez avoir honte (Relevé sur le Net...)
- Quand l’ubérisation fait entrer une forme de proxénétisme dans la répartition du travail (L'Humanité)
-
Audio. Révolte en prison / Défense collective judiciaire / Blocage des sites pétroliers à Rouen (Fréquence Paris Plurielle)
- Cauchemars et facéties - voiture de police (Lundi matin)
- Traitement médiatique des manifestations contre la loi travail : journalistes, retrouvons les bonnes distances ! (Acrimed)
- BFMTV endigue l’esprit anti-police, France 2 prône la réduction des allocations chômage (Ma vie au poste)
- TF1 prévoit une semaine de grèves “injustifiées” et de “violences urbaines” (Ma vie au poste)
- [photos] Balade dans Nantes « dévastée » (Relevé sur le Net...)
- TF1 et France 2 au secours des mal-aimés de la police (Acrimed)
- « La doctrine de maintien de l’ordre a changé. L’objectif est maintenant de frapper les corps » (Reporterre)
- Interdits de manifestation : l’état d’urgence contre la colère sociale (Regards)
- 1912 : Entr’aide et Défense sociale pour résister à la répression (Relevé sur le Net...)
- Etudiants, pas criminels! Soutenez Manon! (Mediapart)
- Exigeons la libération du lycéen nantais incarcéré pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » (L’envolée)
- Antoine, prisonnier politique à Lille, entre en grève de la faim (Lutte en nord)
-
Audio. Le travail mort-vivant (Radio Zinzine)
-
Audio. Le travail cancérogène (Fréquence Paris Plurielle)
- Salaire amputé, logement indécent et droits bafoués : bienvenue dans la vie d’un travailleur détaché (Basta)
- Audio; Une analyse critique du mouvement actuel et de ses perspectives
(Radio Libertaire)
- Les vents contraires font de la France une mer agitée, par Léon Crémieux (A l'Encontre)
- Réduction du temps de travail, emploi et chômage, par Michel Husson (son site)
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« Il était 4 h 30, on était encore bien 200 sur le barrage, et les gardes mobiles ont chargé, sans aucune sommation. On a eu droit à toute la panoplie : grenades lacrymogènes, Flash-Ball, canons à eau… » Yann Manneval, secrétaire de l’union locale CGT de Martigues, l’un des “bloqueurs” de Fos-sur-Mer, raconte l’ampleur de l’intervention policière dans les Bouches-du-Rhône, mardi matin, contre les deux barrages érigés à l’entrée de la raffinerie et du dépôt pétrolier, sous la surveillance de drones et d’un hélicoptère.
Une intervention « extrêmement violente », pour Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral de la branche pétrole de la CGT, qui parle de blessés du côté des syndicalistes, ce que ne confirme pas Yann Manneval. « On n’a personne à l’hôpital, même s’il y a bien eu des coups de matraque, ainsi que pas mal de nausées dues aux lacrymos. »
La préfecture évoque sept blessés légers pour les forces de l’ordre. « Malgré la résistance des grévistes, les forces de l’ordre ont pu libérer les sites sans incident et avec beaucoup de sang-froid, essuyant de très nombreux jets de projectiles et devant faire face à des obstacles disposés sur leur progression dont des feux de pneus et de palettes », relate le communiqué de presse de la préfecture.
Après ce réveil en fanfare, la tension n’est pas redescendue : les manifestants délogés ont gagné au petit matin la maison des syndicats à Fos-sur-Mer, vite rejoints par de nouvelles unités de gardes mobiles. « D’autres militants nous ont accueillis, alertés par ce qui s’était passé au blocage, poursuit Yann Manneval. Les forces de l’ordre ont encerclé les lieux, nous poussant à l’intérieur. Je crois que c’est la première fois que ça arrive, une maison des syndicats envahie jusqu’au 1er étage par les gaz lacrymogènes et encerclée par des gardes casqués, bouclier au poing. » Une heure et demie plus tard, le local est finalement libéré, de même que les cinq militants arrêtés un peu plus tôt.
Le gouvernement a dit, à plusieurs reprises, qu’il n’hésiterait pas à intervenir pour lever les blocages, et tient pour le moment sa ligne dure. « La CGT trouvera une réponse extrêmement ferme de la part du gouvernement. Nous continuerons à évacuer les sites bloqués par cette organisation », a ainsi assuré Manuel Valls, mardi matin sur Europe 1. La menace de pénurie, alimentée par le récit non-stop des stations-service prises d’assaut par les automobilistes, sert de justification, même si pour le moment seuls 25 % des points de distribution semblent concernés.
Pas sûr que la stratégie soit efficace. Toutes les raffineries françaises sont désormais en grève, les deux dernières ayant embrayé en réaction à l’intervention musclée de mardi matin dans les Bouches-du-Rhône, et les blocages pourraient eux aussi se poursuivre sur les dépôts de carburant, comme ce mardi à Brest ou Lorient. À Fos-sur-Mer, les salariés de la raffinerie Exxon Mobil n’étaient pas encore mobilisés, c’est le récit de mardi qui les a décidés.
Même émotion dans une autre raffinerie du groupe à Notre-Dame-de-Gravenchon, en Seine-Maritime, où la grève a été votée en solidarité. « Valls et Vidalies [le ministre des transports – ndlr] peuvent faire tout le buzz qu’ils veulent, le résultat c’est que les camions rentrent mais comme le personnel de l’expédition est en grève, ça ne change rien », note Emmanuel Lépine. Au Havre, les salariés d’Exxon ont voté à 50 % pour la poursuite du mouvement, et ceux de la CIM à 95 %. À Grandpuits, dans la Meuse, 60 % des 284 salariés qui se sont exprimés ont voté pour un arrêt total de la raffinerie, à l’appel des syndicats CGT et FO.
Engagés à des degrés divers, les salariés des plus grands ports de France pourraient bien aussi être touchés par l’effet domino. À Marseille, les dockers, partis initialement pour une grève de 24 heures à compter du 26 mai, ont voté mardi pour un mouvement de 48 heures, et les portuaires sont en grève illimitée depuis dimanche soir.
Au Havre la consigne nationale de grève massive les 26 mai et 14 juin prochains devrait être suivie, avec possibilité de reconduction entre ces deux dates. « L’activité sera à zéro dans la plupart des ports », a déclaré au Monde Tony Hautbois, secrétaire général de la fédération des ports et docks.
« Traumatisés par l’échec de 2010 »
Le durcissement, manifeste, du mouvement dans la raffinerie, la pétrochimie et l’activité portuaire, semble faire tache d’huile dans d’autres secteurs stratégiques. La CGT cheminots, aux prises avec sa propre négociation sur le statut des travailleurs du rail, vient de rejoindre la position de Sud Rail et appelle désormais à une grève reconductible à partir du 31 mai. « C’est clair que la loi Travail bouscule un peu notre agenda revendicatif, mais ça ne veut pas dire qu’on va rester dans notre coin, expliquait un cheminot normand, jeudi dernier. Nous savons bien que le décret socle qu’ils nous préparent et la loi Travail, c’est le même topo. Début juin, si ça ne bouge toujours pas pour nous, on va monter d’un cran. »
Également engagés dans une négociation sociale difficile depuis l’an dernier, les syndicats de l’aviation civile ont fini par embrayer et appellent à la grève les 3, 4 et 5 juin prochains. Enfin, les adhérents CGT à la RATP se lancent aussi dans une grève illimitée à partir du 2 juin.
Ailleurs, c’est plus compliqué. Même si Philippe Martinez, secrétaire national de la CGT, a appelé sur BFM-RMC à « une généralisation des grèves partout en France », la grève ne décolle pas dans un certain nombre de secteurs. Les postiers sont essorés par les restructurations internes subies depuis des mois, l’enseignement s’épuise dans sa contestation de la réforme du collège, la fonction publique dans son ensemble peine à se mobiliser, loin statutairement des enjeux de la loi sur le travail.
« L’opinion publique est clairement défavorable à la loi, c’est net, mais dans un certain nombre d’entreprises, les difficultés à se mobiliser sont réelles, explique l’un des animateurs du collectif On bloque tout. Les gens sont traumatisés par l’échec de 2010 sur les retraites. » Par ailleurs, la faible syndicalisation générale des salariés français, notamment dans les secteurs les plus précarisés, ne favorise pas non plus les mouvements de masse.
Emmanuel Lépine, de la CGT raffinerie, est quant à lui bien conscient du risque que prend la CGT à laisser partir seuls les gros bastions, sans un élargissement réel du mouvement. « Pas question d’aller une nouvelle fois à l’abattoir. Là, on ouvre une fenêtre de tir pour l’ensemble des salariés, pour leur donner confiance, en leur disant “ça monte en puissance, profitez-en !”. Mais si d’ici à deux semaines, ce n'est pas plus fort ailleurs en termes de grève, alors on prendra nos responsabilités. »
Le gouvernement, de son côté, appuie sans vergogne sur les hésitations du corps militant. Pour l’exécutif, la mobilisation actuelle serait le fait des gros bastions traditionnels de la CGT, noyau d’irréductibles et de « radicaux », une « minorité » à contre-courant. L’argumentaire s’appuie notamment sur l’analyse à grands traits du dernier congrès de la CGT, en avril dernier à Marseille, qui a effectivement consacré la fin du « syndicalisme rassemblé » avec la CFDT – fracturé par la profonde divergence sur la loi El Khomri –, et prôné une ligne dure, faisant craindre à certains observateurs une forme de « repli sur soi ».
« On est pour un syndicalisme de lutte, un syndicalisme de classe, et on bosse avec ceux qui sont sur cette ligne. Les autres, on n’a pas besoin d’eux », assurait en écho jeudi dernier Reynal Kubecki, le secrétaire CGT de l’Union locale du Havre. L'image accolée à Philippe Martinez, ancien métallo de Boulogne-Billancourt, moustache d’Astérix et contre-exemple parfait du louvoyant Thierry Le Paon, rentre à merveille dans ce tableau.
Mais cette analyse résiste mal à la réalité composite du printemps social de 2016. Les huit appels à la grève sont portés depuis trois mois par une intersyndicale constituée également, pour les organisations professionnelles, par FO, la FSU et Solidaires. Sur les blocages pétroliers et dans les raffineries, un certain nombre de syndiqués FO sont mobilisés.
Les routiers, majoritairement affiliés à la CFDT, n’ont pas attendu l’appel de Laurent Berger pour bloquer les routes, la semaine dernière, avant de rentrer dans le rang sur la promesse que la loi El Khomri soit « neutralisée » dans leur branche. Enfin, au sein de l’appel unitaire « On bloque tout ! », 1 500 syndicalistes d’horizons différents et une centaine de syndicats, unions locales, fédérations et structures nationales d’obédience syndicale large, sont rassemblés. « Le gouvernement, qui est minoritaire au sein de sa propre majorité, n’a pas de leçon de démocratie à nous donner, ironise Emmanuel Lépine. Il y a du monde de manière continue dans la rue depuis trois mois, 1,5 millions de personnes ont dit non à la loi sur le travail en signant la pétition. Seulement, les grèves presse-bouton, même à la CGT, ça n’existe pas… La grève est un droit individuel, ce sera toujours aux salariés de décider. » L'article sur le site de Mediapart (accès réservé aux abonné-es)
Nuit Debout Montpellier samedi dernier...
Dès 16 h, Ludovic de la CGT 34 entame son topo sur la crise de 2008. Magistral de clarté et de pédagogie !
Un grand merci aux camarades de la CGT 34 !
Après une manif réussie contre Monsanto et une incursion dans le "temple" de la consommation, au Polygone, pour y opérer une prosternation de dérision devant les dieux marchandises, place à l'AG Populaire...
Et aussi
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