"Si ça avait été notre parole contre la parole policière, il n'y aurait pas eu de procès"
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24 novembre : Au procès du flash-ball à Bobigny, « il n’y a pas d’impunité policière » par Marie Barbier (Chroniques de palais)
Assa Traoré : « Cette détention provisoire, c’est une vengeance insupportable du parquet de Pontoise » (Contre-attaque-s)
Assa Traoré : « Cette détention provisoire, c’est une vengeance insupportable du parquet de Pontoise » (Contre-attaque-s)
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"Quand vous êtes blessés par la police, c'est un combat énorme pour arriver à avoir un procès, souligne Joachim Gatti. Vous avez presque à vous justifier d'avoir été mutilé. Heureusement, des témoins objectifs étaient présents." Des témoins, dont les déclarations balayent la thèse de la légitime défense, ce qu'ont confirmé l'enquête et l'expertise judiciaire.
Lundi, 1er jour au tribunal. Nous commençons par une prise de parole
avec les personnes présentes en soutien, et le grand nombre de
journalistes déjà là devant le TGI de Bobigny. Entre 2009 et
aujourd’hui, le nombre de personnes blessées ou mutilées par des tirs de
flashball et surtout de LBD40 a triplé, on recense au moins 41
personnes mais seulement 3 ou 4 affaires ont été autre chose que des
non-lieu, et sur les 3 ou 4 condamnations les policiers ont eu du sursis
tout au plus. Cliquer ici
« Le flash-ball n’est pas une arme précise », concède rapidement la première experte, commandante de police qui officie au laboratoire de la police scientifique. « Souvent, le point visé n’est pas le point touché », dit-elle plus tard. « Super efficace », raille une jeune femme, sur le banc des membres du collectif du Huit Juillet, créé en mémoire de cet événement et en soutien des blessés. « Quand vous faites point visé, point touché à vingt mètres, bah c’est un coup de bol », explique le second expert. La phrase passe mal parmi les proches des victimes, certains arborant un tee-shirt noir « Gardiens de la paix, mon œil ».
3e jour du procès du flash ball : poursuite de l’audience et rassemblement ce soir à Montreuil
(Paris-luttes.info)
Récit 4e jour du procès des flics qui tirent dans le tas à Montreuil (Paris-luttes.info) Voir ici aussi
L’impunité dont jouissent les « forces de l’ordre » ne doit pas s’accompagner de nos silences : une réponse de notre camp social doit se faire entendre, un tous ensemble pour dénoncer ce qui est arrivé ou arrive à Joachim Gatti, Rémi Fraisse, Adama Traoré ou aux Goodyear. Nous ne pouvons plus tolérer un geste violent, un procès, et l’état d’urgence qui les accompagne. Si urgence il y a, c’est celle de faire le procès du tazer et autre flash-ball, de désarmer la police et de faire le procès des « forces de l’ordre » et de ceux qu’elles servent. Cliquer ici
Récit 4e jour du procès des flics qui tirent dans le tas à Montreuil (Paris-luttes.info) Voir ici aussi
L’impunité dont jouissent les « forces de l’ordre » ne doit pas s’accompagner de nos silences : une réponse de notre camp social doit se faire entendre, un tous ensemble pour dénoncer ce qui est arrivé ou arrive à Joachim Gatti, Rémi Fraisse, Adama Traoré ou aux Goodyear. Nous ne pouvons plus tolérer un geste violent, un procès, et l’état d’urgence qui les accompagne. Si urgence il y a, c’est celle de faire le procès du tazer et autre flash-ball, de désarmer la police et de faire le procès des « forces de l’ordre » et de ceux qu’elles servent. Cliquer ici
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C’est d’abord Patrice L., de la BAC de
Montreuil, qui tire et blesse un homme au niveau du front. Le policier
Mickaël G., de l’unité mobile de sécurité de Seine-Saint-Denis, tire
également et blesse un autre homme, à la clavicule droite. Au même
moment, Patrice L. tire une seconde fois et atteint Joachim Gatti en
plein visage. Plus loin, Mickaël G. fait à nouveau usage du Flash-Ball
et atteint encore un homme au bras gauche. Un troisième policier, Julien
V., de la BAC de Rosny-sous-Bois, va ensuite blesser deux personnes, un homme au poignet gauche et une femme à la jambe droite, alors qu’elle courait. Ce sont ces trois policiers qui sont poursuivis.
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A l’ouverture des débats, Joachim Gatti tient à faire part de son
malaise : « Des choses ont été dites hier qui sont pour moi
insupportables : entendre dire que Si c’était à refaire, ils le referaient, ou que c’était une opération efficace…
« Le fait que leur faute soit considérée comme une faute de service et
non personnelle signifie qu’ils avaient tout soutien de leur hiérarchie
et du ministre de l’époque ! » a martelé Me Lienard, défenseur de
Patrice L., l’un des policiers.
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« Le flash-ball n’est pas une arme précise », concède rapidement la première experte, commandante de police qui officie au laboratoire de la police scientifique. « Souvent, le point visé n’est pas le point touché », dit-elle plus tard. « Super efficace », raille une jeune femme, sur le banc des membres du collectif du Huit Juillet, créé en mémoire de cet événement et en soutien des blessés. « Quand vous faites point visé, point touché à vingt mètres, bah c’est un coup de bol », explique le second expert. La phrase passe mal parmi les proches des victimes, certains arborant un tee-shirt noir « Gardiens de la paix, mon œil ».
Audio. Avec des membres du Collectif 8 juillet contre les violences policières,
par
(Fréquence Paris Plurielle)
Tribune
Mutiler et punir
Tribune
Mutiler et punir
Au tribunal de
Bobigny, à l'ouverture du procès des trois policiers jugés pour avoir fait
usage de leur flash-ball en juillet 2009 à Montreuil. Photo Denis Allard. Réa
pour Libération
Cette semaine, sept
ans après une mutilation au flash-ball à Montreuil (Seine-Saint-Denis), se
tient le procès de trois policiers. La banalisation de cette arme démontre
une volonté collective de faire mal.
Mutiler et punir
Le soir du
8 juillet 2009, nous organisons un repas dans la rue pour protester contre
l’expulsion, le matin même, d’une ancienne clinique occupée et transformée en
un lieu aux multiples activités sociales et politiques. Après le repas, nous
marchons jusqu’au lieu en question. Les policiers viennent se garer près de la
clinique, sans sirène ni gyrophare. Ils sortent de leurs voitures et
s’équipent de leurs flash-balls. Alors que nous nous éloignons, ils nous tirent
dessus à trois reprises, sans sommation et à hauteur de visage. Une personne est
touchée en plein front. Igor est touché à la clavicule, Joachim est atteint à
l’œil et s’effondre. Les policiers ne lui portent pas secours et continuent à
pourchasser le reste des manifestants. Trois tirs de flash-ball éclatent
de nouveau blessant à nouveau trois fois, Flo à la jambe, Gabriel à
l’épaule, et Eric au niveau de la nuque. Chacun de nous aurait pu être
mutilé.
Sept ans
après, trois policiers, Patrice L.G., Mickaël G., et
Julien V., vont être jugés au tribunal correctionnel de Bobigny
(Seine-Saint-Denis), du 21 au 25 novembre.
La
hiérarchie policière et judiciaire aurait préféré faire reposer l’entière
responsabilité des faits sur le seul policier ayant tiré sur Joachim,
disculpant les autres et se disculpant par là même. Le policier aurait été jugé
en tant que personne et non en tant que policier. On se serait attardé sur son
profil psychologique, ses antécédents. On aurait cherché en vain la figure d’un
criminel, d’un flic pourri et on n’aurait rien trouvé sinon un policier,
un banal policier pour lequel l’usage de la violence est tout aussi banal. On
aurait fait valoir une erreur de jugement. On aurait mis en avant l’imprécision
de l’arme.
A la faveur
de la comparution des trois policiers devant les tribunaux, un autre sens
peut émerger. Chaque policier a tiré deux fois. Six tirs en tout, qui ont
blessé six personnes. A une exception près, tous les tirs touchent le haut du
corps, précisément là où la police n’a pas le droit de tirer.
La répétition des tirs en direction du visage écarte l’hypothèse de
simples erreurs, d’accidents, ou d’imprécision de l’arme et démontre une
volonté collective de faire mal, de punir.
Si cette
volonté de punir est imputable aux policiers, elle l’est aussi à la
hiérarchie. L’un des trois inculpés explique qu’on leur avait donné «carte
blanche». De manière assez ordinaire, la hiérarchie a joué sur la
propension des policiers à sortir du rang, à ne pas respecter les règles,
à utiliser la force arbitrairement, non pas en donnant un ordre mais au
contraire, en n’en donnant pas. Le flou entretenu par la hiérarchie quant à la
nature de l’opération, notre catégorisation comme dangereux, son absence lors
des opérations démontrent qu’elle a laissé libre cours, voire encouragé les
policiers à agir ainsi. Cette carte blanche était un permis de mutiler.
Les
policiers se sont d’ailleurs empressés de la saisir : dès qu’ils entendent
l’annonce d’un déplacement des manifestants vers la clinique et alors
qu’ils ne sont pas demandés en renfort, l’équipe de jour, en fin de service,
reprend ses armes et se précipite vers le stand de tir.
Cette
histoire en dit long sur l’action quotidienne de la police. Les policiers se
persuadent qu’ils font ce que la justice ne fait pas, ou pas assez, ou pas
assez durement et systématiquement. Ils pensent appliquer une justice de
terrain, une justice extralégale. Ils justifient ainsi leurs pratiques brutales,
humiliantes et illégales par ailleurs encouragées par des objectifs chiffrés en
matière de contrôles, d’arrestations. L’obsession des policiers envers
les tribunaux trop laxistes trouve ici une explication.
Le
flash-ball se prête parfaitement à ces pratiques punitives. La police l’utilise
comme elle utilisait jadis un bottin téléphonique, pour frapper sans laisser de
trace. Sauf que ce soir-là, l’un des tirs a laissé une trace indélébile. Si
Joachim n’avait été «que» blessé, et non mutilé, il n’y aurait eu aucune
enquête et nous serions sans doute rentrés chez nous, la douleur au corps et la
peur au ventre comme cela arrive quotidiennement en France sans que personne ne
dise rien. Car pour un œil crevé, combien de corps frappés, d’anonymes
portant en eux le souvenir des coups de flash-ball, de tonfas, de poings, de
pieds, de grenades de désencerclement. Combien ? Des milliers.
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Pendant la mobilisation contre la loi "travail", à Montpellier...Bien sûr aucune suite disciplinaire ni judiciaire n'a été donnée...
Cliquer ici et ici
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Police-justice et la fabrication de la phobie des musulmans
Fin janvier 2015, Bourgoin-Jallieu dans l'Isère. La justice française décide de retirer aux parents Msakni la garde de leurs cinq enfants, dont un nourrisson de trois mois, provoquant l'indignation d'Abdelaziz Chaambi, président du CRI (Coordination contre l'islamophobie ) qui décide alors de mener la fronde. Il est reproché au père, un homme de 30 ans, une pratique de « l’islam radicale ». Pèse également sur lui des soupçons de maltraitance sur certains des enfants de sa compagne. Quelques semaines plus tard, grâce à la mobilisation des militants, les enfants seront rendus à leurs parents mais l'affaire ne s'arrête pas là pour autant : la justice décide alors de porter plainte contre Abdelaziz Chaambi. Son procès aura lieu le 15 Février 2017. Entretien. Cliquer ici
Quant aux Noirs...
Ils sont accusés d'outrage à agent, de violences et de menaces de mort. Adama Traoré, 24 ans, était décédé à la suite de son interpellation par les gendarmes de Beaumont-sur-Oise.
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L'intervention complète d'Assa Traoré
Mise en détention de Youssouf et Bagui Traoré (Paris-luttes.info)
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« (...) Au premier regard blanc, il ressent le poids de sa mélanine. »
« Quand on m’aime, on me dit que c’est
malgré ma couleur de peau. Quand on me déteste, on ajoute que ce n’est
pas à cause de ma couleur... Ici ou là, je suis prisonnier du cercle
infernal. »
« Le péché est nègre comme la vertu est blanche. »
« (...) Si c’est au nom de
l’intelligence et de la philosophie que l’on proclame l’égalité des
hommes, c’est en leur nom aussi qu’on décide de leur extermination. »
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