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Dossier Syrie. Alep, le massacre d'une population, la mise à mort d'une révolution...


 ... la faillite politique d'une partie de la "gauche radicale" !

 
 

« Camarade », 
Cela fait plusieurs semaines que je me dis que je vais t’écrire, et ce sont les événements tragiques d’Alep et ta réaction à ces événements, ou parfois ta non-réaction, qui ont fini par me persuader que l’heure était venue de m'adresser à toi. Pas nécessairement dans le but de te convaincre, car je crois que malheureusement il est déjà trop tard. Mais au moins, comme ça, les choses seront dites et tu ne pourras pas dire que tu ne savais pas. 

Au nom de l’anti-impérialisme ? 

La ville d’Alep est victime d’un massacre, d’une véritable boucherie qui fait immanquablement penser à d’autres villes martyrs comme Srebrenica, Grozny, Fallouja, mais aussi Varsovie et Guernica, ou encore aux camps palestiniens de Sabra et Chatila. Les témoignages directs qui affluent de la ville, venus de Syriens « ordinaires », et non des seuls membres d’un quelconque groupe armé, sont éloquents, a fortiori lorsqu’ils sont accompagnés de photos ou de vidéos. Des mots et des images qui disent la détresse, qui disent l’impuissance, qui disent l’horreur. 

Mais toi, « camarade », tu t’es évertué ces derniers jours – si l'on peut considérer que cet exercice peut avoir de près ou de loin un quelconque rapport avec une vertu – à expliquer qu’il ne fallait pas s’engager aux côtés des habitants d’Alep et qu’il ne fallait pas dénoncer les bombardements dont ils étaient victimes, pas plus qu’il ne fallait dénoncer les exactions commises par les troupes au sol lors de la « libération » de la ville. En d’autres termes, tu es venu nous expliquer qu’il ne fallait pas prendre de position claire et déterminée contre un massacre planifié et perpétré par le régime dictatorial de Bachar al-Assad et par ses alliés, au premier rang desquels la Russie et l’Iran. Cliquer ici

Les dessins de Karak utilisés ici, le sont par initiative du NPA 34.

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Le discours qui a semé le trouble s’est construit à partir d’un amalgame et d’une contre-vérité. L’amalgame, on le connaît. Il a mis dans le même sac Daech, les courants jihadistes présents à Alep et les rebelles, qui ne sont en rien jihadistes. Depuis plusieurs mois, il est de bon ton de mettre des guillemets à « modérés ». Cela peut s’entendre comme on veut. Des civils qui ont pris les armes ne sont plus des modérés en effet. Sont-ils pour autant devenus des jihadistes ? Évidemment non. C’est pourtant ce que les guillemets insinuent. Ils suggèrent aussi que la révolution aurait disparu, ou même qu’elle n’aurait jamais existé. Un peuple arabe qui se soulève contre son tyran n’est-il pas nécessairement fanatique ou jouet d’une manipulation ? La méconnaissance de la géographie de la Syrie a fait le reste. Alep, la rebelle, et Raqqa, fief de Daech, se sont peu à peu superposées dans les discours. Parce qu’il bombardait Alep, Poutine était devenu le meilleur combattant contre Daech qui, pourtant, n’y était pas

[…] Le maire d’Alep-Est que nous avons rencontré parle de deux cents à trois cents jihadistes sur sept mille rebelles dans cette partie de la ville. D’autres sources nous ont parlé de six cents à huit cents jihadistes. Cliquer ici

 Une lecture ambivalente de la tragédie d'Alep a pris corps dans des cercles de la gauche « radicale ». Celle-ci efface des débats les combattants pour une Syrie libre et démocratique qui s’opposent à la fois à la dictature d’El-Assad et à Daech. Ce discours impérialiste français, qui s'oppose à l'impérialisme étatsunien, renie plus d’un siècle de traditions et de luttes internationalistes.  

Le niveau de tartufferie et de cynisme de carriéristes politiques et autres « intellos » de salon a atteint la cote d’alerte. Le seul acte de « bravoure » de ces acteurs consiste à prendre à rebrousse-poil les « médias-à-la-solde-des-États-Unis-qui-désinforment ». Ce discours révisionniste que l’on nous sert à grosses louches ces jours-ci sur les réseaux sociaux est un poison mortel à gauche. 

Il faut admirer la plasticité et l’adaptabilité idéologique d’une argumentation qui procède essentiellement par diversions (« Pourquoi ne parlez-vous pas des autres guerres ? »), par le biais de recensions comptables « objectives » (« cela fait six mois que l’on nous annonce la destruction du dernier hôpital à Alep-Est ») et d’affirmations aussi idiotes que scandaleuses, vite démenties quand les critiques enflent (« Poutine va régler le conflit en Syrie »). Cliquer ici

 Et cette gauche-là acquiesce sous le prétexte qu’il n’y a pas d’autre choix : c’est lui [Assad] ou Daech...

Peut-on sérieusement qualifier de laïque un régime qui s’est employé dès sa naissance, pour s’imposer et durer, à envenimer les relations entre les différentes communautés confessionnelles, qui a pris en otages alaouites et chrétiens, qui a lui-même présidé à la contamination de la société syrienne par le salafisme le plus obscurantiste, qui a manipulé à son profit toutes espèces de djihadistes, et pas seulement en Syrie ?

Déconstruction du misérable positionnement de Mélenchon sur Alep

Un texte de Vincent Présumey publié sur son compte Facebook

Cette vidéo de J.L. Mélenchon ...


... est en ce moment diffusée par ses supporters avec le commentaire suivant : "Jean-Luc Mélenchon sa position sur le conflit en Syrie. Une grande campagne de propagande médiatique lui attribue des positions qui ne sont pas les siennes."
J'invite, pour améliorer les conditions du débat et de la réflexion, à la partager (sur la Syrie voir la toute première partie de la vidéo) mais avec mon commentaire, en cliquant sur "Partagez".


Car il est certain que sincèrement, beaucoup de diffuseurs de ces propos pensent ainsi démentir la réputation de partisan de Poutine qui colle à J.L. Mélenchon depuis qu'il a salué, voici plus d'un an, le bon boulot que Poutine allait faire à Alep. Sans doute pensent-t-ils en entendant ces propos avoir affaire à un homme de paix calomnié par les médias.

Or cette vidéo, si on l'écoute en utilisant sa raison et son esprit critique, les qualités même dont se prévaut J.L. Mélenchon pour donner l'impression à ses jeunes auditeurs (il s'adresse explicitement aux "jeunes" pour qui "tout cela est loin") qu'ils sont intelligents et ne se laissent pas avoir par "les médias", montre au contraire fort bien pourquoi J.L. Mélenchon soutient bel et bien le massacre d'Alep, sous des phrases hypocrites assez répugnantes une fois le procédé déconstruit, car il est évident qu'il fait cela consciemment.

Elle montre aussi que sa motivation n'est pas une supposée admiration pour Poutine, mais la défense des intérêts bien compris de l'impérialisme français, le conduisant à une position non pas pacifiste ainsi qu'il le dit, mais immédiatement belliciste et tortionnaire, ce qu'il sait très bien tout en invoquant Jaurès.

Donc, reprenons ses propos.

Il commence par nous expliquer que la guerre c'est affreux, et que les bombardements c'est terrible. Certes, mais cette sorte de dilution de la question laisse déjà clairement entendre qu'à Alep la guerre est nécessaire et donc les bombardements. Le centrage du propos sur les bombardements a en outre une autre fonction : à Alep cela fait des années qu'il s'agit de bombardements, mais au moment présent il s'agit de ratissage, d'assassinats dans la rue et les maisons, au couteau, de viols, de torture. Notons bien que de cela J.L. Mélenchon ne dira pas un mot tout au long de sa vidéo. Le propos initial campe le terrain : à Alep il y a des bombardements, c'est cruel et je ne soutiens pas ça puisque je reconnais combien c'est cruel, donc le brave militant "insoumis" est supposé convaincu que "JLM" est un humaniste qui, au grand jamais, ne saurait soutenir un bombardement. Cette posture bien posée, que nous explique l'humaniste ?

Il nous offre, dans sa paternelle sollicitude, un parallèle pédagogique, afin que l'on comprenne bien de quoi il est question. Au Havre, à Lorient, dans de nombreuses villes françaises, en 1944, les Américains ont bombardé des villes entières pour combattre les "Waffen SS" qui s'y trouvaient. Sans même avoir à le dire -parfaite maîtrise de la pire hypocrisie - notre humaniste compatissant suggère qu'à Alep, il y a des sortes de "Waffen SS" qu'il faut bien combattre par des bombardements. En fait, "JLM" est en train de nous expliquer qu'il soutient les bombardements, ceux des Américains en 44 comme ceux des Russes en 2016, sans avoir à le dire, puisqu'il faut bien bombarder partout autour des méchants, quand les méchants sont là. Soit dit en passant les bombardements US massifs en 1944 n'avaient pas de réel intérêt militaire contre les nazis et ont empêché, à Marseille, une insurrection populaire contre les SS. Sans doute l'état-major US ne souhaitait-il pas s'appuyer sur le peuple français contre les nazis. "JLM" aurait eu là un beau sujet pour montrer combien les yankees sont pervers, mais il l'évite puisqu'il nuirait à sa démonstration présente. Poursuivons.
 

Notre grand pédagogue explique ensuite au jeune insoumis ce qui est censé se passer réellement à Alep, en affectant l'impartialité de celui qui fait usage de sa "raison". Selon lui, à Alep Ouest il y a "l'armée régulière et les Russes" - notons le terme "armée régulière" pour désigner l'armée décomposée, à moitié mercenarisée et prédatrice d'un Etat failli qu'est l'armée de B.El Assad. Et, à Alep Est, poursuit-il, il y a des forces puissamment armées par les Etats-Unis.

Premier énorme mensonge, que prolonge le suivant : ces forces, c'est al-Nosra, c'est-à-dire al-Qaïda, "les gens qui ont assassiné Charlie Hebdo". Donc à l'ouest des gens "réguliers", à l'Est ceux-là même qui ont assassiné Charlie Hebdo, armés par les Etats-Unis !

Si, avec ça, le jeune "insoumis" n'a pas envie d'en découdre avec ces "Waffen SS", c'est qu'il a déjà suffisamment de raison et d'esprit critique pour résister aux suggestions meurtrières que distille consciemment son candidat !

La réalité d'une insurrection populaire syrienne contre El Assad, qui serait tombé en 2011 si l'insurrection avait été armée, qui serait tombé en 2014 si Iran et Hezbollah n'étaient pas massivement intervenus, qui serait tombé fin 2015 si les bombardements russes massifs n'avaient pas commencé, qui a cependant chassé Daesh d'Alep en 2014, car Daesh a été lâché avant tout contre cette insurrection, cette réalité est niée, et le peuple d'Alep Est pour J.L. Mélenchon, ce peuple qui refuse d'être trié, traqué, violé, torturé, par les nervis de Bachar et les milices islamistes du Hezbollah, n'existe en aucun cas comme force autonome.

Il peut être, dans ces conditions, un sujet de larmes de crocodile : les gens d'Alep Est sont "opprimés deux fois", une fois par les assassins de Charlie Hebdo armés par les Etats-Unis et une fois par les bombardements, par ailleurs bien justifiés, point n'est besoin de le dire -et "JLM" ne le dit pas, fort de sa suffisante hypocrisie, nullement "rationnelle", car reposant entièrement sur un mensonge conscient. Il se paye même le luxe de nous expliquer qu'entre deux bombardements il n'a pas de préférence. Il est vrai qu'à Alep il n'y pas "deux" bombardements mais un seul, et continu depuis un an ...

On passe alors à François Hollande. C'est pratique, c'est facile. Il aurait menacé Poutine (qu'il n'a en réalité pas nommé) du Tribunal Pénal International, ce qui est en effet de fait ridicule et hypocrite -mais ni plus ni moins que la couverture du massacre à Alep Est à laquelle se livre ici "JLM".

Celui-ci commence alors à dégager sa ligne politique dans cette affaire, ayant clairement suggéré, sans l'avoir dit, que les Russes ont bien raison de bombarder Alep, tout en niant par omission délibérée tortures, viols, tri, traque, et toute l'horreur effective. "Nous n'avons d'autre intérêt que le notre, nous Français". "JLM" parle pour "la France", et non pas pour la raison et la sagesse ainsi qu'il le prétend, encore moins pour les exploités et opprimés du monde entier. Donc quel est "l"intérêt de la France" ? C'est "que la guerre s'arrête". Mais comment ? De façon "que soient défaites les troupes qui nous envoient des bombes".

En clair, pour arrêter la guerre, "JLM" nous appelle à la faire : à la faire contre qui ? Non pas contre Daesh, qui n'est jamais nommé dans cette vidéo, mais contre ceux qu'il a accusés, armés par les Etats-Unis, de tenir Alep Est. "JLM" nous appelle à faire la guerre aux côtés de Poutine pour massacrer les Syriens révoltés, et il appelle cela faire la paix.

Il embraye ensuite sur Mossoul, de façon à se montrer objectif et équilibré, et même un tantinet subversif puisque cela permet de mettre en cause une intervention étrangère française : comme ça, je jeune insoumis admiratif sera comblé. Assurément, l'intervention impérialiste nord-américaine, suivie de la France et de quelques autres, à Mossoul, n'est pas plus désintéressée que l'intervention impérialiste russe à Alep, mais à Mossoul il n'y a pas d'insurrection à réprimer ni de dictature absolue à rétablir. La pseudo-condamnation du siège de Mossoul n'est ici qu'un exercice de rhétorique pour appuyer le soutien de fait de "JLM", conscient, assumé, d'où ces manoeuvres discoureuses, au massacre à Alep.

La péroraison approche : "les Etats-Unis et leurs alliés veulent découper le pays" (la Syrie). Les Etats-Unis en réalité n'ont jamais voulu renverser Bachar el Assad et les actes de leurs forces allant le plus dans le sens d'un découpage territorial sont leur appui aux milices kurdes du PYD, passées du "marxisme léninisme" au "confédéralisme démocratique" : l'autonomie, voire l'indépendance, du Kurdistan met bien en cause les frontières existantes que "JLM" appelle de fait à défendre, avec la Russie comme gardien de l'ordre n°1. Il ne dira donc pas un mot, sauf une allusion rapide destinée à faire vibrer le jeune insoumis, des Kurdes, car le sujet est délicat pour le schéma qu'il veut imposer. Il tentera seulement de soulever l'indignation envers l'intervention turque, effectivement scandaleuse, "oubliant" seulement d'en souligner les connivences ... russes, et "oubliant" l'intervention iranienne plus ancienne. Même appel à l'indignation avec le long développement sur les bombardements saoudiens au Yémen, qui n'a pas pour but de mobiliser en défense du peuple yéménite, mais d'inculquer au jeune insoumis admiratif l'idée que tous les bombardements sont bien tristes, même s'il y en a qui sont plus justifiés que d'autres. Notons que J.L. Mélenchon dénonce les bombardements d'hôpitaux à Sanaa et qu'il a bien raison. Mais pourquoi diantre n'a-t-il dit un seul mot du bombardement systématique de tous les hôpitaux d'Alep Est ? Etrange pour quelqu'un qui dit n'avoir point de préférence "entre les bombardements" ... d'hôpitaux.

"JLM" fait mine de s'imaginer que les Etats-Unis contrôlent tout ce qui se passe au Yémen et sont fortement présents à Alep Est.

C'est l'occasion de souligner une autre fausse lacune de sa vidéo : Trump ! Trump tend la main à la Russie et menace la Chine ; il a à l'évidence dit ou fait dire à Poutine qu'il pouvait y aller à Alep. La politique de l'impérialisme nord-américain n'est pas celle qu'imagine "JLM", ce qui l'impuissante donc pour combattre celui-ci aussi, pourtant le seul impérialisme dont il parle jamais.

"Nous sommes menacés d'une guerre généralisée", il faut dont "empêcher l'engrenage", lequel engrenage a pour centre "Alep". Qu'est-ce là, sinon un appel à bombarder, à faire la guerre, un soutien effectif aux tortionnaires et aux violeurs ? "Le courage, c'est chercher la vérité et la dire", disait Jaurès : mettre Jaurès dans l'envolée finale de sa pauvre péroraison quand on appelle en fait à participer à la guerre de l'impérialisme russe, est fort répugnant.

Cela étant dit, la position de "JLM" ne provient pas d'une quelconque allégeance à Poutine. Il le dit lui-même : ce sont "nos intérêts" - ceux de l'impérialisme français. F. Hollande est attaqué ici non pour les avoir défendus et avoir tapé sur le monde du travail en France, mais pour apparaître trop faible aux yeux "du monde" et trop aligné sur les Etats-Unis, dont "JLM" ne comprend par ailleurs strictement rien, si l'on s'en tient à cette vidéo (mais là je n'exclus pas qu'il n'y comprenne réellement rien) à la crise bien réelle qu'ils connaissent à tous les niveaux.

"JLM" est ici pour faire la guerre, non pas même à Daesh, mais à ce qu'il appelle "al-Nosra, les assasins de Charlie Hebdo" - Cabu et Wolinski n'ont pas mérité ça, mais leurs mânes en ont déjà subi d'autres ...- c'est-à-dire à la population d'Alep Est et le peuple syrien, de façon à repositionner la France dans le concert des puissances, aux côtés de la Russie - et si Trump peut poursuivre, ça tombe bien, il se retrouvera aussi aux côtés de Washington, mais ça il ne faut pas le dire au jeune "insoumis" !

Sainte Alliance avec la Russie, en premier lieu contre le peuple syrien, dans le cadre d'une Union Européenne maintenue.

François Fillon ne saurait mieux dire.

 Déjà en février de cette année... le Soumis à la "politique" syrienne de Poutine

"Je pense [que Poutine] va régler le problème"... 10 mois après le "règlement" russe a bien avancé à Alep !

Cliquer ici

Note du blog du NPA 34 : On peut voir aussi cette vidéo de la Revue de la semaine #11 : Alep, Moyen-Orient, méthane, inscription sur les listes électorales. Pour la Syrie aller à 13:30. Chacun remarquera que, visiblement assez embarrassé par ses déclarations passées sur la Syrie, Mélenchon essaie toujours de noyer le poisson des enjeux de la bataille d'Alep : le plus notable est la volonté de poser une équivalence entre les parties en présence sur ce terrain des combats entre une armée "régulière" (sic) au service du dictateur Assad et une autre armée constituée en bonne et due forme (résistance populaire sans moyens et désespérée connaît pas !) et qualifiée contre l'évidence (voir les articles ci-dessous) d'islamistes (confondus implicitement avec les jihadistes !) ! Tout à son leitmotiv mystificateur de l'intérêt supposé être celui de la France (c'est qui la France ? Dassault aussi ?) pour la paix, il en oublie le devoir internationaliste de s'opposer, oui s'opposer, à l'agression criminelle menée par un dictateur des plus sauvages appuyé par l'impérialiste russe. Le fin mot de l'histoire est que cet insoumis autoproclamé reste, pour l'essentiel, sur ce que Vincent Présumey démonte dans les lignes ci-dessus : l'indignation qu'exprime ce personnage (vieux truc, à la Georges Marchais, de la forteresse assiégée à défendre coûte que coûte) sert à battre le rappel du fan club de la France Insoumise pour qu'elle ne pense pas de façon critique sur le massacre d'une population et sur l'acceptation de fait par son héraut dudit massacre en cours. Rien de nouveau d'une vidéo à l'autre. Toujours aussi misérable. Continuité dans l'abjection...
 
A lire (à voir) aussi


La propagande russo-syrienne à propos de la bataille d’Alep bat son plein. Sur YouTube, la seconde vidéo la plus vue en ce moment émane ainsi de Russia Today France, preuve de sa puissance sur internet. […]

La vidéo, hébergée par le site dépendant du Kremlin Russia Today France (RTF), s’arrête là. Elle a été reprise par plusieurs sites extrémistes et conspirationnistes français, comme BreizhInfo, Le Salon Beige, Les Moutons Enragés ou encore Sputnik news (agence russe pro-Kremlin). Des versions en allemand et espagnol sont aussi diffusées par les chaînes locales de RT. Comment cette propagande russo-syrienne est-elle devenue mainstream sur internet ? 

“La presse de ‘réinformation’ est pratiquement majoritaire sur internet” 

Pour l’historienne Marie Peltier, auteure de L’Ere du complotisme (éd. Les Petits matins), l’audience de cette vidéo tient beaucoup à la place hégémonique acquise par RT sur le web :

“La presse dite ‘alternative’, ou de ‘réinformation’, pourfendeuse des médias occidentaux, est pratiquement majoritaire sur internet. RT a pris une place structurante dans cette nébuleuse : il suffit qu’elle balance un élément de narration pour qu’il soit repris en cascade par une chaîne de sites conspirationnistes.” Cliquer ici


"Si un criminel se trouve chez vous et qu’il bat vos enfants à mort, allez-vous attendre d’avoir une alternative séduisante pour bouger? Nous voulons combattre avec des armes efficaces."

Yassin al-Haj Saleh, écrivain et dissident, a passé seize ans dans les geôles syriennes. Il s’est exilé en octobre 2013 pour échapper au régime et à Daesh. […]

Le prétexte [avancé par Obama pour ne pas intervenir], c’est que la rébellion s’était radicalisée, avait produit des extrémistes islamistes, une explication à première vue compréhensible. Sauf qu’il a vu les choses comme si elles se résumaient à un choix entre deux fascismes, celui du régime ou celui des djihadistes, ignorant tous les autres rebelles! Nous sommes devenus invisibles. Il y a eu certes une radicalisation, une militarisation, une islamisation de la rébellion, une montée du nihilisme même, et aussi la corruption de groupes radicaux par les Saoudiens, mais le phénomène de «l’Etat islamique», lui, n’a rien à voir avec la Syrie, il a germé en Afghanistan puis s’est développé en Irak. Cliquer ici



La Russie, actuel maître du jeu, a laissé la main libre aux «djihadistes» libanais et irakiens et cela va se révéler très sanguinaire dans les heures qui viennent. Il est de coutume de ne parler que des djihadistes sunnites, et cela nous aveugle sur la réalité des djihadistes chiites qui se revendiquent comme tels et prétendent revenir à Alep plusieurs siècles en arrière, lorsque la ville était majoritairement de cette confession. Chaque milice sur place, qu’elle soit libanaise, irakienne, iranienne ou afghane, est accompagnée par un «religieux» qui, vidéo à l’appui, bénit systématiquement leurs opérations. 

[…] Les chiffres les plus crédibles donnent le nombre de 300 combattants du groupe Fath Al-Cham (ex-front Al-Nosra). Les autres 7 000 hommes appartiennent à des fractions diverses qui composaient auparavant l’ALS (Armée libre syrienne). Il est important de souligner que l’ALS avait réussi à chasser le groupe terroriste de Daech hors de la ville depuis la fin 2013. Les combattants ont été relativement épargnés par les tueries, car ils sont mobiles. Ils ont réussi en grande partie à quitter la ville avant même la «trêve». Ces combattants, dans leur plus grande partie, sont les enfants de cette partie de la ville ou de la zone rurale limitrophe, ce qui explique leurs liens avec les civils. Les radicaux n’incarnent pas le tissu social de cette région, certes conservatrice mais jamais extrémiste. 

Les massacres qui ont eu lieu après la pénétration dans Alep des milices de la mort montrent que leurs victimes sont seulement des civils : 82 dans la seule nuit du 13 décembre, égorgés à l’arme blanche chez eux, avec un nombre important de femmes et d’enfants. Dans un débat télévisé que j’ai eu avec un diplomate russe, il a «osé» dire que la « Russie avait proposé aux civils de quitter la ville mais ils n’ont pas voulu, donc ils n’ont qu’à assumer leur responsabilité ». Pour traduire, il suffit de dire : «Ils vont tous mourir…» […]

C’est trop « facile » d’imputer la raison de ce qui se passe à la présence des djihadistes. Rappelons-nous la guerre d’Espagne. Quand la population se sent négligée et que sa mort importe peu, il est presque normal qu’elle se replie sur des références spirituelles. Quand ces références se font manipuler par des puissances régionales, cela donne lieu à une radicalisation néfaste. L’Occident a observé passivement une tuerie contre des inspirations démocratiques pacifiques, pour venir après se cacher derrière un prétexte indigne des valeurs dites européennes.
 

Il faut qu’on intègre en Europe que non seulement Assad et Poutine ne peuvent rien contre Daesh mais, qu’au contraire, ce dernier se nourrit de leurs interventions. Et les djihadistes, on le sait, ne se contentent pas du théâtre proche-oriental.
  

L’Etat islamique bénéficie de l’offensive à Alep, dont il avait été chassé par les rebelles en janvier 2014. Daech voit de surcroît son discours renforcé avec le massacre de populations sunnites qui s’y déroule, ce qui va conduire à une accélération de la radicalisation. D’autant que parallèlement, l’Etat islamique a repris Palmyre aux forces d’Al-Assad [alors que l’aviation russe survolait la région]. Damas s’attaquera peut-être à l’avenir à l’EI, mais modérément, et si un futur marché entre Poutine et Trump le pousse à le faire. Le régime n’a jamais été un partenaire fiable de la lutte contre le terrorisme: il n’a donné que des gages, faisant de lui un interlocuteur. 

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La destruction d’Alep-Est et le martyre infligé à sa population n’a pas pour seul objectif, selon la formule actuelle des médias, de «reprendre le contrôle du poumon économique de la Syrie». Pour la dictature d’Assad et pour les pouvoirs politiques et militaires qui l’encadrent (Iran, Russie), il s’agit aussi d’infliger une défaite complète à une des expressions, depuis 2012, du potentiel que représentait la «révolution syrienne» avec ses structures locales qu’exigeaient une lutte, une résistance, puis une survie des plus difficiles face à une contre-révolution étayée par l’intervention aérienne massive russe depuis le début octobre 2015. C’est ce qu’a souligné, à sa façon, Brita Hagi Hasan, président du conseil local d’Alep-Est, lors des deux conférences données à Lausanne et à Genève le 11 décembre. Cliquer ici

Il est clair que la Russie a mené une guerre totale contre une population non protégée dans les zones contrôlées par les rebelles. Une guerre menée contre une population, ses hôpitaux et ses marchés, similaire à celle qu’elle a menée à Grozny il y a seize ans. Ses agissements diffèrent peu de ceux de l’armée syrienne. Comme toutes les puissances coloniales, la Fédération de Russie s’est arrogé le choix de décider quels Syriens devaient vivre et lesquels devaient mourir. Et s’ils se trouvent dans des zones contrôlées par les rebelles, ils meurent tous ensemble. […] Dans l’analogie avec Stalingrad que les commentateurs nationalistes de droite russes aiment tant à employer, les ruines d’Alep ne sont probablement pas le symbole de la résurgence d’un nouvel État syrien. Ces ruines deviendront plus vraisemblablement le champ de bataille de la résistance aux envahisseurs étrangers militairement supérieurs, parmi lesquels la Russie arrive en premier, l’Iran en deuxième et le Hezbollah en troisième. Les Russes ne sont pas les libérateurs d’Alep, ils sont la 6e armée de Friedrich Paulus, et s’ils restent dans les parages, ils rencontreront le même destin. Cliquer ici

 Pour comprendre cette révolution qu'ils cherchent à mettre à assassiner ...


Il y a encore près de 400 conseils locaux et provinciaux qui organisent la vie quotidienne sous les bombes dans les zones libérées. A peu près la moitié d’entre eux sont directement élus, et l’autre moitié ont des formes quasi-démocratiques, pratiquant la démocratie interne ou le consensus communautaire. Il y a des syndicats indépendants, des centres de femmes, des projets communautaires de santé ou d’éducation, plus de soixante journaux et des dizaines de stations de radio indépendantes. Il y a une culture de questionnement et de débat, et un véritable fleurissement culturel. C’est exactement cela qui est visé tant par les bombardements de Assad et de la Russie, que par les dizaines de milliers de miliciens soutenus et équipés par l’Iran, que par l’État Islamique, et même, par moments, par le Jabhat al-Nusra (ex-branche syrienne d’Al Qaïda). Cliquer ici




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