... et un avenir sélect(if) !
A partir de la rentrée 2017, les universités pourront fixer des capacités d’accueil au sein de leurs masters et admettre les étudiants en première année de master seulement après une sélection.
C’est officiel, la loi légalisant la sélection en master a été publiée, samedi 24 décembre au Journal officiel. Les universités sont désormais autorisées à fixer des capacités d’accueil et à admettre les étudiants en M1 (1re année de master) après un concours ou l’examen du dossier. Par ailleurs, les étudiants titulaires d’une licence qui ne sont pas admis dans le M1 de leur choix « se voient proposer l’inscription dans une formation de deuxième cycle en tenant compte de leur projet professionnel et de l’établissement dans lequel ils ont obtenu leur licence ». Cliquer ici
Parmi les réactions aux premières informations sur le projet
Cet accord tant voulu par la ministre permettrait une réforme qui rétablirait selon elle, « une organisation cohérente des études, tournée vers la réussite ». Elle parle ainsi de « recrutement », qui n’est que synonyme de « sélection », car basé sur « la motivation, le niveau pédagogique et le projet de l’étudiant ». L’Etat veut ainsi mettre fin à une polémique autour de la sélection en imposant un autre terme, qui cache de fait la même logique. Sous couvert de vouloir proposer une formation post- licence à tous les étudiants, elle précise que la réforme doit tenir compte « des capacités d’accueil de ces masters, et, en même temps, [offrir] à chaque étudiant qui le souhaite la possibilité de poursuivre ses études au-delà de la licence ». En d’autres termes, la sélection perdure et dirige les étudiants jugés « moins bons » vers des filières « plus abordables pour eux ». Par conséquent, il s’agit bien de « trier » les étudiants selon leur niveau et en dernière instance, reproduire les inégalités que subit la jeunesse scolarisée. Cliquer ici
"Là c’est
le diplôme comme garantie collective qui est menacé"
La chercheuse [Séverine Chauvel] pointe […] le risque de voir
se transformer ce droit à la poursuite d’études en « une orientation un
peu forcée ». Ce qui pourrait créer une nouvelle hiérarchie entre les
bons et les mauvais masters, créer des parcours à double vitesse et,
fatalement, un creusement entre les différentes classes sociales. Selon
elle, l’accès à l’emploi sera encore plus clivé et restreint à une élite
fermée. « Les diplômes ne se suffisent pas à eux-mêmes, l’insertion
professionnelle dépend aussi des ressources de son détenteur. Là c’est
le diplôme comme garantie collective qui est menacé car il y aura une
nouvelle hiérarchie entre les diplômés basée sur l’établissement qui
leur a délivré leur master. Automatiquement, les plus précaires vont
perdre, ceux qui ont moins de ressources à la naissance, moins de
réseau, ou qui sont plus exposés aux discriminations. »
Elle poursuit : « Les masters vont être mis en concurrence entre
eux. Les plus sélectifs auront une sorte de label de qualité. Il y aura
aussi deux sortes d’étudiants : ceux qui arrivent à passer le barrage de
la sélection et les autres. Or, on sait bien que le master est plus
protecteur contre le chômage. », analyse-t-elle. Pire, les étudiants
les plus fragiles, ceux qui travaillent en parallèle de leurs études,
vont être exclus de la possibilité de mobilité car il leur sera plus
difficile d’abandonner leur emploi d’appoint. (Séverine Chauvel, sociologue, maîtresse de conférences à l’université de Paris-Est-Créteil et auteure de l’ouvrage Course aux diplômes : qui sont les perdants ?
(éditions Textuel).) Extrait de Université : la course électorale précipite la sélection en master, par Faïza Zerouala, Médiapart, 25 octobre 2016
Extrait : Chers camarades, parce que les établissements
accusent une augmentation conséquente des effectifs étudiants, parce que
le durcissement des conditions de travail a épuisé les collègues, parce
que les IUT, BTS, les formations médicales, les grandes écoles, les
établissements supérieurs privés ont gardé, eux, leur droit de sélection
à l’entrée et pour certains le droit de fixer le montant des frais
d’inscription, parce que de nombreux collègues ont peur que leur
formation devienne une filière poubelle, en ce moment même, un nombre
certainement majoritaire de formations sur tout le territoire français
fixent une capacité limite d’accueil […].
Où iront les reçus-collés ? Dans quelle formation seront-ils envoyés ? Qui aura les moyens de poursuivre des études à l’autre bout de la France (voir sur le site de la FSU l’interview de Frédéric Le Baron sur le problème grave de défaut de financiarisation de l’ESR) ?
Où iront les reçus-collés ? Dans quelle formation seront-ils envoyés ? Qui aura les moyens de poursuivre des études à l’autre bout de la France (voir sur le site de la FSU l’interview de Frédéric Le Baron sur le problème grave de défaut de financiarisation de l’ESR) ?
Le gouvernement français met un coup d’arrêt à la liberté-égalité d’accès, au libre arbitre de l’étudiant dans le choix de son devenir professionnel. L’ascenseur social au mérite n’est plus qu’une carcasse désossée.
Le service public ne répond plus à sa mission de contribution à réduire les inégalités sociales et territoriales en
termes d’unité, égalité et accessibilité (dixit Gérard Aschieri (2006)
puis Bernadette Groison (2013) dans FSU Fédération syndicale unitaire,
aujourd’hui, préparer l’avenir).
Chers camarades de la FSU, c’est l’un des combats centraux de notre fédération qui est mis à terre. Nous ne pouvons l’accepter. Nous devons avec force le dénoncer et nous y opposer. Cliquer ici
Chers camarades de la FSU, c’est l’un des combats centraux de notre fédération qui est mis à terre. Nous ne pouvons l’accepter. Nous devons avec force le dénoncer et nous y opposer. Cliquer ici
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