Après deux jours de présence dans les locaux de l'Agence régionale de santé de Montpellier, le personnel gréviste de la...
« Ils [= la direction] nous ont clairement dit que ce n'est pas qu'ils ne peuvent pas, mais qu'ils ne veulent pas »
Arrivés en bus, les salariés ont envahi
les trois étages de l'Agence régionale de santé au Millénaire. Ils ont
été accueillis par les cégétistes héraultais. Photo M.D.
Le mouvement, débuté il y a 50 jours, vise de
meilleures conditions de travail et une revalorisation salariale.Face au
refus de dialogue de la direction, les salariés réclament une
intervention du ministère de la Santé.
Ils se sont levés
très tôt, pour débarquer en début de matinée devant les portes de l'Agence
régionale de santé à Montpellier. Une centaine de salariés de la polyclinique
L'Ormeau à Tarbes, ont ainsi parcouru près de 400 kilomètres pour exprimer leur
« colère » et leur « détermination », en ce 50ème jour de grève. Alors
qu'un petit groupe, débarqué de quatre mini-bus un peu plus tôt, avait déployé
des banderoles à l'entrée du site et investi le hall du bâtiment, l'arrivée
d'un bus entier de grévistes sur les coups de 11h, a sonné l'heure de
l'invasion. Chantant, hurlant, dansant, les salariés de l'établissement privé
ont littéralement investi les trois étages de l'ARS avant d'obtenir qu'une
délégation soit reçue par des responsables. Cliquer
ici
"L'Etat doit maintenant jouer son rôle et taper du poing sur la table pour que les salariés aient enfin une réponse favorable."
"Il n'y a pas 50 solutions, prévient Christophe Couderc [co-coordinateur régional Santé Action Sociale à la CGT], soit l'Etat
joue enfin son rôle et intervient efficacement dans le conflit, soit il
faudra user de la force pour nous faire partir." Cliquer ici (voir vidéo)
Sur le site de La Dépêche. Dans un communiqué
qui nous a été adressé tardivement hier soir, la direction de la
polyclinique de l’Ormeau appelle à la sortie du conflit et à la reprise
du travail. Elle indique qu’elle a fait connaître au médiateur, lundi,
«ses propositions définitives de sortie de crise». Qu’elle a également
communiqué par courrier à tous les salariés.
S’agissant de l’organisation du travail les demandes du personnel
«légitimes» ont été validées.
Concernant la rémunération, la direction
rappelle qu’elle a «plus que triplé» son effort financier initial, à
savoir : l’équivalent du 13e mois avec une RAG portée à 8,33 % ; une
prime de 200 € bruts. Et à titre exceptionnel, une prime de 300 € bruts à
l’ensemble des salariés présents dans l’effectif au 1er janvier 2017.
Il s’agit là clairement d’une prime d’incitation à la reprise du
travail. La direction chiffre l’ensemble de ces mesures à 1 000€ bruts
par salarié, soit une augmentation de 3% de la masse salariale. Et ce
dans «un contexte contraint» lié à «deux années de baisses très fortes
des tarifs des actes hospitaliers».
Coupant court à la reprise de négociations, la direction martèle que «ces propositions sont désormais fermes et définitives».
Concernant
le maintien de l’établissement, la direction rappelle que «la clinique
de L’Ormeau est une entreprise locale, important employeur de la ville,
dont l’activité sanitaire est essentielle sur le territoire
départemental. L’unique objectif de la direction est de pérenniser cette
activité médicale et de maintenir l’emploi».
En conclusion, la direction invite «l’ensemble des salariés grévistes à reprendre le travail».
Les salariés occupent toujours l'ARS
La
délégation des salariés grévistes de L’Ormeau occupe toujours, quant à
eux, les locaux de l’agence régionale de santé à Montpellier. Ce mardi,
elle a été reçue longuement par Monique Cavalier, directrice de l’ARS.
«Nous
restons car nous considérons aujourd’hui que la solution passe
invariablement par l’intervention énergique des pouvoirs politiques et
publics. La direction a clairement montré sa volonté négociatrice en
refusant les recommandations du médiateur», indique les représentants
des salariés. Ils ajoutent que la directrice de l’ARS leur a indiqué
«que le niveau des autorisations concentré sur les Hautes-Pyrénées entre
les mains d’un groupe financier commençait à poser problème».
"Les salariés ne faiblissent pas. Sûrement parce qu’au cœur de leur lutte
il y a la conviction qu’il est primordial de défendre l’accès aux soins
pour tous et qu’au cœur de leurs exigences, il y a celle d’avoir les
moyens d’assumer leur mission."
Madame la ministre,
Nous
avons décidé de vous adresser ce courrier entre les deux réveillons car
il y a urgence pour les l’Ormeau, et vous devez agir! L’Ormeau est le
nom d’une polyclinique de Tarbes où les personnels sont en grève depuis
le 8 novembre dernier. 50 jours de grève c’est long. Encore plus quand
un mouvement a lieu pendant les fêtes de fin d’année. Et ce sont
majoritairement des femmes, dont beaucoup sont mères de famille, et même
grand-mères, qui sont la force motrice de ce mouvement. Cliquer ici
Toujours en grève et plus que jamais déterminés à se faire
entendre, les salariés de la clinique de l’Ormeau à Tarbes ont envahi le
Conseil Départemental des Hautes-Pyrénées en fin d’après-midi. Ils
comptent y passer la nuit.
Environ 80 employés des clinique et
polyclinique de l'Ormeau à Tarbes occupaient lundi matin l'aéroport de
Tarbes-Lourdes, occasionnant des retards d'avion. "Infirmières en
colère, la santé n'est pas une marchandise" ou "plus de moyens pour
les soignants...
Sur le site national du NPA
Départs non remplacés et fin de CDD, les salariéEs sont passés de 580
à 510... Des réorganisations avec des plannings intenables, et des
« pools » de remplacements sur le tas pour combler les manques... Des
journées de 12 h 40 payées 12, sans compter le temps de pause ni
intégrer les transmissions... Suite aux pressions et à la fatigue, le
nombre d’absences de courte durée a augmenté de 30 %, sans
remplacements. Et les salaires sont ridiculement bas, 30 % en moyenne en
dessous de ceux de l’hôpital, les plus bas étant même au-dessous du
SMIC !
C’est contre ces conditions et pour imposer des
négociations que les salariéEs, rassemblés en assemblée générale, ont
décidé de s’associer à la journée nationale de la santé le 8 novembre et
de partir ensuite en grève reconductible. Cliquer ici
Extrait : Les hôpitaux publics et établissements privés participant au service
public hospitalier recevaient, depuis 1983, une dotation globale
annuelle de fonctionnement, calculée sur la base de l'exercice précédent
et tenant compte de la croissance des dépenses hospitalières. La
réforme de l’assurance maladie et la « tarification à l’activité » (ou
« T2A »), instaurée entre 2004 et 2008, « renversent » ce système.
Les hôpitaux sont désormais « rémunérés » sur la base d’un « prix au
soin » fixé en amont, auquel il leur appartient de s’ajuster. Contraints
à « produire du soin à bas coût » – pour préserver leurs ressources,
mais aussi absorber l’augmentation des dépenses –, les établissements
doivent s’astreindre à mesurer rigoureusement les actes effectués et le
coût des traitements proposés, dans une logique concurrentielle.
Autre effet pervers : les établissements privés se spécialisent quant à eux progressivement «
dans des secteurs rentables au regard de la T2A, comme la chirurgie
orthopédique, laissant au service public les secteurs les plus coûteux :
médecine interne, gériatrie ou urgences ».
La problématique générale de la santé selon le NPA
Ce qu'écrivait le NPA sur la santé, en particulier les ARS, dans son bilan du quinquennat de Sarkozy, les propositions du PS...
Avec la loi « Bachelot », les fermetures de services s’accélèrent dans
les hôpitaux de proximité, tout autant que dans les grandes villes. Les
délais pour accéder aux soins s’allongent, les services d’urgences sont
débordés, la pénurie de lits et de personnel se généralise. Donnant
pleins pouvoirs à des instances autoritaires, les ARS (agences
régionales de santé), sous la coupe directe du ministre, la loi Bachelot
abolit la place centrale de l’hôpital public. Celui-ci est mis en
concurrence avec les cliniques privées commerciales. Les missions de
service public de l’hôpital ne sont plus reconnues. Les budgets
hospitaliers insuffisants aboutissent à une pénurie de personnel. Ils
mettent en cause la qualité des soins. Les établissements sont
contraints de s’endetter auprès des banques, enclenchant le mécanisme
infernal de la dette. Pendant ce temps, les secteurs et activités
rentables sont abandonnés au privé. […]
Que propose le PS ?
Le PS dénonce la plupart de
ces mesures et leurs conséquences. Mais au lieu de prévoir leur
abrogation et de proposer une alternative, il se contente de les
aménager à la marge.
Hollande ne préconise ni l’abolition des franchises médicales ni
l’interdiction des dépassements d’honoraires. Il veut maintenir les ARS
et se contente d’un aménagement du financement des hôpitaux, avec une
reconnaissance limitée des missions de service public. Il n’a nullement
l’intention de s’en prendre aux intérêts privés et à leurs profits, que
ce soit les laboratoires pharmaceutiques ou les cliniques privées. Dans
son discours du 2 avril, il appelle a être « fiers » des grandes
entreprises de santé « quand elles dopent la recherche, quand elles
conquièrent des marchés, quand elles sont compétitives » !
Enfin, et c’est le point décisif, le PS s’inscrit dans la même
logique que Sarkozy. Celle de la baisse du « coût du travail », et donc
de la réduction du financement des dépenses de santé par les employeurs
grâce à la Sécu. S’il rejette la « TVA sociale », il préconise lui aussi
d’exonérer les patrons du financement de la protection sociale en
fusionnant l’impôt sur le revenu et la CSG (contribution sociale
généralisée).
Quelles réponses anticapitalistes ?
Pour nous, le
droit à la santé est un droit fondamental, et nous vivons dans une
société qui permet à tous d’accéder à ce droit. Il n’y a pas de
« déficit » de la Sécurité sociale, mais un manque de financement dû aux
choix politiques des gouvernements successifs.
Nous considérons que la santé de tous vaut mieux que les profits de
quelques-uns, et qu’il s’agit là comme ailleurs d’imposer une autre
répartition des richesses.
Nos priorités :
- l’abrogation de l’ensemble des contre-réformes de Sarkozy.
-
La gratuité des soins, par leur remboursement total par la Sécu, et
l’instauration du « tiers payant » évitant toute avance de fonds, la
suppression des franchises, du forfait hospitalier, du ticket
modérateur, l’interdiction de tout dépassement d’honoraires.
- La fin
de la soumission de la santé aux intérêts privés par l’expropriation
des entreprises pharmaceutiques, leur transformation en entreprise
publique, sous le contrôle des professionnels et des usagers.
L’expropriation des actionnaires des cliniques privées, et leur
intégration avec leur personnel à l’hôpital public.
- La création de centres de santé publics et gratuits, ouverts 24 heures sur 24.
- Un plan emploi formation de 120 000 emplois pour l’hôpital public.
Ces exigences sont à imposer, par la mobilisation la plus unitaire possible, quelle que soit l’issue des élections.Cliquer ici
A lire aussi
Extrait : La loi Touraine, nouvelle étape dans la privatisation du système de santé
Complétant la loi Bachelot (2009), adoptée par la droite sous la
présidence de Nicolas Sarkozy, la loi Touraine (2015) crée des outils
nouveaux pour privatiser le système de santé.
Un catalogue de mesures – parfois positives (7) – de santé publique
et une disposition emblématique – le tiers payant – ont permis au
gouvernement de détourner le débat politique du cœur du projet qui se
structure autour de quatre volets essentiels :
• La suppression de la place spécifique et déterminante de la Sécurité sociale dans le système de santé ;
• L’accélération des restructurations hospitalières ;
• L’organisation d’un réseau privé de professionnels de « premier
recours » palliant l’absence ou la disparition du service public, qui
prépare la création de réseaux de soins privés sous la coupe des
assurances ;
• La redéfinition du rôle de l’État.
[…]Hôpital public : des restructurations obligatoires
La loi Bachelot avait aboli toute distinction entre établissements de
santé publics et privés. Comme F. Hollande s’y était engagé, la loi
Touraine réintroduit la notion de service public, mais sans grandes
conséquences pratiques. Les établissements privés auront toujours la
possibilité d’assurer le service public, elles devront simplement
respecter l’ensemble des règles de celui-ci. Pour accélérer la fermeture des hôpitaux de proximité, le
regroupement et la « mutualisation » des services de l’hôpital public,
la loi Bachelot/Sarkozy avait créé des « communautés hospitalières de
territoire ». L’adhésion était facultative. La loi Touraine passe à la
vitesse supérieure. Tout établissement public doit obligatoirement
adhérer à un « groupement hospitalier de territoire » sous peine de
lourdes sanctions, voire de retrait de ses autorisations.
Ces « groupements » contribueront à la mise en œuvre des 22 000 suppressions de postes prévues d’ici 2017 dans les hôpitaux.
« Communautés professionnelles » : remplacer le service public et préparer des réseaux de soins privés
En France, les soins dits de « premiers recours » (sans aller à
l’hôpital) sont dispensés pour l’essentiel par des professionnels
libéraux (médecins généralistes et spécialistes, infirmières
libérales...). Les médecins libéraux disposent de la liberté
d’installation, c’est-à-dire du droit de s’installer là où ils le
souhaitent (et non là ou se trouvent les besoins). Il en résulte une
répartition très inégale sur le territoire. Au fil des années, des
« déserts médicaux » se sont constitués dans certaines régions rurales
ou dans des banlieues. Les cabinets médicaux y sont rares et éloignés
pour les patients.
La situation s’est aggravée du fait des fermetures de petits hôpitaux
de proximité et de leurs services d’urgences. Un rapport prévoit la
fermeture de 67 d’entre eux sur les 650 encore existants.
Ajoutons que les médecins libéraux jouissent d’une autre liberté – la
liberté tarifaire, qui leur permet, en particulier aux spécialistes, de
dépasser les honoraires remboursés par la Sécurité sociale. Même
encadrée, cette liberté crée de sérieux obstacles au droit à se soigner
pour les patients peu fortunés.
La situation est telle que François Hollande avait dû s’engager à
agir lors de sa campagne électorale de 2012. La loi Touraine se limite à
proposer une meilleure coordination des acteurs libéraux (encore
faut-il qu’il en existe suffisamment), sous la responsabilité des
Agences régionales de santé, au sein de « communautés professionnelles
territoriales de santé ». Elles sont censées répondre à l’absence ou la
disparition du service public. Cette « solution » bien dérisoire
préfigure en outre ce que pourraient devenir demain les soins de
proximité. Les communautés professionnelles pourront favoriser
l’émergence de réseaux de soins privés sous la coupe des assurances
santé, qui occupent une place décisive dans le remboursement des soins
de ville. De tels réseaux existent déjà pour l’optique et les soins
dentaires, peu remboursés par la Sécurité sociale. Ils pourraient
s’étendre à l’ensemble des soins « hors hôpital ». On entrerait alors
dans un système « à l’américaine » de réseaux de professionnels
rattachés à une assurance. Les assurances et mutuelles s’y préparent.
Guillaume Sarkozy (déjà cité) traçait très explicitement cette
perspective le 3 juin 2014, à l’occasion des « amphis de la santé ». Il
préconisait la mise en place de « réseaux de médecins qui répondraient à
un cahier des charges intégrant la mesure du risque ». Prenant
l’exemple du réseau de soins dentaires mis en place par Malakoff Médéric
il ajoutait « plus d’un client sur deux se laisse guider vers le réseau
de soins que nous lui conseillons, qui pourrait s’étendre et devenir
obligatoire d’ici à cinq ans ». Cliquer ici
- Qu'est-ce que ce sera ? Garçon ou fille ?
- Pauvre, madame, ce sera un-e pauvre
Et aussi
Si la pétition d’A. Grimaldi, ou d’autres à venir, allant dans le
même sens, jouent le rôle de la pétition "loi travail, non merci" dans
le combat contre la loi El Khomri, ce sera un pas en avant. Mais la
question posée, sera alors la même. Au delà de l’interpellation de tel
ou tel candidat, dans le débat électoral, il s’agit de construire un
outil de mobilisation unitaire, démocratique, indépendant avec des
comités dans les villes et les quartiers. Cela permettrait d’associer
toutes les composantes associatives, syndicales, politiques décidées à
mener ce combat, dans des structures démocratiques ou chacunE organisé
ou non pourrait débattre des mots d’ordre, décider des actions et de
leur coordination.
C’est à la construction de cet outil qu’il convient dès aujourd’hui de se consacrer.
L’équipe d’animation de la commission santé sécu social du NPA Cliquer ici