... coloniale !
Quelle est ton appréciation du mouvement actuel ?
C’est un mouvement qui touche toute la Guyane. Il est parti d’une revendication sur l’insécurité qui est pour nous une conséquence de la façon dont notre pays est traité depuis des centaines d’années. C’est le résultat d’une situation coloniale où l’on ne met pas de développement, où l’on ne met pas de l’éducation et qui conduit au chômage de masse et à toutes sortes de déviances : insécurité, trafic de drogue, alcool, suicide (notamment chez les jeunes autochtones).
On assiste
aujourd’hui à un mouvement de grande ampleur qui s’interroge sur les
causes. Par exemple, ce barrage sur le rectorat, pour l’éducation, pour
des constructions scolaires (il faut construire 5 lycées, 10 collèges et
500 places en primaire d’ici à 2020), pour des programmes liés aux
réalités de la Guyane, pour plus d’enseignants, des classes avec moins
d’effectifs, un enseignement de qualité, et des enseignements en langues
maternelles (il y a au moins 6 nations autochtones en Guyane, 4 groupes
Bushinengé [descendants d’esclaves qui ont marronné], etc.) qui touche
toutes les composantes de la société. Cliquer ici
[…] De l’ensemble de cette misère spécifique à ce territoire grand comme la région Aquitaine et des luttes qui y sont liées, il en est très peu question sur les ondes et sur les manchettes des journaux hexagonaux. Même attitude au niveau institutionnel. Les informations, les négociations transitent désormais et ostensiblement par des hérauts modernes, au nom et au look marketing. Les 500 frères. Né après le meurtre d’un habitant d’un quartier populaire de Cayenne en février 2017, ce « collectif contre l’insécurité » dit s’emparer des questions économiques et sociales, le chômage, la déscolarisation, etc., et tient ses distances avec les 37 syndicats composant l’Union des travailleurs guyanais (UTG), jugée pas assez dure. Ses actions se veulent musclées et ses revendications visent davantage à renforcer les moyens policiers et judiciaires : éradication des squats, construction d’une deuxième prison, maintien d’un escadron de gendarmes mobiles affecté en renfort, renvoi dans leur pays d’origine des détenus étrangers pour y purger leur peine, soit plus de 50 % des détenus. Les 500 frères dénoncent une immigration non contrôlée. Mickaël Mancée, un des porte-parole, assume la radicalité du collectif en la matière : « Un voleur mort, c’est un voleur qui ne vole plus », en sous-entendant que la majorité des voleurs sont des étrangers. Il se dit prêt à mobiliser ses « frères » s’il n’aboutit pas : « Aujourd’hui, on dialogue. On fait tout pour empêcher une guerre civile. On est tous pères de famille, on n’en a pas envie… Mais si les voyous veulent la guerre, on la fera. »
Moins d’une demi-heure après le début de la rencontre avec les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, le collectif de grévistes guyanais est sorti de la préfecture de Cayenne en déclarant que «ça ne pouvait pas se passer comme ça».
La rencontre avait démarré ce jeudi dans une ambiance électrique, avec 1h30 de retard. Finalement, les négociations entre le collectif de grévistes guyanais et le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl et la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts pour sortir la Guyane de plus de dix jours de conflit social, se sont arrêtées net. «Ça ne pouvait pas se passer comme ça pour des questions de transparence», a déclaré un des négociateurs guyanais, le représentant du Medef local, Stéphane Lambert. Déterminés à obtenir les moyens de faire enfin «décoller» le territoire après le succès des manifestations des derniers jours, la vingtaine de négociateurs issus de la société civile guyanaise sont sortis de la préfecture, où les discussions se tenaient, moins d’une demi-heure à peine après y être entrés. Cliquer ici
Mais attention au ver qui est dans le beau fruit de la révolte
[…] De l’ensemble de cette misère spécifique à ce territoire grand comme la région Aquitaine et des luttes qui y sont liées, il en est très peu question sur les ondes et sur les manchettes des journaux hexagonaux. Même attitude au niveau institutionnel. Les informations, les négociations transitent désormais et ostensiblement par des hérauts modernes, au nom et au look marketing. Les 500 frères. Né après le meurtre d’un habitant d’un quartier populaire de Cayenne en février 2017, ce « collectif contre l’insécurité » dit s’emparer des questions économiques et sociales, le chômage, la déscolarisation, etc., et tient ses distances avec les 37 syndicats composant l’Union des travailleurs guyanais (UTG), jugée pas assez dure. Ses actions se veulent musclées et ses revendications visent davantage à renforcer les moyens policiers et judiciaires : éradication des squats, construction d’une deuxième prison, maintien d’un escadron de gendarmes mobiles affecté en renfort, renvoi dans leur pays d’origine des détenus étrangers pour y purger leur peine, soit plus de 50 % des détenus. Les 500 frères dénoncent une immigration non contrôlée. Mickaël Mancée, un des porte-parole, assume la radicalité du collectif en la matière : « Un voleur mort, c’est un voleur qui ne vole plus », en sous-entendant que la majorité des voleurs sont des étrangers. Il se dit prêt à mobiliser ses « frères » s’il n’aboutit pas : « Aujourd’hui, on dialogue. On fait tout pour empêcher une guerre civile. On est tous pères de famille, on n’en a pas envie… Mais si les voyous veulent la guerre, on la fera. »
Cagoulés
et vêtus de noir des pieds à la tête, ces hommes – il n’y a pas de
femmes – aujourd’hui soutenus par la population, disent remettre en
cause l’abandon des pouvoirs publics. Parmi eux, on compte des artisans,
pêcheurs, ouvriers, chefs d’entreprise, d’anciens militaires… âgés de
25 à 55 ans.
Leur nom viendrait du film « 300 », un péplum américain sorti en 2007
qui sublime la vaillance et la beauté de 300 soldats spartiates face à
l’armée perse, représentée comme barbare et décadente. Même si 100
serait le nombre des membres du collectif, soit un Guyanais sur 3 000,
le lien entre le groupuscule et la fiction ainsi que la bande dessinée
dont elle est issue, est certainement incarnée par l’idéologie
véhiculée : un penchant pour l’ordre et la lutte contre la barbarie,
personnifiée par l’Autre. Cliquer ici
Dernières infos et analyses
Moins d’une demi-heure après le début de la rencontre avec les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, le collectif de grévistes guyanais est sorti de la préfecture de Cayenne en déclarant que «ça ne pouvait pas se passer comme ça».
La rencontre avait démarré ce jeudi dans une ambiance électrique, avec 1h30 de retard. Finalement, les négociations entre le collectif de grévistes guyanais et le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl et la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts pour sortir la Guyane de plus de dix jours de conflit social, se sont arrêtées net. «Ça ne pouvait pas se passer comme ça pour des questions de transparence», a déclaré un des négociateurs guyanais, le représentant du Medef local, Stéphane Lambert. Déterminés à obtenir les moyens de faire enfin «décoller» le territoire après le succès des manifestations des derniers jours, la vingtaine de négociateurs issus de la société civile guyanaise sont sortis de la préfecture, où les discussions se tenaient, moins d’une demi-heure à peine après y être entrés. Cliquer ici
La Guyane après les grandes manifestations du mardi 28 mars
Et aussi
Quelle position défend le NPA ?
Le NPA a toujours considéré que c’était aux populations de ces dernières colonies de former leurs organisations, leurs exigences face à l’État français.
Le NPA a toujours considéré que c’était aux populations de ces dernières colonies de former leurs organisations, leurs exigences face à l’État français.
Nous sommes partie prenante des actions de solidarité
avec les mouvements anticolonialistes. Pour notre part, nous défendons
évidemment le droit à l’autodétermination des populations colonisées et
soutenons la revendication d’indépendance de ces territoires. Nous
exigeons le retrait de toutes les troupes et installations militaires
françaises.
La nature des liens à établir entre ces territoires devenus
souverains et les autres pays à l’échelle internationale doit être du
seul ressort des populations locales. Nous considérons évidemment que la
libération des liens coloniaux doit aller de pair avec la libération
sociale. Car trop d’exemples existent d’États libérés du joug colonial
pour retomber ensuite dans un nouveau, celui du néocolonialisme dans le
cadre de la mondialisation capitaliste... Cliquer ici
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En débat
S'il
y une chose que l'on sait, lorsqu'on déambule à Cayenne ou à
Saint-Laurent du Maroni, c'est que l'on n'est pas en France. Bien sûr,
la Guyane est juridiquement française.
Elle est un département, et aussi une région et une académie. On y parle
généralement le français, mais la langue quotidienne de beaucoup de
gens est plutôt le créole, quand ce n'est pas le saramaka, bosch ou
boni. Difficile d'y ignorer le caractère colonial de la situation. Sans
doute l’indépendantisme y est-il politiquement minoritaire, et constitue
un long combat. Mais vous ne ferez pas croire aux guyanais-es qu'ils et
elles sont des français-e-s "comme les autres". Et d'ailleurs, à
supposer que des mouvement sociaux revendicatifs bloquent le Maine-et
Loire, il ne viendrait à l'idée d'aucun homme politique de s'exclamer
"le Maine-et-Loire, c'est la France" - même pour soutenir les
revendications qui s'y expriment. C'est le genre de chose que l'on ne
dit que dans une perspective colonialiste.
Question par ailleurs : la souffrance et la colère d'un pays qui ne serait pas "la France" doivent-elles être entendues ?
Et aussi
Cette déclaration de Mélenchon se met en contrepied, entre autres, de
la centrale syndicale guyanaise UTG, en pointe dans l'actuel mouvement,
qui, en juillet dernier, a rejoint LA CAMPAGNE 2016 DE DÉCOLONISATION À
L'ONU https://blogs.mediapart.fr/ edition/memoires-du- colonialisme/article/260716/ lunion-des-travailleurs- guyanais-rejoint-la-campagne- 2016-de-decolonisation...
Voilà qui met encore plus au clair que le "patriotardisme" mélenchonien
contredit le processus populaire guyanais. Là-bas, le discours "La
Guyane c'est la France" est hors jeu ou plutôt sera rejoint par tout ce
qui y combat la décolonisation, le processus enclenché à l'ONU ! Superbe
le mélenchonisme bleu-blanc-rouge... (Antoine)
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Notre dossier
international
Concon Macron...En marche à côté de ses pompes...
NPA 34, NPA