C'est dans la rue, les places, les lieux de travail et d'études, les quartiers, les campagnes... que se règlent les comptes avec le capital !
Les jeunes et les travailleurs ne sont pas représentés lors de ce deuxième tour de l’élection présidentielle. D’un côté, la millionnaire, raciste, xénophobe et anti-ouvrière. De l’autre, le banquier au service du projet le plus libéral du capitalisme financier.
Le FN, le pire ennemi des travailleurs
Marine Le Pen et le FN tentent de se présenter comme les défenseurs des classes populaires. Pourtant, ils sont des représentants acharnés du capitalisme français. Ils proposent au patronat une solution alternative à la mondialisation en privilégiant derrière des frontières la production française face à la concurrence internationale.
Pour gagner une majorité sur ce projet, ils dévoient la colère d’une
partie de la population pour l’entrainer dans le rejet des travailleurs
étrangers et des migrants.
Mais ce qu’ils avancent ne résoudra en rien l’exploitation que nous subissons. Pire, pour maintenir leurs profits dans le cadre d’une économie nationale, le patronat n’aura d’autres solutions que de s’en prendre violemment à nos salaires et à nos conditions de vie.
Marine Le Pen et le FN sont un danger mortel contre les droits collectifs et les organisations du mouvement social. La contestation, les manifestations, les syndicats, ils voudraient les interdire, les réprimer.
C’est la division accrue des opprimés entre français et étrangers, hétéros et LGBTI. C’est la remise en cause des droits des femmes.
Macron n’est pas un rempart contre la montée de l’extrême droite
Mais ce qu’ils avancent ne résoudra en rien l’exploitation que nous subissons. Pire, pour maintenir leurs profits dans le cadre d’une économie nationale, le patronat n’aura d’autres solutions que de s’en prendre violemment à nos salaires et à nos conditions de vie.
Marine Le Pen et le FN sont un danger mortel contre les droits collectifs et les organisations du mouvement social. La contestation, les manifestations, les syndicats, ils voudraient les interdire, les réprimer.
C’est la division accrue des opprimés entre français et étrangers, hétéros et LGBTI. C’est la remise en cause des droits des femmes.
Macron n’est pas un rempart contre la montée de l’extrême droite
Nous
comprenons les jeunes et les travailleurs qui mettront un bulletin
Macron dans l’urne pour faire barrage au Front National. Mais Macron est
le meilleur représentant des politiques libérales misent en place
depuis 30 ans. Ministre de Hollande, il a inspiré les lois qui portent
son nom comme la loi travail. Son programme ? En finir avec les 35h,
casser la Sécurité sociale, diminuer le nombre de fonctionnaires, aller
encore plus loin dans la casse du code du travail… Cliquer ici
Conseil politique national du NPA : Pas de retour à la normale
La
direction du NPA s’est réunie le week-end des 29 et 30 avril
pour réaliser un premier bilan de la campagne présidentielle et tracer
des perspectives, en…
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Au Parlement européen, les votes méprisants du FN et de Marine Le Pen à l’égard des travailleurs par (Basta !)
Au Parlement européen, les votes méprisants du FN et de Marine Le Pen à l’égard des travailleurs par (Basta !)
Point de vue
Extrait
Acceptant que le néofascisme (ou postfascisme) de Marine Le Pen soit plus dangereux en soi
que l’ultralibéralisme d’Emmanuel Macron, comment pour autant
pourrais-je oublier, non seulement ce qui a été dit et bien dit par de
nombreux/-ses ninistes courageux/-ses, à savoir que la politique du
second, dévastatrice des droits sociaux et complice de la dévastation
des libertés publiques du gouvernement auquel il a participé, a semé la
désespérance dans de larges pans de la société dont s’alimente la
première ? Comment oublier non seulement donc cette ligne de continuité
politique qui mène, par-delà la différence des projets (quoique tous
deux capitalistes) et par la force, hélas, des choses, de l’un à l’une,
mais aussi, que le système dont Macron est le rejeton instrumentalise la
néofasciste en la posant comme un épouvantail. Un épouvantail au sens
littéral de « voué à effrayer, à faire paniquer », à se défaire de toute
raison politique, en somme à voter n’importe quoi, tout sauf le
diable ! L’émergence de l’électeur moineau, à moins qu’il ne soit
pigeon, voilà la logique profonde d’une mise en scène politique de haut
vol ! De ce point de vue, n’hésitons pas à dire que Macron-Le Pen
participent d’une pleine complémentarité, voire solidarité, systémique,
ils sont les deux faces d’une opération visant, par un leurre de fausse
opposition fonctionnelle sur le champ politique (chacun occupe en fait
la place qu’il faut pour créer la tenaille utile à la perpétuation du
système qu’il convient de désigner sous son vrai nom, le capitalisme), à
amener un maximum de gens à s’agglutiner autour de celui qui travaille à
leur faire oublier qu’il est, sous deux registres, le responsable
direct de leur malheur : celui d’avoir perdu un maximum de droits
sociaux et politiques et celui de voir mise sur orbite celle qui
pourrait leur en faire perdre plus encore !
Antoine (à titre personnel)
Et aussi
Ci-dessous à mettre en perspective en fonction de ce que nous savons de la volonté d'Emmanuel Macron de détricoter au couteau les acquis sociaux et de sa propension à enrober ses pilules amères de promesses attrape-gogos, comme celle de l'abaissement des effectifs d'élèves dans les petites classes, dont tout indique qu'elles n'engagent que ceux et celles qui veulent bien les croire !
LE MONDE |
03.05.2017 à 06h38 • Mis à jour le
03.05.2017 à 14h48 | Par Aurélie
Collas, Audrey
Tonnelier, Marc
Semo, Bertrand
Bissuel, Patrick
Roger et Sarah
Belouezzane
-
1 - RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL : le choix risqué de légiférer par ordonnances
Emmanuel Macron n’a visiblement pas été impressionné par
les longues semaines de mobilisation, en 2016, contre la loi El
Khomri. La preuve : s’il est élu président de la République, il
lancera, durant les premières semaines de son mandat, une
refonte du code du travail en légiférant par ordonnances. Ce qui
revient à engager au bulldozer un chantier en terrain miné. Car
la méthode retenue, comme le contenu des innovations qu’il
défend, heurtent les syndicats et risquent fort de déclencher
des conflits, tout aussi – voire plus – intenses que ceux
suscités par le texte que l’actuelle ministre de l’emploi avait
porté il y a un an.
M. Macron a annoncé la couleur le 9 avril, dans un
entretien au Journal du dimanche (JDD) : il présentera, « dès l’été, un projet de loi d’habilitation » qui permettra au
gouvernement de préparer des ordonnances destinées à « simplifier le droit du travail ». Soucieux « de procéder de manière rapide et efficace »,
son objectif est « de donner plus de place à
l’accord majoritaire d’entreprise ou de branche ». Il
souhaite aussi plafonner les indemnités octroyées par les
conseils de prud’hommes « en cas de licenciement sans
cause réelle et sérieuse » – disposition inscrite
dans « sa » loi, adoptée en 2015 avant d’être retoquée par le
Conseil constitutionnel.
Deux jours après l’entretien au JDD, il a indiqué qu’une « concertation accélérée » avec le patronat et les
syndicats aura lieu « en début de quinquennat ».
Précision visant à corriger l’impression qu’il serait prêt à
déclarer une « guerre sociale éclair »,
selon la formule du candidat de La France insoumise éliminé au
premier tour, Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier l’a d’ailleurs
exhorté à ne pas toucher au code du travail. M. Macron lui a
opposé une fin de non-recevoir, lundi 1er mai, lors d’un
meeting à Paris.
Quels sont les changements prévus dans les ordonnances ?
Difficile à dire, en dehors de ceux déjà évoqués dans Le JDD. « Les éléments qu’on voudrait faire apparaître ne
sont pas encore arbitrés », assure-t-on dans l’entourage
de M. Macron. En réalité, le prétendant à l’Elysée tient à ne
pas tout dévoiler dès à présent afin de montrer qu’il prendra en
compte l’avis des organisations de salariés et d’employeurs.
Plusieurs choses paraissent toutefois acquises.
L’extension de l’assurance-chômage aux indépendants et aux
salariés démissionnaires, promise par l’ancien ministre de
l’économie, sera mise en place un peu plus tard, par le biais
d’autres véhicules législatifs. Idem pour le plan de formation
des demandeurs d’emplois. Quant à la durée légale du travail,
elle restera inchangée – au moins dans un premier temps.
En revanche, l’adversaire de Marine Le Pen a l’intention
d’accorder, très vite, plus de latitude aux employeurs pour
faire varier « la durée effective du
travail » –
c’est-à-dire le nombre d’heures réellement effectuées par les
salariés – de manière à tenir compte des besoins des
entreprises. Plusieurs textes (dont la loi El Khomri) le
permettent déjà mais l’ancien locataire de Bercy entend aller
plus loin. Les ordonnances intégreront un autre engagement de
campagne : la fusion des « IRP » – les instances représentatives
du personnel (comité d’entreprise, etc.).
Le fait de vouloir agir promptement est, sans surprise,
salué, du côté du patronat. « Nous sommes plutôt en phase
avec cette orientation, confie
un proche de Pierre Gattaz, le président du Medef. La simplification du code du travail va dans le
bon sens et nous pensons qu’il faut la mettre en œuvre
rapidement. Le recours aux ordonnances n’a rien de scandaleux,
mais il faudra être vigilant sur les détails des textes qui
seront rédigés. » « A situation exceptionnelle,
mesures exceptionnelles », renchérit François Asselin,
président de la Confédération des petites et moyennes
entreprises (CPME), qui approuve plusieurs des modifications
promues par le leader d’En marche ! (plafonnement des indemnités
prud’homales, rapprochement des IRP…).
Subsiste une interrogation, de nature juridique. Pour
toute réforme portant sur le monde du travail, un gouvernement
est tenu d’organiser avec les partenaires sociaux une « concertation préalable », qui débouche, le
cas échéant, sur une négociation interprofessionnelle.
Toutefois, cette obligation tombe s’il y a « urgence ». Sommes-nous dans ce cas de
figure, en l’espèce ? « Je ne vois guère comment on
pourrait soutenir qu’une “urgence” dispense l’exécutif de
suivre cette procédure de dialogue social », estime
Antoine Jeammaud, ancien professeur de droit à l’université
Lumière-Lyon-II. Enseignant à l’université Paris-Ouest-Nanterre,
Cyril Wolmark est d’un avis contraire : « Il est tout à fait possible de modifier le
droit du travail par ordonnances. »
Reste à savoir comment les syndicats réagiront. « Un problème de méthode se pose, affirme Véronique
Descacq, secrétaire générale adjointe de la CFDT. Ces ordonnances interviennent dans le champ de la
négociation des partenaires sociaux. Si l’on comprend bien sûr
qu’Emmanuel Macron veuille agir en vertu de la légitimité
conférée par le suffrage universel, il ne peut pas non plus
faire l’économie d’une concertation. »
Membre du bureau confédéral de la CGT, Fabrice Angei est
encore plus catégorique : « Les ordonnances constituent
un passage en force. C’est du même acabit que la loi El
Khomri, qui fut adoptée avec l’aide du 49-3. Les leçons de
l’an passé n’ont pas été tirées. » Pour Jean-Claude Mailly,
secrétaire général de FO, « Emmanuel Macron aura une
lourde responsabilité, s’il est élu et s’il a la majorité à
l’Assemblée, car l’extrême droite est aux marches du pouvoir ». « Il faudra qu’il sache rassembler largement, sur
le plan politique et sur le plan social, poursuit-il. Cela suppose qu’il ne soit pas clivant. »
On n’en prend pas le chemin si le projet initial est
maintenu. L’encadrement des dédommagements prononcés par les
prud’hommes est un casus belli pour les syndicats.
Quant à l’idée de privilégier les négociations à l’échelle de
l’entreprise, ou à défaut l’accord conclu au niveau de la
branche, elle incommode la CGT et FO. M. Macron ambitionne de
renforcer les partenaires sociaux et la formation des
représentants des salariés, rappelle M. Jeammaud, mais ces
belles paroles « pèseraient peu face à des
parodies de “dialogue” sur la réforme structurelle du droit
des relations du travail ».
Sarah
Belouezzane et Bertrand Bissuel
-
2- MORALISATION DE LA VIE PUBLIQUE : des dispositions qui restent à préciser
Parmi les premières mesures législatives qu’Emmanuel
Macron entend mettre en œuvre une fois élu, une loi de
moralisation de la vie publique. Le contexte dans lequel s’est
déroulée la campagne présidentielle aura puissamment pesé pour
mettre ce thème sur le devant de la scène. Le candidat d’En
marche ! a évidemment profité des affaires dans lesquelles sont
empêtrés François Fillon et Marine Le Pen – la candidate
d’extrême droite étant impliquée dans pas moins de six dossiers
judiciaires – pour porter le fer.
En outre, cette volonté de moralisation et de lutte contre
les conflits d’intérêts constitue la clé de voûte de son
alliance avec le centriste François Bayrou. Avant que les deux
hommes ne scellent leur accord, le président du MoDem avait à
plusieurs reprises émis des réserves sur les liens qui pouvaient
rattacher l’ancien banquier au monde de la finance. Il
souhaitait obtenir des garanties sur ce plan. Il se dit
aujourd’hui « pleinement rassuré ».
En présentant son programme, début mars, M. Macron a levé
quelques pans du voile sur ce que contiendrait cette loi de
moralisation. La première proposition fait directement écho aux
soupçons d’emploi fictif de membres de sa famille qui valent à
M. Fillon d’être mis en examen. Il s’agit de l’interdiction
faite aux parlementaires d’embaucher des proches ou des membres
de leur famille. Une mesure simple d’apparence – elle est déjà
en vigueur dans d’autres Parlements – mais qui, en réalité,
mérite d’être précisée.
S’il est facile de vérifier qu’un ou une parlementaire
n’emploie pas son conjoint, cela devient plus compliqué quand il
s’agit de sa maîtresse ou de son amant, ce qui n’est pas un cas
totalement fictif. Ou comment éviter que des élus n’embauchent
les conjoints ou parents de leurs collègues ?
Serait également interdit, pour les parlementaires,
l’exercice d’une profession de conseil pendant la durée de leur
mandat. Là aussi, cela renvoie indirectement aux activités de
conseil prodiguées par M. Fillon par le biais de la société
qu’il avait créée peu avant d’être redevenu député, notamment en
faveur d’AXA.
M. Macron prévoit de fiscaliser l’intégralité de la
rémunération des parlementaires, y compris l’indemnité
représentative de frais de mandat (IRFM), d’un montant mensuel
de 5 840 euros, destinée à faire face aux dépenses liées à
l’exercice du mandat. Cela obligerait ainsi les parlementaires à
justifier leurs frais en fournissant les factures. Il entend
aussi mettre un terme à leur régime spécial de retraite. Au-delà
de la déclaration d’intention, il reste cependant très évasif
sur les modalités de réforme.
Enfin, tout candidat aux élections devra présenter un
casier judiciaire de niveau B2 vierge, c’est-à-dire hors
condamnations mineures et contraventions, et le nombre de
mandats successifs sera limité à trois. Quant au nombre de
parlementaires, il devrait être réduit d’un tiers, à l’Assemblée
nationale comme au Sénat, et les conditions visant à garantir la
parité seront renforcées.
On notera la volonté de M. Macron de s’exprimer une fois
par an devant le Parlement réuni en Congrès pour rendre compte
de sa politique et en donner les grandes directives. Une sorte
de « discours à la nation ». Il entend ainsi bénéficier
pleinement d’un droit qu’avait introduit Nicolas Sarkozy, alors
président de la République, dans la révision constitutionnelle
de juillet 2008, qu’il n’a utilisé qu’une fois en 2009, tout
comme son successeur François Hollande après les attentats de
novembre 2015.
Concernant la lutte contre les conflits d’intérêts, les
ambitions de M. Macron s’avèrent en définitive relativement
modestes. Il est vrai que, avec la loi sur la transparence de la
vie publique votée en 2013 après l’affaire Cahuzac et la loi
contre la corruption, dite « Sapin 2 », adoptée fin 2016, la
France s’est dotée d’un arsenal judiciaire parmi les plus
avancés en Europe. Dans son programme, l’ancien haut
fonctionnaire ne semble pas vouloir réglementer plus sévèrement
certaines pratiques de « pantouflage », permettant de passer du
public au privé. Peut-être parce que lui-même en a bénéficié.
Outre cette loi de moralisation, M. Macron esquisse
quelques pistes de « modernisation » du travail législatif.
Il juge que les procédures parlementaires sont « trop lentes » et les textes « trop complexes ». Un constat maintes fois
énoncé mais les remèdes évoqués prêtent, pour le moins, à débat.
Il entend ainsi limiter le nombre de mois pendant lesquels le
Parlement légifère afin qu’il se consacre plus à l’évaluation et
au contrôle de l’action du gouvernement.
La procédure accélérée – une seule lecture initiale par
chambre – deviendrait la règle, et tout amendement écarté en
commission ne pourrait être présenté de nouveau en séance. Ces
dispositions, d’apparence technique, touchent en réalité à un
rééquilibrage des pouvoirs entre le législatif et l’exécutif.
Elles méritent plus ample discussion qu’un simple alinéa au
détour d’un programme.
Patrick
Roger
Européen de passion et de raison, Emmanuel Macron est le
seul des candidats à l’élection présidentielle à avoir mis le
projet communautaire au cœur de sa stratégie. S’il est élu le 7
mai, son premier contact à l’étranger sera avec la chancelière
allemande, Angela Merkel, même s’il n’exclut pas que sa première
visite soit pour les troupes françaises déployées hors des
frontières et notamment les quelque 3 500 militaires présents au
Mali et dans le Sahel dans le cadre de l’opération « Barkhane ».
« Berlin, ce sera en
tout cas très vite, dès son investiture, car il faut une
impulsion franco-allemande sur l’Europe avant l’été, lorsque
commencera la campagne électorale allemande, puis après le
scrutin de septembre les négociations sur le nouveau
gouvernement allemand », explique un des proches
conseillers du candidat. Dans la bouche du candidat d’En marche
! revient sans cesse à propos de l’Europe le mot « refondation ». « Cela va au-delà d’une simple relance, précise ce
conseiller. Il s’agit – sans pour
autant toucher aux traités – de rendre l’Europe plus concrète
et plus efficace pour les peuples en clarifiant le niveau de
responsabilité entre le local, le régional, le national et le
communautaire. »
Le projet est ambitieux et M. Macron reste plus convaincu
que jamais du caractère prioritaire de la relation avec
l’Allemagne. « Je ne suis pas face à
Berlin, je suis avec Berlin », précisait-il le
27 avril, sur le plateau de TF1, en réponse à une question de la
correspondante de CNN en France Melissa Bell, tout en
reconnaissant : « Nous avons des différences
et nous aurons des désaccords. » Mais le candidat
veut imposer « une feuille
de route cohérente pour rétablir une confiance entre
l’Allemagne et la France qui s’est fragilisée depuis le début
des années 2000 ».
M. Macron avait souvent rencontré la chancelière allemande
alors qu’il était secrétaire général adjoint de l’Elysée puis
ministre de l’économie. « Il était même dans l’avion
de François Hollande frappé par la foudre alors qu’il se
rendait à Berlin juste après son investiture », rappelle un de ses
proches. Candidat à la présidentielle, il s’était rendu à Berlin
en janvier sans voir Mme Merkel. Mais il a été
reçu et a pu s’entretenir avec elle le 16 mars. La chancelière
souhaite sa victoire et a assuré, le 28 avril, qu’il sera « un président fort ».
« La relation
franco-allemande s’est trop souvent résumée ces dernières
années à une liste de reproches mutuels ; il est urgent de
mettre en avant des objectifs communs aussi bien en matière de
sécurité, de défense que d’investissements mais aussi
d’écouter la colère des peuples de l’Union », explique l’eurodéputée
Sylvie Goulard (MoDem), l’un des piliers de l’équipe européenne
de M. Macron animée par Clément Beaune, qui était à ses côtés à
Bercy. On y rappelle sans cesse qu’« il faut montrer à Berlin que l’on est sérieux ».
D’où l’insistance sur les réformes à mener tambour battant dès
les premières semaines du quinquennat, notamment celle du code
du travail afin de décentraliser le dialogue social.
Refaire de la zone euro une « zone monétaire optimale »
avec une meilleure gouvernance implique aussi pour Paris de
respecter les règles budgétaires. En échange, M. Macron entend
obtenir la création d’un budget de la zone euro et d’un ministre
de l’économie commun. Dans l’immédiat, afin d’envoyer un signal
aux électeurs français, il veut lutter contre le dumping social
au sein de l’Union européenne en imposant notamment la refonte
de la directive sur les travailleurs détachés – bloquée par
Varsovie et d’autres capitales des ex-pays de l’Est – et un
socle de droits sociaux.
« Emmanuel Macron est
conscient des espoirs suscités à Berlin comme dans nombre
d’autres capitales de l’Union. S’il est élu, cela lui
permettra de créer un rapport de force pour faire passer ses
idées sur l’Europe », note
un diplomate. La sécurité est l’un de ses objectifs principaux
avec notamment sa proposition de renforcer l’agence européenne
Frontex en créant un corps de 5 000 gardes-frontières.
L’autre enjeu-clé est la défense, alors même que M.
Macron, s’il est élu, assistera le 25 mai à Bruxelles au sommet
de l’OTAN où le président américain Donald Trump fera sa
première sortie hors des Etats-Unis. L’un et l’autre se rendront
ensuite au sommet du G7 en Sicile. Au-delà de futurs projets
industriels européens communs en matière de défense, il insiste
sur la nécessité d’une meilleure coopération opérationnelle
appelant notamment à la création d’un « conseil de sécurité européen » qui regrouperait les
responsables politiques mais aussi militaires des pays de
l’Union souhaitant s’y joindre.
Cela est encore lointain et plutôt flou. « Il s’agit d’éviter le doublon avec les
structures de l’OTAN, relève
un des conseillers de M. Macron. Mais il est aussi nécessaire de marquer une
autonomie diplomatique et stratégique de l’Union. » Avant le sommet de
l’Alliance, il compte bien rencontrer les dirigeants des
institutions européennes, le président de la Commission
européenne, Jean-Claude Juncker, et le président du Conseil
européen, Donald Tusk.
Marc
Sémo
- 4 - SIMPLIFICATION DE LA VIE DES ENTREPRISES : faciliter le travail des petits patrons
Pour le candidat Emmanuel Macron, la relance de la
croissance et de l’emploi passe par les entreprises. C’est donc
tout naturellement qu’en tant que président, il ferait de la « simplification
» des
obligations administratives pesant sur les entreprises un volet
prioritaire. « Fin mai ou début juin, un
projet de loi d’habilitation permettra au gouvernement d’agir
par ordonnances pour mettre en place le droit à l’erreur », indiquait le fondateur
d’En marche ! au Journal du dimanche, le 9 avril.
De quoi s’agit-il ? « Il reviendra à
l’administration de prouver que l’erreur a été commise
intentionnellement, ou que la personne est de mauvaise foi,
sauf en matière pénale, ou lorsqu’elle engage la santé ou la
sécurité d’autrui », précise
son programme. Un changement d’état d’esprit réclamé de longue
date par les organisations patronales,
notamment celles qui représentent les TPE-PME, plus vulnérables
aux complexités juridiques et administratives, qui leur coûtent
du temps et de l’argent.
« C’est une mesure de
bon sens ! Aujourd’hui, la forme prime sur le fond. Si vous
envoyez une lettre de licenciement avec une erreur de forme,
elle peut être invalidée ; si vous postez un courrier un jour
trop tard, vous avez des pénalités », explique François
Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes
entreprises (CPME, ex-CGPME). « Selon les
départements et les Direccte [directions
régionales des entreprises, de la concurrence, de la
consommation, du travail et de l’emploi], les règles ne sont pas les mêmes pour tous, abonde Thibault Lanxade,
vice-président du Medef. Certains contrôleurs
font preuve de compréhension, d’autres pas. »
C’est dans le même esprit que M. Macron avait évoqué, en
mars, une mesure qui ne figurait initialement pas dans son
programme : la « suspension » du compte
personnel de prévention de la pénibilité. Ce dispositif oblige
les entreprises à déclarer les salariés exposés à une dizaine de
facteurs de risques, pour leur permettre notamment de partir à
la retraite de façon anticipée. Mais sa mise en œuvre est
décriée par les patrons, qui le considèrent comme une usine à
gaz.
L’ancien ministre de l’économie a également repris l’idée,
portée par la CPME, d’un référent PME dans chaque ministère, et
souhaite généraliser le principe du « test PME » visant à
évaluer concrètement les conséquences d’une réglementation avec
des chefs d’entreprise.
Durant son quinquennat, François Hollande avait déjà fait
du « choc de simplification » l’une de ses priorités
personnelles. Le conseil de la simplification pour les
entreprises, coprésidé à sa création par Thierry Mandon et
Guillaume Poitrinal, a annoncé un peu plus de 460 mesures en
cinq ans. Mais, outre un gain financier difficile à vérifier –
il avait été initialement estimé à 11 milliards d’euros d’ici à
2017 –, les résultats n’ont qu’à demi convaincu les patrons.
C’est le cas de la mesure stipulant qu’en l’absence de réponse
de l’administration, la requête d’une entreprise était
considérée comme validée. « Il y a eu près de 1 200
dérogations ! », regrette
M. Asselin.
M. Macron souhaite créer « un
site Internet unique [qui] donnera à chaque TPE
ou PME les obligations légales et conventionnelles qu’elle
doit respecter en fonction de sa situation. Les réponses
fournies en ligne seront valables face à l’administration ». « Un nouveau site, pourquoi pas, mais face à une
réglementation foisonnante et pas toujours lisible, cela ne
sert à rien », relève
M. Asselin.
S’il est élu, M. Macron compte aussi supprimer « les normes issues de la surtransposition ». Une allusion à la
transposition en droit national des directives européennes. « Qu’il s’agisse des domaines financier ou
agricole, les autorités françaises sont souvent plus strictes
que Bruxelles. Nous sommes le trop bon élève européen », avance M. Lanxade. M.
Macron souhaite enfin supprimer « une norme récente pour toute nouvelle norme
votée » et, en
ce qui concerne les textes fiscaux, sociaux ou touchant au droit
du travail, instaurer une « règle de stabilité : quand
on prend un texte dans le quinquennat, on n’y touche plus ». Des propositions en
théorie de nature à plaire aux exigences de visibilité à long
terme des chefs d’entreprise.
Audrey
Tonnelier
-
5 - RÉFORME DE L’ÉCOLE PRIMAIRE : douze élèves par classe dans les ZEP pour réduire l’échec scolaire
C’est une mesure qui inscrit le projet d’Emmanuel Macron à
la fois dans la logique de la « priorité au primaire » – fil
rouge de la politique éducative de François Hollande –, et dans
le principe de « donner plus à ceux qui ont moins » – au
fondement de la politique d’éducation prioritaire mise en place
en 1981. Le candidat d’En marche ! souhaite limiter à 12 élèves
les classes de CP et CE1 en ZEP dès la rentrée 2017. Cela
reviendrait à diviser par deux la taille des classes dans ces
zones, qui s’élève aujourd’hui à 24 élèves en moyenne.
Pas si simple. Principe de réalité oblige (une rentrée
scolaire se prépare plusieurs mois à l’avance), la mesure ne
pourrait s’appliquer d’un coup de baguette magique dans
l’ensemble des 12 000 classes concernées. Elle se mettrait en
place progressivement : en septembre, en CP dans les REP +
(réseaux d’éducation prioritaire renforcés) et une partie des
REP, par redéploiement des 5 000 postes de « plus de maîtres que
de classes » créés sous l’actuelle mandature (deux enseignants
en classe). « Ensuite, les recrutements
seraient fléchés sur ce dispositif pour les rentrées 2018 et
peut-être 2019 », précise
l’entourage de M. Macron. Le prétendant à l’Elysée, qui ne
prévoit pas de coupes budgétaires dans l’éducation, compte créer
5 000 postes pour mettre en place cette mesure.
Un tel dispositif peut-il permettre de lutter contre
l’échec scolaire et réduire les inégalités ? Les recherches les
plus récentes sur ce sujet tendent à le laisser penser. Dans un
rapport paru en 2014, le Conseil national d’évaluation du
système scolaire (Cnesco) montrait que des effets positifs
avaient été observés, en particulier en primaire et auprès
d’élèves socialement défavorisés. « Les petites classes risquent moins de souffrir
de problèmes d’indiscipline », peut-on y lire. Elles
peuvent aussi permettre aux enseignants de « consacrer davantage de temps, d’attention à
chaque élève ».
En France, une mesure semblable avait été expérimentée à
l’initiative de Luc Ferry, ministre de l’éducation nationale de
2002 à 2004. Elle avait concerné 2 000 classes de CP, réduites à
une dizaine d’élèves, dans le cadre d’un plan contre
l’illettrisme. « L’inspection générale en
avait dressé un bilan mitigé, rapporte Bernard
Toulemonde, inspecteur général honoraire de l’éducation
nationale. Le dispositif avait bien
fonctionné là où il y avait des professeurs expérimentés,
capables d’adapter leurs pratiques. Si le candidat couple
cette mesure avec l’affectation d’enseignants en ZEP ayant au
moins trois ans d’ancienneté, comme il s’y est engagé, cela
peut être intéressant », estime-t-il.
Pas sûr, en revanche, que le « 12 élèves en ZEP » réponde
aux revendications du SNUipp-FSU, le syndicat majoritaire. « La réduction des effectifs de classe est une
urgence, et en ce sens, Emmanuel Macron n’a pas tort. Mais
nous ne le percevons pas comme lui, souligne
Francette Popineau, cosecrétaire générale. Nous souhaitons un abaissement général des
effectifs de classe, avec un effort particulier dans les zones
difficiles, et l’amplification du “plus de maîtres que de
classes”, plébiscité par les enseignants. » Un dispositif qui n’a
pas fait ses preuves, aux yeux de l’équipe d’En marche !, et qui
serait donc voué à disparaître.
Aurélie Colla
Et encore
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