Ciné en noir et noir
"Pour un noir homosexuel la discrimination sexuelle est « une discrimination de plus » ;
pour un blanc homosexuel, elle est une « anomalie » éprouvée par
quelqu’un qui se pensait naturellement au « sommet de la pyramide ». "...
Diffusé sur Arte une quinzaine de jours avant sa sortie en salle de cinéma1, I am not your Negro, le
documentaire de Raoul Peck, a suscité en France, bien au-delà des
cercles militants et décoloniaux familiers de ses écrits depuis de
nombreuses années, un certain enthousiasme. Le nombre conséquent de
papiers élogieux parus dans la presse nationale illustre une attention
inhabituelle pour un film documentaire consacré à une figure littéraire
et intellectuelle peu connue en France - en dépit de la traduction de plusieurs de ses textes littéraires et essais. Indéniablement, I am not your Negro profite
des dynamiques en cours dans les milieux universitaires-militants, où
une nouvelle génération plus ouverte aux auteur.e.s anglo-saxon.ne.s
redécouvre les travaux de Franz Fanon, C.L.R. James, Angela Davis ou,
justement, James Baldwin.
A lire aussi
S’il est capital aujourd’hui d’étudier la trajectoire et la pensée de
James, c’est parce que, sans doute plus que celles de n’importe quel
autre penseur noir radical, elles permettent de réexaminer les conflits
opposant depuis de nombreuses années la théorie marxiste à la critique
postcoloniale en interdisant tout recours à des solutions de compromis
telles que celles que l’on observe dans les tentatives pour
« (re)marxiser » les études postcoloniales et/ou « déseurocentriser » le
marxisme. Cet enjeu théorique est indissociablement un enjeu politique
éminemment actuel dans une conjoncture où la gauche radicale, pensant
souvent à tort avoir affaire à un problème entièrement inédit, éprouve
la plus grande peine à (re)définir ses stratégies face aux
revendications des minorités (immigrées, racialisées, postcoloniales).
Celles-ci demandent en effet non seulement que leurs causes soient
intégrées à l’agenda politique des mouvements anticapitalistes, mais
exigent aussi de parler et d’agir en leur nom propre en défendant leur
autonomie. Cliquer ici
Et aussi
La conclusion de l’ouvrage permet de saisir ainsi la relation
ambivalente et ambiguë qu’entretient la République avec ses autres.
Ambivalente et ambiguë dans le sens où l’articulation des deux
politiques publiques – la lutte contre les discriminations raciales et
l’acquisition de la nationalité française – n’a pas redonné, comme on
pouvait le prétendre et l’imaginer, des lettres de noblesse à l’égalité,
mais davantage d’espace à l’identité, comme l’illustrent bien les
discours délivrés aux nouveaux naturalisés lors des cérémonies. Mais ce
que révèle pertinemment l’auteure, c’est comment la reconnaissance des
discriminations raciales a paradoxalement provoqué un enfouissement de
la question de la race en France ; comment l’usage de la colorblindness
a invisibilisé « la manière dont la société assigne racialement
certains de ses membres et les soumet, par les discriminations qu’elle
leur fait subir, à une position de minoritaire » (p. 216). Cliquer ici
A écouter sur France Culture : Les frontières intérieures de la République (avec Sarah Mazouz)
Par-delà les polémiques, éléments d'une réflexion nécessaire ...
[Pour Christine Delphy] dans le texte qui suit : la mixité n’est pas en
elle-même un bien qu’il faudrait opposer sans discernement à une
non-mixité forcément « enfermante » et « étouffante » ; la non-mixité
n’est en fait oppressante que lorsqu’elle est subie, au même titre que peut être oppressante une mixité ou une proximité subie. Et si la mixité choisie (ou plus exactement : la possibilité de choisir – ou pas – la mixité) constitue un objectif pour les dominé-e-s, le chemin qui y mène passe nécessairement par des moments de non-mixité choisie. Cliquer ici
Nos organisations se sont réunies samedi 6
juillet 2013 dans le cadre d’un séminaire de travail qui a été
l’occasion d’une discussion politique intense sur la nécessité d’une
convergence articulée à la prise en charge assumée des contradictions
qui traversent et structurent le monde de l’immigration post-coloniale.
L’originalité de cette rencontre est qu’elle a rassemblé exclusivement
des groupes non blancs, issus de l’immigration et des quartiers,
parfaitement autonomes (des pouvoirs publics et des organisations
politiques de gauche comme de droite) et qui fondent leur action
principalement contre le racisme d’Etat et le racisme impérialiste.
Ce processus de « convergence avec nous-mêmes » est lui-même le fruit
d’un travail en commun de plusieurs années. Nous souhaitons le
poursuivre et lui donner un contenu politique plus substantiel, voire
organisationnel. Cliquer ici
Et encore
Notre dossier Antiracisme
Altérité, identités...chocs et entrechocs...passages obligés pour quels dépassements émancipateurs ?
NPA 34, NPA