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Islamophobie. Charlie : Ramadan et Plenel (et Daech), on vous amalgame le tout ?


 A travers la haine de l'islam et de ses supposé-es complices, il se produit "une dérive politique vers des rivages autoritaires et intolérants, à rebours d’une culture démocratique respectueuse de la pluralité des opinions et de l’indépendance de l’information" (Edwy Plenel).


24 novembre

Contre le lynchage médiatique et les calomnies visant les antiracistes (Libération) 

L’affaire Tariq Ramadan, estime un groupe d’intellectuels, relance violemment les campagnes menées contre les représentants de l’antiracisme. Cliquer ici

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20 novembre




 En déplacement en Asie du Sud-Est durant ces deux dernières semaines, j’ai assisté de loin, incrédule et stupéfait, à cette incroyable surenchère à laquelle faisait face vaillamment une équipe soudée dans l’épreuve. Quand j’ai quitté la France, le lundi 6 novembre, je croyais avoir fait les mises au point nécessaires, la veille, dans deux émissions de télévision, celle de Mouloud Achour sur Canal Plus (c’est ici) et celle d’Apolline de Malherbe sur BFM TV (c’est là). L’impensable soupçon que Mediapart aurait été informé des accusations de violences sexuelles contre Tariq Ramadan et les aurait sciemment cachées à ses lecteurs commençait tout juste à circuler, sans aucun fondement autre que la malveillance, sinon la calomnie.

[...] En quelques semaines, nous voici passés, dans une surenchère qui dépasse l’entendement, d’agent de l’islam à fourrier de l’islamisme, puis complice d’un violeur supposé et, enfin, responsable potentiel de futurs attentats par « un appel au meurtre » utilisant « les mêmes mots que Daech » !

Contrairement à l’adage, dans notre affaire, tout ce qui est excessif est signifiant. Prenant en otage le martyre de Charlie Hebdo, l’ancien premier ministre [Manuel Valls] l’utilise contre la liberté de la presse, instaurant d’imaginaires délits de complicité intellectuelle dignes du maccarthysme et appelant à bannir de l’espace public un journal dont la sensibilité lui déplaît. On n’ose lui rappeler que, depuis 1984, le pluralisme des médias fait partie du bloc de constitutionnalité français, en d’autres termes que c’est un de nos droits fondamentaux. Cliquer ici



 Parmi les signataires, Olivier Besancenot pour le NPA. Cliquer ici

 Note du site du NPA 34

Cette page se veut avant tout un geste de solidarité avec l'équipe de Mediapart, victime d'une campagne de calomnies, de désinformation... et l'on pourrait enfiler d'autres synonymes, comme on enfile des perles, y compris au sens par antiphrase d' "écrits dont la cocasserie et le ridicule, souvent involontaires, suscitent la moquerie", si l'affaire n'était aussi grave... Car le ciblage de Mediapart, dans le contexte des accusations d'agressions sexuelles contre Tariq Ramadan, participe d'une vaste offensive "criminalisant" toute personne qui refuse de confondre l'islam et le terrorisme s'en revendiquant, qui se refuse à assimiler tout-e musulman-e à un terroriste en puissance ou à une cinquième colonne du djihadisme violent affaiblissant les défenses laïques et républicaines de la France. L'un des aspects les plus abjects de cette campagne, dont il est nécessaire de dire qu'elle est islamophobe, comme est antisémite toute agression contre les personnes juives ou supposées juives, tient à l'instrumentalisation, qu'elle cherche à commettre, du combat des femmes contre les violences qu'elles subissent. Plenel s'en explique, nous renvoyons à son écrit.

Concernant un Manuel Valls qui, délégitimé pour sa politique antisociale et liberticide, du temps où il était premier ministre, cherche à se refaire une virginité politique en extrémisant ses positionnements habituels contre les musulman-es (mais on n'oublie pas ses déclarations antiRoms), on rappellera que, comme nombre de ceux et celles qui prétendent traquer ici, tous azimuts, l'islamiste terroriste, il a été moins regardant envers le régime d'Arabie Saoudite qui, ancré dans ce que l'islam, pour le coup, a de plus rétrograde, est un financeur zélé de nombre de groupes terroristes djihadistes ! 

  

Et pas précisément un défenseur des droits des femmes ni des droits humains en général... Il sera dit que, derrière l'intransigeance islamophobe, ici, dont Manuel Valls est l'emblème, se niche la complaisance commerciale et politique, en un mot, capitaliste, envers cet "islamisme" là-bas ! La vérité du Valls islamophobe est en somme dans la défense qu'il a faite et fait du système qui écrase les populations, sans distinction de religion, de croyance ou, plus généralement, d'opinion. Dans le cas qui nous occupe, il est simplement dans le créneau classique du diviseur faisant diversion des enjeux sociaux fondamentaux : cibler Plenel, par rebond du cliblage d'un Tariq Ramadan ayant des comptes à rendre pour une accusation de violence sexuelle, c'est travailler à détricoter les lignes de mise en cause, par l'enquête journalistique, du pouvoir des possédants, qui ouvrent des brèches dans lesquelles pourraient s'engouffrer des contestations sociales et politiques radicales. 

Et voir Charlie Hebdo prendre sa place aux côtés de ce forcené manuélien, ne fait que confirmer le basculement définitif dans le système de ce qui fut le vecteur par excellence de la dérision antisystème. Lui donner notre soutien, pour l'enfer de violence qu'il a vécu et contre les menaces qui pèsent sur lui, est à la hauteur de notre refus radical de son positionnement fait d'amalgames et de détournements idéologiques visant les musulman-es, les idées de laïcité et, in fine, de liberté, d'égalité et de fraternité. Mesurons bien le paradoxe qu'au nom de sa liberté d'exprimer ce qu'il a à dire, Charlie Hebdo soit une des têtes de pont d'une campagne attaquant la liberté de Médiapart de jouir de cette faculté d'expression. Relisons Plenel : "Prenant en otage le martyre de Charlie Hebdo, l’ancien premier ministre [Manuel Valls] l’utilise contre la liberté de la presse, instaurant d’imaginaires délits de complicité intellectuelle dignes du maccarthysme et appelant à bannir de l’espace public un journal dont la sensibilité lui déplaît."

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Nous voici sommés de nous gondoler à la vue d’une caricature insinuant qu’Edwy Plenel aurait odieusement dissimulé l'existence de graves infractions dont il aurait été en quelque sorte le témoin, et par son silence ignoble le complice indirect...

Basée sur quoi, au fait, l’insinuation? Aucun fait précis, aucune information vérifiable. Sur rien. Parce que, et puis c’est tout. Cliquer ici
  



Depuis fin octobre-début de novembre, deux attitudes types sont observables dans l’univers médiatique (au sens large).

  • Pour certains, « l’affaire Ramadan » est une des affaires qui se manifestent dans le cadre des suites de « l’affaire Weinstein ». Une affaire importante, vue la renommée du personnage et son aura, vu aussi ce qui lui est reproché, et, en même temps, une affaire parmi d’autres.
  • Pour d’autres, au contraire, il n’existe quasiment plus d’autres affaires que « l’affaire Ramadan ». Elle est l’occasion d’être, de fait, de nouveau dans le déni que c’est le cœur même de la société mainstream qui est atteint. Cette mise à plat globale du social redevient, de façon commode, un angle mort. Un « leader musulman » est sur la scène ; les autres personnages ont, automatiquement, quasiment disparu de cette dernière, puisqu’on a celui-là, « laïcité merci », à se mettre sous la dent. Cliquer ici

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