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Smovengo, un sacré coup de frein ...à la pratique du vélo


VIVE LE VÉLO EN VILLE

Face au manque de transports en commun, aux encombrements et à la pollution liées à la circulation automobile, les déplacements en vélo sont une alternative écologique à développer drastiquement. D'autant qu'ils sont l'occasion de faire régulièrement un peu d'exercice physique bénéfique pour la santé et qui peut être doux avec l'apparition des vélos électriques. C'est aussi un moyen de transport économique que quasiment toute la population peut acquérir ou se procurer. Et en vélo, vous arrivez à proximité immédiate de votre lieu de destination.

DES OBSTACLES

L'utilisation du vélo comme moyen de transport rencontre des obstacles : le manque de garages ou de parkings sécurisés dans les immeubles, sur la voie publique et les lieux d'activité, ce qui est particulièrement malvenu vu le peu de place qu'occupe un vélo. L'obstacle essentiel étant que la ville n'est plus aménagée pour les modes de déplacement doux, mais pour la voiture : très peu de pistes cyclables et encore moins de pistes sécurisées, non continuité des pistes cyclables et manque de respect de l'interdiction d'y stationner une voiture.

LES SOLUTIONS

La plus répandue est la possession individuelle d'un vélo, mais il faut disposer d'un endroit où le garer en sécurité et savoir l'entretenir et le réparer. D'autres solutions sont la mise à disposition de vélos gratuitement ou à la location par des municipalités en régie directe ou en délégation de service public par des entreprises privées. Il existe de par le monde une grande variété de formules de mises à disposition. C'est le service public municipal de prêt ou de location de vélo qui répond le mieux aux intérêts de la population.

LE CHOIX A PARIS

Le service public municipal, ce n'est pas le choix qu'à fait la municipalité parisienne qui a délégué ce service à Decaux avec le Vélib'. JCDecaux a vu sa délégation de service public durer 10 ans et Anne Hidalgo a alors changé de délégataire pour confier le service à Smovengo, consortium mené par Smoove, une start-up installée à Montpellier, forte de 38 personnes et réalisant 9 millions d'euros de chiffre d'affaires et fournisseur des vélos de l'entreprise TAM (Transports de l'Agglomération de Montpellier). On cherche encore l'avantage décisif que le nouveau délégataire a présenté à la mairie pour remporter le marché (Voir 12 raisons de (ne pas) regretter le Vélib' de JCDecaux).

RIEN NE VA PLUS

Une mise en place très difficile.
Une grosse erreur managériale et une illégalité : la plupart des salariés de Vélib' ne sont pas repris par l'entreprise montpelliéraine.
De très gros retards dans la mise en place des stations.
Des pannes et dysfonctionnements à répétition.
La municipalité parisienne est contrainte de hausser le ton, d'infliger des pénalités et de mettre la main à la pâte.
Maintenant, la start-up montpelliéraine joue au patronat de combat.

SMOVENGO : VIRÉS POUR FAUTE GRAVE APRÈS LA GRÉVE

Libération du 11 juin (source)

Des salariés en lutte depuis plus plus d'un mois ont été licenciés par l'entreprise de vélos en libre-service

La lettre passe de main en main devant le dépôt Vélib d’Alfortville (Val-de-Marne). Benjamin (1), l’un des salariés de Smovengo, l’entreprise chargée du déploiement des nouveaux vélos en libre-service parisiens, est allé la chercher à la poste. Il y est inscrit en objet : «Notification de licenciement pour faute grave.» Et le technicien de 28 ans de commenter, l’air abasourdi : «Ça, c’est un coup dur…»
Avec 70 autres salariés, il était en grève depuis le 17 avril pour protester contre les conditions de travail au sein de l’entreprise montpelliéraine. La plupart d’entre eux sont d’anciens employés de JC Decaux, le précédent prestataire de Vélib, transférés au moment du lancement du nouveau service. Ils réclament de pouvoir obtenir les mêmes avantages sociaux qu’auparavant. «On était payés 45 % en plus de notre salaire lorsqu’on travaillait la nuit chez JC Decaux, c’est passé à 10 % chez Smovengo, assure Benjamin. On nous a aussi demandé de travailler les jours fériés et les dimanches sans toucher de prime alors qu’auparavant notre salaire était doublé. Chez Smovengo, je suis devenu un smicard de nuit.»

«Illicite»

Le 22 mai, l’entreprise adresse à une vingtaine de salariés grévistes une première réponse : un courrier recommandé les convoquant à un entretien préalable «pouvant aller jusqu’au licenciement». Ils se présentent en groupe face à la direction, presque tous anciens de JC Decaux. «On a décidé d’aller à l’entretien à plusieurs. On faisait grève ensemble, pourquoi serait-on convoqué individuellement ?» avance Benjamin.
Résultat, Smovengo estime que les salariés ne se sont pas présentés à leur entretien. Et décide donc de les licencier. Car entre-temps, le tribunal de grande instance de Paris a donné des points à Smovengo. Il a jugé le 14 mai la grève des salariés «illicite», au motif qu’aucun préavis n’avait été déposé. Pour le juge, Smovengo étant une entreprise chargée de la «gestion d’un service public», un préavis de «cinq jours francs» doit s’appliquer. Du côté de la firme, la direction est priée de «cesser de recourir à des travailleurs intérimaires» lors de la grève. Contacté, Me Blanc de La Naulte, l’avocat de l’entreprise, se retranche derrière la décision : «A compter du 14 mai, il n’y a plus de débat, plus de grève, les salariés avaient obligation de reprendre le travail. Ils ont des demandes, on peut en discuter, mais seulement avec ceux qui sont présents dans l’entreprise.»
Laurent Degoussée, l’un des responsables de la fédération SUD-commerce et services, s’insurge : «Smovengo découvre au bout de trois semaines de conflit qu’elle est une entreprise de service public ? C’est une blague. […] Les Vélib, c’est une faillite industrielle, sociale, et désormais morale.»
Les salariés promettent désormais de saisir le conseil des prud’hommes en référé. Devant une dizaine de licenciés, Laurent Degoussée improvise un rapide cours de droit : «Si le tribunal décide que votre licenciement est nul car il ne respecte pas une liberté fondamentale, alors il ouvrira une possibilité de vous réintégrer.» Avant de nous glisser : «Ce qu’on vise, c’est de pouvoir les réintégrer, après on verra.» Ils attendent un geste de la mairie de Paris, qui ne les a pas reçus pour le moment. «La mairie est au moins aussi responsable que Smovego», estime Benjamin.

«Gâchis»

Pour le salarié licencié, la suite est trouble. «On va poursuivre le mouvement, c’est sûr. Mais on va surtout chercher du boulot. On va pas rester chômeurs, on a tous des familles», dit-il, amer. Avec des collègues, il essaye de comprendre ce qui n’a pas fonctionné dans l’entreprise. «Leur nouveau système de Vélib ne fonctionne pas, et ils nous mettent ça sur le dos. Avant j’étais régulateur et je travaillais de 6 h 30 à 15 heures. En changeant d’entreprise, on m’a dit "tu seras technicien de maintenance, et tu travailleras de 22 heures à 6 heures", se souvient-il. J’ai fait des concessions, je pensais que ça pourrait changer avec le temps.» Pour l’un des techniciens licencié : «C’est du gâchis. On était prêts et motivés à travailler.»


(1) Le prénom a été changé.

Gurvan Kristanadjaja 

POUR EN SAVOIR PLUS 

Gazette Live Montpellier : "Les bricolos du vélo", le Canard enchaîné dénonce la gestion des Vélib' par les Héraultais de Smoove

Midi LibreVélib' : l'Héraultais Smovengo écope d'une nouvelle pénalité

Midi Libre : Smovengo et les ratés du Vélib' : 2 millions de pénalités pour l'héraultais

Midi Libre : Les vélos en libre service de l'opérateur héraultais Smovengo ont un coup de pompe

La Tribune : Vélib' : Smovengo en difficulté, la mairie de Paris reprend la main

Challenges : La vérité sur… Smoove, le gagnant du Vélib'2 face à JCDecaux ...

JED et Antoine

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