Le mouvement indépendantiste en quête offensive de sa reconstruction
Le plus inquiétant pour l’espagnolisme, orphelin de son matamore Rajoy,
renversé d’une pichenette parlementaire permettant à son pâle doublon de
gauche de reprendre, sans aucune majorité parlementaire propre, le
flambeau de la défense de « l’unité de l’Espagne », c’est que la
vitalité réactivée du catalanisme de la rue coïncide avec
l’affaiblissement institutionnel du pouvoir de Madrid. Car c’est cela
qui se donne à voir en ce moment en Catalogne, spécialement en ce jour
commémoratif où se sont multipliées des centaines d’initiatives, parfois
spectaculaires (blocage de TGV, barrages routiers, suppression du
drapeau espagnol sur la façade de mairies…) : l’initiative est bien du
côté du peuple catalaniste retrouvant la confiance en lui-même grâce, en
particulier, aux discours mobilisateurs d’une ANC (Assemblée Nationale
Catalane) n’hésitant pas à sermonner la tergiversation des partis
indépendantistes sur la définition d’une stratégie lisible présentée
comme devant irrévocablement déboucher, dans les meilleurs délais, sur
la proclamation de l’indépendance républicaine ! Par ailleurs la
radicalité offensive manifestée par les Comités de Défense de la
République (CDR) aiguillonne aussi des milliers de manifestant-es vers
une croissance de l’auto-organisation populaire méfiante vis-à-vis d’un
indépendantisme institutionnel jugé incapable d’être à la hauteur des
enjeux. Cliquer ici
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Le même jour, celui de la Diada...
La Transition
L'enfant : Papa, tu m'expliques ce que c'est la Transition ?
Le père : Attends un peu.
L'enfant : Que tu aies fini de manger ?
Le Père : Non, que la Transition soit finie.
Note : dans l'Etat espagnol, la Transition, avec une majuscule, c'est pour tout le monde la période, mythifiée si longtemps, qui a vu le passage en douceur (ou presque) de la dictature franquiste à la démocratie de la monarchie parlementaire. Une transition fondée sur une loi d'amnistie des franquistes qui leur a permis de se reconvertir sans frais politiques et judiciaires en démocrates et de continuer à faire les mêmes affaires (que poursuivent aujourd'hui leurs enfants), ou plutôt à les faire prospérer grâce à l'entrée dans l'Europe (1986). On date le vrai début de cette Transition, commencée de fait à la mort de Franco en 1975, de 1978, l'année du référendum instaurant les institutions démocratiques. Il y a à peu près consensus parmi les historiens pour estimer qu'elle se clôt en 1982 avec l'avènement des socialistes au gouvernement, pour 14 ans... de restructurations capitalistes sacrifiant de nombreux emplois dans l'industrie et maintenant ainsi à la baisse des salaires déjà fortement contraints par la logique dictatoriale qui ne fut pas remise en cause...
Ce dessin vient à signifier, en lien avec les évènements d'une Catalogne en quête de République mais également avec ce qui se passe ailleurs dans tout le pays, que la Transition du franquisme à la démocratie est loin d'avoir été close ! Tout le monde suit ?