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À la veille de 2019, dans l'Hérault, un parfum d'insurrection

Les voies occupées - photo Jean-Michel Mart (Midi Libre)

Pour l’acte VII, 7ème temps fort consécutif de mobilisation des gilets jaunes, rendez-vous a été donné samedi 29 décembre 2018 sur la place de la Comédie à Montpellier pour une «  marche  » en ville. Le gouvernement, qui compte sur la propagande des médias pour tenter d’étouffer le mouvement, en aura été une nouvelle fois pour ses frais. 

En pleine «  trêve des confiseurs  », 800 gilets jaunes, plus que jamais motivés, ont répondu présent. Pas de parcours défini, mais suite à un vote à main levée appelé à la sono, direction la préfecture, aux cris de «  Macron démission  !  ». Sur place, les forces de l’ordre bloquent les accès à la préfecture. La foule des manifestant·e·s avance au contact en scandant «  Tous ensemble, tous ensemble  !  ». Ça rappelle les manifs contre les lois travail, la colère et la détermination en plus. Certains haranguent les CRS  : «  Vous n’avez pas honte  ?», «  Le gouvernement est lâche, il se planque et vous utilise pour se protéger  », «  Vous êtes leurs larbins  »… 

Devant la préfecture, les forces de l’ordre sont fébriles et balancent plusieurs tirs de grenades lacrymogènes. D’autres sortent le flash-ball. Dans une atmosphère irrespirable, la manif se décide à partir en direction de la gare St Roch. Les plus décidés, en tête du cortège crient « 
On n'en veut pas de cette société-là  !  ». 

Devant la gare, les gendarmes mobiles bloquent les accès. Ils sont flanqués de civils façon Benalla (pas la version costard-cravate «  homme d’affaire  au Tchad  », mais la version casquée et armée «  cogneur de manifestants  »). Après un face-à-face de 20 min, la foule s’engouffre dans la gare, puis occupe les quais et les voies. Plusieurs centaines de manifestants restent devant la gare. Les CRS pénètrent alors sur les voies et envoient des tirs nourris de lacrymos. Les gilets jaunes ripostent avec des jets de pierres ramassées sur le ballast et refluent en partie vers l’extérieur. Les gendarmes mobiles n’arrêtent pas de tirer sur la foule depuis les voies, mais aussi depuis les étages  : des grenades, mais aussi des flash-balls  : deux gilets jaunes sont atteints en pleine tête, une femme à la jambe. Les blessés sont évacués, laissant de grosses tâches de sang sur le trottoir. Un début de barricade est érigée avec des palissades de chantier. Puis le cortège, toujours fourni et déterminé, prend une nouvelle fois la direction de la Comédie, en grossissant, pour regrouper un millier de manifestants, et poursuit, à travers les ruelles de la vieille ville, son parcours jusqu’à la préfecture. À nouveau, les projectiles divers lancés par les manifestants croisent les lacrymos lancés par les CRS, depuis les rues adjacentes, mais aussi depuis les toitures. Il n'y a plus de visibilité, les fumées envahissent les rues. Selon des témoins, un quatrième blessé aurait été touché par un tir de flash-ball. 

Bilan final selon France Bleu  : 5 blessés parmi les gilets jaunes. Comme partout en France, il est maintenant clair que les «  forces de l’ordre  » ont pour consigne de viser les manifestants à la tête avec leurs tirs de flash-ball, pour impressionner et faire mal, pour dissuader les gilets jaunes de continuer à descendre dans la rue. 


Au même moment, entre 60 et 80 femmes gilets jaunes ont défilé à Béziers, rejointes par 600 motards gilets jaunes. Faut-il s'en étonner, le comptage des gilets jaunes mobilisés nationalement par le ministère de l’intérieur, repris servilement par tous les médias, est resté étonnamment bloqué sur le chiffre de 12  000. Une simple vérification à partir des chiffres officiels des préfectures montre que sur 8 villes seulement (Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Pau, Metz, Rouen, Lille), le total dépasse les 12  000 annoncés. Sans compter toutes les autres villes, communes, ronds-points occupés et autres actions de blocage sur tout le territoire. 


Une mobilisation puissante donc, en période de fêtes. Le gouvernement pensait qu’il en aurait fini avec la mobilisation le 31 décembre  : c’est raté  !   Malgré la répression sauvage, la propagande des médias et la tentative d’enfumage du «  grand débat national  », comme l’ont chanté à plusieurs reprises les gilets jaunes de l’Hérault, «  On lâche rien  ! ». Plus que jamais, c’est au mouvement ouvrier de s’engager dans la bataille, en organisant dès janvier une grève générale interprofessionnelle, pour gagner sur les revendications et faire dégager Macron.
 
Correspondants NPA 34

ESCALADE RÉPRESSIVE LE 29 DÉCEMBRE À MONTPELLIER 


Alors que des gilets jaunes bloquaient le rond-point du Zénith de Montpellier, le gros des troupes s'était donné rendez-vous place de la Comédie, pour l'acte VII. La manifestation a très vite conflué devant la préfecture où les centaines de gilets jaunes présents ont très rapidement  subi les tirs lacrymogènes de la part de police alors même que la manifestation n'avait pas fait l'objet d'aucun débordement notoire.


Les gilets jaunes ont continué leur manifestation en destination de la gare pour en envahir les voies. La réponse des forces de l'ordre ne s'est pas faite attendre avec le franchissement d'un nouveau niveau de répression. Au moins cinq manifestants ont été blessés par des tirs de flashballs, lacrymogènes et grenades de désencerclement, dont certains au visage. Ainsi, l'unique réponse de Macron face aux revendications des gilets jaunes sur le pouvoir d'achat se résume à de fortes répressions, imagées par la présence de flaques de sang et de corps amochés.

La violence de la répression entreprise par les forces de l'ordre s'était déjà faite sentir lors de l'acte VI sur Montpellier, effectivement les manifestants avaient du faire face à un nouveau pallier de répression avec l'utilisation de gaz intensive sur toute la journée.  A la suite de cette escalade de violence, les gilets jaunes ont répliqué avec la construction de plusieurs barricades face à la gare dont certaines qui se sont embrasées. 
Après l'arrivée de policiers en renfort à la gare, les Gilets Jaunes sont remontés vers la place de la préfecture, en empruntant les petites rues en silence pour éviter la répression. 
Des heurts ont de nouveau eu lieu entre la préfecture et la rue de l'Aiguillerie, après que les forces de l'ordre, surprises par le cortège arrivé discrètement, aient utilisé des gaz lacrymogènes pour faire reculer la foule. La situation s'est tendue, et les jets de projectiles divers ont répondu aux tirs nourris de grenades lacrymogènes. La répression a une nouvelle fois franchi un pallier, en atteste ce manifestant touché au front par un tir de flashball. Un de plus... En effet, plusieurs victimes des tirs de flashballs ont été atteintes à la tête. Un constat qui ne relève certainement pas de l'anecdotique : les forces de l'ordre tenaient ostensiblement en joue les manifestants à hauteur de visage, et nul doute que les policiers maîtrisent à la perfection cette arme qui éborgne ou plonge dans le coma comme ce fut le cas récemment sur Toulouse. 

A minima 5 manifestants ont été blessés, pour la plupart à la tête, et si les blessures sont qualifiées de "légères" par la plupart des médias, elles ont tout de même nécessité l'intervention des pompiers. A l'image de cette répression, sans précédent sur Montpellier depuis le début du mouvement, le gaz lacrymogène utilisé aujourd'hui était aussi plus violent, montant d'un cran sur l'échelle du « suffoquant »... Par la suite, d'autres offensives de la part de la police ont eu lieu jusqu'aux alentours de 19h. Aux lacrymogènes, les tirs de flashballs n'étant une nouvelle fois pas en reste.
Pas de trêve des confiseurs pour les gilets jaunes héraultais qui ont une nouvelle fois répondu présent ! Nul doute qu'en 2019, ils seront présents, plus déterminés que jamais malgré la répression sans cesse plus violente de la part d'un pouvoir qui vacille... 

M. (comité jeunes NPA 34)

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