Une crise de régime espagnole qui est aussi une crise de la gauche d'alternative...
[Pour ceux et celles qui sont uniquement intéressé-es par la situation espagnole, passer directement à la partie explicitement intitulée "Spain is not different" ... et qui est une incitation à lire depuis le début !]
Ce qui le faisait rire est pourtant arrivé. Et pas seulement Trump. Chaque jour voit plus de gouvernants nationalistes néolibéraux et autoritaires – qui conservent certes de grandes différences les uns avec les autres, mais comptent aussi de nombreux points communs –, des Philippines à la Chine, à la Russie en passant par l’Europe centrale et l’Italie jusqu’aux États-Unis.
Son exemple commence à rencontrer de l’écho au sein de partis de droite et d’extrême droite en ascension, aspirant à gouverner dans de nombreux pays. L’élection de Jair Bolsonaro au Brésil est le dernier épisode dramatique de cette série. Tous ces personnages sont la manifestation de L’âge de la régression – pour reprendre le titre d’un ouvrage collectif – qui menace les libertés, mais aussi, ainsi que l’indique dans ce même livre Nancy Fraser fait qu’«une telle situation est certes dangereuse, mais elle offre aussi des opportunités de construire une nouvelle “nouvelle gauche”». Cliquer ici
En avant, continuez à sortir de la crise, n'ayez pas peur, l'économie espagnole continue sa croissance.
En bas du dessin : Selon la Commission Européenne l'Espagne occupe la première place dans l'UE pour les inégalités.
Andalousie : la droite majoritaire. Percée de l’extrême droite (2)
En fait le chômage a baissé mais la précarité bat des records*, quant à Podemos, le diagnostic reste, lui, valable : " chômage, électricité... tout monte, sauf Podemos"
* Plus de deux millions de jeunes espagnol-es sont en situation de pauvreté, dont 600 000 en "pauvreté sévère" (lire ici en espagnol)
* Plus de deux millions de jeunes espagnol-es sont en situation de pauvreté, dont 600 000 en "pauvreté sévère" (lire ici en espagnol)
Etat espagnol. Le nouveau scénario andalou et les bifurcations possibles
Quelques bémols à propos de cet article
Un excellent texte sur les résultats électoraux de l'Andalousie qui a vu la victoire (en nombre de député-es cumulé-es) de la droite et de l'extrême droite : excellent mais à deux grosses réserves près qui "travaillent" en corrélation.1/ Une sous-estimation inadmissible de la catalanophobie qui a dominé la campagne électorale et 2/ une sous-estimation de la caution qu'a donnée Adelante Andalucía (Podemos + IU) à la ligne défendue par Pablo Iglesias à l'échelle de l'Etat espagnol (la participation au meeting de campagne du leader madrilène de Podemos, en adéquation totale avec sa candidate andalouse, la pourtant si peu commode anticapitaliste Teresa Rodríguez, va dans le sens de ce que je dis).Il ne suffit pas d'écrire que cette ligne politique a brouillé le message d'AA car celle-ci est tombée, d'elle-même, dans le piège de refuser toute distance vis-à-vis de la position iglésiste de convergence (en tension mais convergence tout de même) avec le gouvernement central du PSOE. Lequel PSOE soutenait évidemment sa candidate andalouse, alors que AA a priori (moins a posteriori) critiquait frontalement cette socialiste... Cela s'appelle se retrouver dans une posture emberlificotée. Sans parler que la réponse d'AA à la catalanophobie a été d'une légèreté sans nom. Légèreté que l'on comprend d'autant mieux si l'on se souvient que Teresa Rodríguez a refusé de suivre la décision de son courant dans Podemos, Anticapitalistas, de soutenir la République catalane. Evidemment qu'aujourd'hui, après la victoire espagnoliste contre l'indépendantisme catalan, il aurait été électoralement suicidaire de revendiquer, en Andalousie, un appui à l'autodétermination catalane. Mais le problème est qu'il aurait fallu très tôt créer le rempart contre la catalonophobie (et la répression inouïe qu'elle porte), au moins dès le référendum d'autodétermination catalane d'octobre 2017, de préférence bien avant, en menant une politique offensive de déconstruction de la fallacieuse opposition entre la riche Catalogne égoïste et la pauvre Andalousie lâchée par ladite Catalogne. Cela n'a pas été fait à la hauteur de ce que l'espagnolisme a immédiatement et violemment ressuscité d'anticatalanisme. Le silence (quasi total si j'ai tout suivi !) aujourd'hui par AA sur la situation des prisonniers politiques catalans parle à lui seul de ce que l'on peut déplorer de cette campagne de gauche quant à ce qui a joué une un rôle important pour donner la victoire à la droite et à l'extrême droite andalouses.
La clé de tout est que finalement l'électoralisme (et l'iglésisme en est une composante essentielle) a primé chez AA et a paralysé toute opposition frontale à ce qu'incarnent la droite, l'extrême droite mais aussi le PSOE, à Séville comme à Madrid : le refus du droit d'autodétermination des peuples qui vaut, au demeurant aussi, à sa main, pour l'Andalousie. On ne saurait tricher avec la logique implacable de l'électoralisme qui a tendance à édulcorer les positions de principe et à favoriser le court-termisme des calculs en termes de bulletins de votes.
Aussi cet article a raison de poser que AA devrait se recentrer vers les mobilisations extra-institutionnelles et leur subordonner l'investissement politique dans les institutions. Mais il faudrait commencer par faire une autocritique plus claire sur ce que AA, et plus précisément Podemos-A, n'a pas fait sur ce terrain : il ne suffit pas de clamer de façon incantatoire que l'on est trop "institutionnalistes", pas assez sur le terrain, surtout au moment des congrès (Iglesias, lui-même a su faire en ce sens pour gagner le dernier congrès de Podemos) ou après des déconvenues électorales comme aujourd'hui. Sinon on cède à cette plaie politique qui s'appelle les "voeux pieux"... qui ne débouchent que sur la reconduction d'un existant que l'on dit déplorer.
Retenons, en tout cas, que la droite s'est alimentée de cette carence aussi de la gauche qui se réclame de l'alternative, y compris anticapitaliste ! Il vaudrait mieux le dire sans faux-fuyants et se retrousser les manches pour de bon pour construire des outils susceptibles d'éviter de se fourvoyer politiquement, des outils pour ne plus être dans la roue de ceux qui, à gauche, se veulent dans la roue du PSOE qui est, lui-même dans la roue du régime monarchique. Que dis-je, qui est une des roues motrices de ce régime !
Antoine (NPA 34) sur la page FB du Collectif Montpelliérain de Solidarité avec le Peuple Catalan
A lire aussi
Le procès des prisonniers politiques catalans s'est ouvert aujourd'hui (certains sont en grève de la faim depuis 18 jours, l'un d'eux a été hospitalisé)
La machine judiciaire s'est mise en route contre les prisonniers indépendantistes (à droite, le président de la Cour Suprême, l'homme du PP (lire ici l'opération promotion dont il a fini par se démarquer devant le scandale soulevé).
La machine judiciaire s'est mise en route contre les prisonniers indépendantistes (à droite, le président de la Cour Suprême, l'homme du PP (lire ici l'opération promotion dont il a fini par se démarquer devant le scandale soulevé).
Pétition qui est cours de signature par un ensemble de personnalités avant diffusion large
Pour la
Libération des prisonniers politiques catalans
Voilà plus d’un an
maintenant que sont maintenus en détention provisoire Jordi Sànchez et Jordi
Cuixart, respectivement présidents de l’Assemblée Nationale Catalane (ANC) et
d’Omnium Cultural. Ils sont accusés de sédition et de rébellion, « charges
retenues qui sont sans fondement et doivent être abandonnées », selon Amnesty
International. Amnesty International demande leur libération immédiate, « ce
maintien en détention constituant une restriction disproportionnée de leurs
droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».
Sept autres
dirigeants politiques sont aussi en détention provisoire, punis pour avoir mis
en œuvre leur mandat électoral, le référendum du Premier octobre 2017 : Oriol Junqueras
(vice-président) et Jordi Turull, (porte-parole du gouvernement), Joaquim Forn
(ministre de l’Intérieur), Raul Romeva (ministre des Affaires extérieures, des
Relations institutionnelles et de la Transparence), Jordi Rull (ministre chargé
du Territoire et du développement durable), Dolors Bassa (ministre du Travail, des Affaires sociales, de la Famille) ainsi
que Carme Forcadell, ancienne présidente du Parlement catalan.
Plusieurs autres
élus et politiques catalans ont choisi l’exil : Carles Puigdemont, président du
gouvernement de la Generalitat, Toni Comín (ministre de la Santé), Clara
Ponsatí (ministre de l’Enseignement), Meritxell Serret (ministre de
l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et de l'Alimentation) et Lluís Puig
(ministre de la Culture), ainsi que Marta Rovira et Anna Gabriel, députées.
712 maires ont été
mis en examen pour avoir mis à disposition des électeurs des locaux municipaux
le Premier octobre. Les cinq membres du
bureau électoral, qui avaient démissionné
avant même le référendum, ont récemment été inculpés pour désobéissance et
encourent des peines de plus de 2 ans de
prison.
Sont également
inculpés des dizaines de militants républicains catalans pour avoir participé à
l’organisation des manifestations pacifiques contre la répression policière et
pour avoir demandé la proclamation de la
République Catalane lors des grèves générales des 3 et 8 octobre 2017. Plus de
2 ans de prison ont été demandés aussi pour 14 des personnes qui s’étaient
enchaînées devant le palais de justice de Barcelone le 23 février 2017.
Des droits
fondamentaux sont ouvertement bafoués : droit d’autodétermination, droit de se
réunir, de manifester et de s’organiser pour l’exercer. Cette politique
répressive anti-démocratique se base en partie sur la manipulation de la loi
antiterroriste dite loi Mordaza. Déjà condamnés ou mis en examen, des rappers,
des humoristes, pour avoir critiqué les agissements de la royauté. Aucun
dialogue démocratique digne de ce nom ne saurait être entamé sans que ne soient
libérés toutes celles et tous ceux qui sont poursuivis pour avoir exercé leurs
droits civiques.
· Nous exigeons la libération immédiate des prisonniers
politiques catalans et de tous ceux qui sont emprisonnés pour leurs opinions
politiques et le respect de leur droit à décider.
·
Nous exigeons
l’abandon de toutes les charges portées contre eux et contre ceux qui ont été
obligés de s’exiler ainsi que l’abandon des poursuites contre tous les citoyens
pour avoir exercé leur libre droit d’expression.
·
Nous demandons à toutes
les personnalités, responsables et citoyens français attachés au respect des
droits démocratiques de signer et de faire signer cette déclaration.
Prénom, Nom, adresse, date,
signature