Toujours là et en masse !
Samedi n'a pas dérogé à l'habitude prise un jour de novembre. Cela commence par une place de la Comédie qui se remplit, remplit... et puis cela part vers la Pref' en groupe compact où le jaune se taille évidemment la part du lion mais le rouge tient bien sa place avec les drapeaux du NPA et ceux de la CGT, le bleu et blanc (sans trop de rouge) de LFI répond présent aussi. En poursuivant vers le Peyrou pour faire la boucle vers la gare et retour sur la Comédie, les slogans sont restés fidèles à ce qui unifie le mouvement, le rejet sans partage de Macron et de sa clique, le refus de la misère qu'ils engendrent, qu'engendre le système qu'ils représentent et défendent... Il a semblé pourtant que les "Macron démission" n'étaient plus aussi prégnants qu'avant, peut-être par la conscience qu'il faut bien plus que le dégagisme pour être à la hauteur de ce qu'il y a à contester. Le RIC lui-même était également d'un jaune plutôt pâlichon, encore siglé sur quelques chasubles...En revanche des Bellaciao, des Internationales et des On lâche rien étaient repris ici ou là...
Signe que des repères du mouvement social parvenaient à faire pont avec une mobilisation qui n'en garde pas moins ses signes distinctifs, sa spécificité rétive à toute récupération, sans encore explorer à fond tous les possibles qu'elle recèle... Quant aux quelques drapeaux tricolores arborés par endroit, ils rappelaient plus les festivités du tous ensemble footballeux qu'une revendication patriotarde. Le fait est que, rassurons les impénitents inquiets quant à la nature du mouvement jaune, les fachos étaient aux abonnés absents ou faisaient profil bas... Une revendication portée par nombre d'associations, de syndicats et de partis a été au coeur de ce défilé et explique probablement, pour partie, cette tonalité "gauche" très marquée mais qui ne date en fait pas d'aujourd'hui : l'abrogation de la loi anticasseurs-antimanifestants qui finit d'ancrer dans les esprits, s'il était besoin, que le macronisme est un libéralisme liberticide (ce qui n'est pas une contradiction dans les termes) : doublement destructeur, des droits sociaux et, en corollaire logique, des libertés ! Et ce n'est pas le profil bas adopté ce samedi ici, à Montpellier, par les bleus qui nous fera oublier... ce qui se passait au même moment à Toulouse, point de rassemblement national, où il avait été décidé en haut lieu de concentrer la sauvagerie répressive de l'Etat capitalo-macronien. De quoi nous inviter à ne pas nous leurrer sur le calme montpelliérain d'un jour. En face ils ont plus d'un retour de bâton en réserve, ici comme partout, pour l'imminente après-restitution macronique d'un Grand Débat qui ne manquera pas de virer Grande Provocation ...
Il reste que cette belle manif, qui a réuni au moins 2000 personnes, probablement plus, a une nouvelle fois imposé massivement dans l'espace public que ça ne peut toujours pas se finir par un retour de chacun-e chez soi. L'acquis essentiel est bien qu'une force collective est née pour durer... pour peu qu'elle médite, avec le poète espagnol, Antonio Machado, que le chemin se fait en marchant mais, ajouterons-nous, sans oublier que, pour cela, il est difficile de se passer d'une boussole, peut-être celle qui est là, à gauche, juste sous cette pierre (ou ce pavé ?). Chercher c'est déjà trouver mais il y a plus à trouver pour parvenir à signifier définitivement à ceux d'en face qu'ils l'auront bien cherché !
Une vidéo sera bientôt disponible
Correspondant NPA 34
Reportage photo
(cliquer sur la première photo pour agrandir et lancer le diaporama)
Pour la liberté de manifester
Les street médics en roue libre
Mais vigilants sur les points sensibles
Non, il n'avait pas bu !
Des automobilistes solidaires, klaxons déchaînés
La bonne, c'est par où ?
A lire aussi
Extraits
Toulouse, correspondance.- La foule n’était pas haineuse
aujourd’hui à Toulouse, mais il sera bien difficile, encore plus que
d’habitude, de mesurer jusqu’à quel point elle était nombreuse.
Anticipant la venue de manifestants de la France entière qui répondait à
un appel à converger vers la capitale occitane lancé depuis plusieurs
semaines et largement relayé, la préfecture a activé son « centre opérationnel » dès 11 h 30.
Plus de 800 gendarmes et policiers avaient été mobilisés, soit
facilement 200 de plus que d’habitude. Et cela s’est vu, et senti,
durant toute la journée. Les premiers tirs de gaz lacrymogène ont eu
lieu entre 12 heures et 12 h 30. Très vite, les premiers manifestants,
qui étaient arrivés aux alentours de 11 heures sur la place Jean Jaurès,
lieu de départ traditionnel chaque samedi, se sont retrouvés nassés sur
les allées voisines en chantier depuis des mois. Pendant une heure, les
tirs de lacrymogène se sont succédé à intervalle régulier, provoquant
des mouvements de foule à travers les blocs de béton et les tas de sable
du chantier. Une caravane de chantier a été incendiée.
Plusieurs face-à-face tendus ont eu lieu entre les gilets jaunes,
écœurés par cette débauche répressive, et des policiers traités de « SS », de « collabos », interpellés sur leur fidélité au pouvoir ou leur conscience de père de famille. « Si t’es fier d’être un bacqueux, tape ton collègue ! » : la rengaine a été entonnée dans l’après-midi. Très sollicité, les street medics
ont dû, très tôt et à plusieurs reprises, intervenir pour aider des
personnes en détresse respiratoire. À 13 heures, moment où généralement
les gilets jaunes et les manifestants commencent à arriver dans le
centre et avalent un café avant de se préparer au départ, on courait
déjà dans tous les sens depuis plus d’une heure au cœur de Toulouse,
dont l’hypercentre était verrouillé par des forces de police et de
gendarmerie, qui en bloquaient tous les accès.
Dans notre dos, une dizaine de policiers en civil pressent les quelque 300 personnes qui tentent de remonter la rue Bayard vers la place Jeanne d’Arc. Il est presque 15 heures. Un tir de gaz lacrymogène et de GLI-F4 provoque un mouvement désordonné, un homme tombe, semblant inanimé, sur le trottoir. Une femme, non manifestante, sort d’une boutique en panique et cherche sa fille de huit ans dans les nuages de lacrymogène. À peu près à ce moment-là, une charge extrêmement violente, avec plaquage, coups de matraques et coups de pieds dans des individus au sol se déroule sur le trottoir d’en face. Cliquer ici pour l'intégralité du reportage (accès réservé aux abonné-es)
Notre tract diffusé à cette manif