Le média montpelliérain «Gazette Live» a également filmé la scène, sous
un autre angle, ce qui permet d’apprendre qu’elle se déroule devant la
préfecture de l’Hérault.
Surtout, on entend l’interpellée crier :
«Je suis observatrice de la Ligue des droits de l’homme, je refuse de donner mon matériel de protection !»
La vidéo la plus complète (4 minutes) de la scène a été publiée par un collectif de
«journalistes indépendants»,
La Mule du pape. Le vidéaste finit d’ailleurs par être lui aussi interpellé.
La vidéo
ICI
Procès et matériel confisqué
L’observatrice de la LDH s’appelle Camille
Halut. Elle a été placée en garde à vue, et en est sortie le lendemain
matin, selon le procureur de la République de Montpellier Fabrice
Bélargent. Contacté par CheckNews, le parquetier énonce les faits
reprochés :
«Rébellion, participation à une manifestation avec le visage dissimulé, et refus de se soumettre aux prélèvements ADN» lors de sa garde à vue.
Contactée par CheckNews, Camille Halut raconte :
«J’étais en
train de m’approcher de l’unité de CRS pour constater une saisie de
matériel ou une fouille. J’étais à 4 mètres environ quand un commissaire
est venu me demander mon matériel. J’ai refusé.» Après l’avoir emmené au milieu du dispositif de sécurité, le policier
«a avancé ses mains pour, je crois, prendre mon masque à gaz, poursuit l’observatrice.
Alors j’ai crié.» C’est
plus ou moins là que démarrent les vidéos visibles plus haut. Camille
Halut assure n’avoir pas opposé de résistance à son interpellation :
«Je
me suis contentée de décrire à voix haute ce qui se passait, à la
presse et aux personnes présentes pour attirer leur attention.» Elle
raconte qu’elle a ensuite été placée en garde à vue. Elle estime ne pas
avoir cherché à dissimuler son visage au cours de la manifestation :
«Je n’ai mis mon masque à gaz que quand il y avait des lacrymo, pour pouvoir faire mon travail d’observation», précise l’interpellée.
Contrairement à ce qu’on a pu lire en ligne, l’observatrice n’est pas
passée en comparution immédiate ce lundi. Fabrice Belargent précise en
effet à
CheckNews que le procès pour les faits reprochés aura lieu le 12 décembre.
Camille Halut déplore auprès de CheckNews ne pas pouvoir récupérer
avant cette date le matériel dont elle dit qu’il lui a été confisqué
lors de l’interpellation de ce week-end. Notamment son téléphone
portable et son appareil photo, en plus de son matériel de protection.
Autre procès le 1er octobre
Ce n’est pas la première fois que l’observatrice a à faire aux forces de l’ordre et à la justice montpelliéraines.
Le 16 février, Camille Halut était insultée -
notamment traitée de «connasse»
- par un policier cagoulé qu’elle filmait. Elle déposait plainte dans
la foulée. Le procureur de la République de Montpellier annonce à
CheckNews que l’enquête préliminaire menée par l’IGPN pour
«injure publique», qui a permis d’identifier le policier a été fermée, et qu’une information judiciaire a été ouverte
«la semaine dernière».
Enfin, il y a quelques jours, la
LDH publiait un communiqué et une pétition de soutien à Camille Halut, pour une autre affaire. Selon l’association, l’observatrice a été
«convoquée au commissariat pour une audition libre», et il lui a été notifié qu’elle était accusée d'
«entrave à la circulation».
Les faits reprochés se seraient déroulés le 6 avril, à l’acte XXI,
lorsque des gilets jaunes bloquaient l’autoroute près de Montpellier. La
LDH écrit à ce sujet :
«En poursuivant Camille Halut, parmi trois
mille manifestants pour une violation du Code de la route, le parquet,
qui n’ignorait rien du rôle de celle-ci, a-t-il l’intention d’interdire
l’observation des actions de la police et de la gendarmerie en
détournant la loi de son objet ?»
Entre l’interpellation de ce week-end, et le procès pour «entrave à
la circulation» intenté à Camille Halut, le président d’honneur de la
Ligue des droits de l’homme Michel Tubiana voit
«une volonté délibérée des services de police et du parquet d’interdire les missions d’observation». Des
«obstructions» dont la section montpelliéraine de l’association avait déjà fait part dans un rapport.
Michel Tubiana annonce à CheckNews qu’il plaidera pour défendre
Camille Halut dans le procès pour «entrave à la circulation» qui aura
lieu le 1
er octobre à Montpellier.