4ème Assemblée des Assemblées des Gilets Jaunes :
Radicalité et convergence des luttes
Après Commercy, St
Nazaire et Montceau les Mines, la 4ème
assemblée des assemblées (ADA4) s’est tenue les 1, 2 et 3
novembre à Montpellier.
Cédant aux pressions de
la préfecture et du maire de Montpellier, les élus locaux
sollicités ont refusé la location d’une salle aux gilets jaunes
qui organisaient cette initiative. La « soucoupe », un
immense bâtiment d’exposition de 3600 m2 construit en 1994 et
abandonné en 2010, a donc été réquisitionné. Débarrassé de
tonnes de détritus, il a été aménagé pour en faire un lieu de
vie, avec eau, électricité, restauration et couchage.
Malgré la
plainte déposée par Carole Delga, présidente PS de la région
Occitanie, « propriétaire » des lieux, et les menaces du
préfet pour qui cette occupation était « illégale »,
la « soucoupe » était enfin prête à accueillir 600
personnes, dont 500 délégué(e)s gilets jaunes mandaté(e)s par
plus de 200 groupes locaux. Une victoire pour la centaine de
bénévoles de l’Hérault et du Gard qui se sont démenés pendant
des jours. C’est donc en pied de nez au gouvernement que l’AG a
démarré en chantant d’une seule voix le fameux « On est là,
on est là, pour l’honneur des travailleurs et pour un monde
meilleur, même si Macron ne veut pas nous on est là ! ».
Sept thèmes étaient
soumis à la discussion de cette ADA4, protégée par un service
d’ordre filtrant les entrées : rôle des ADA, lien avec la
population, travailler à la convergence, identifier nos ennemis et
nos alliés, s’organiser face à la répression, agir dans le
contexte des municipales, l’anniversaire du 17 novembre. Plusieurs
groupes locaux ont critiqué ces choix, jugés arbitraires. Mais la
volonté d’agir concrètement sur le cours de la lutte des classes
a fait que 4 autres thèmes ont été rajoutés au programme pour
être débattus : la grève interprofessionnelle du 5 décembre
et ses suites, les liens avec les peuples du monde en révolte,
démocratie et institutions, sortir du capitalisme.
Chaque délégué(e)
participait à 2 débats dans des groupes de travail de 10 gilets
jaunes. Les points de désaccord, les points d’accord et les points
en questionnement étaient notés, mis en forme dans une
mini-plénière regroupant les groupes de travail d’une même
thématique, puis restitués par des rapporteurs en AG plénière.
Contrairement aux ADA précédentes, pas de vote de textes ; non
décisoire, cette ADA a donné la priorité aux échanges, à la
réflexion collective et à la convivialité, avec un concert
vendredi soir.
Si, lors des débats, transparait parfois une certaine
confusion politique (« municipalisme libertaire »,
« démocratie éthique » …), les objectifs de lutte se
clarifient, avec une affirmation claire : « notre ennemi,
c’est le capitalisme ». Face à la répression, les idées
d’autodéfense et de réseau d’entraide font leur chemin. Et pour
les gilets jaunes, il est désormais évident que les blessés et
emprisonnés devraient être qualifiés de « blessés de
guerre » et « prisonniers politiques ».
Un réseau
d’échanges inter-groupes a été mis en place. Deux appels ont été
votés et acclamés en AG. L’un appelant à construire, à
participer et à poursuivre la grève générale interprofessionnelle
en défense des chômeurs et des retraites, l’autre invitant la
population à participer aux actions et manifestations des 16 et 17
novembre marquant un an de mobilisation ininterrompue des gilets
jaunes. Enfin, une « dédicace à tous les peuples du
monde en révolte » se concluant par « les peuples du monde
entier veulent la chute du système » a été adoptée dans
l’enthousiasme. Impressionnés par leurs capacités
d’auto-organisation qui ont permis le succès de cette ADA4 et
gonflés à bloc, les gilets jaunes se sont redonné rendez-vous pour
l’ADA5. Le sujet principal sera « sortir du capitalisme ».
Correspondants