À la Une...

Contre l'islamophobie, réapproprions-nous la laïcité contre ses mystificateurs !


 "L'islamophobie est un racisme très similaire au racisme anti-juif"



 En préliminaire d'un texte courageux à lire d'urgence.

Les polémiques sans fin sur le "voile" sont en train de prendre une tournure toujours plus violente (avec passage à l'acte criminel comme à Bordeaux !) au point de dériver vers des campagnes paradoxalement de plus en plus clairement racistes alors qu'elles se revendiquent souvent de ne participer que de la critique évidemment légitime des religions, de la lutte tout aussi légitime pour l'égalité des femmes et, cerise sur le gâteau, de la non moins légitime affirmation de la laïcité. 

La confusion des esprits est telle qu'une partie de la gauche, y compris anticapitaliste, en un des multiples signes de la crise d'orientation qui l'affecte, cède à ce qui relève in fine de la stratégie néolibérale autoritaire d'emprise idéologique à visée de fracturation des solidarités de classe populaires qui pourraient faire obstacle à la résolution de la crise du capital aux dépens de tous (y compris de ses propres canards boiteux) sauf de lui-même !

Il est donc incontournable pour qui s'affiche volontaire pour reconstruire une pensée de gauche, nécessairement une pensée de rupture et d'alternative, de se redoter des instruments politiques favorisant cette reconstruction. Or cela ne saurait être possible sans prendre à contrepied ce qui est posé plus haut comme la mystification en cours, en son coeur même : le détournement par la droite, puis, rapidement, par l'extrême droite et la fraction républicaniste de la gauche, de l'idée de laïcité que celle-ci a longtemps portée comme son étendard sans avoir pu, pour autant, contenir les premières attaques contre elle (loi Debré de 1959, échec de la réforme Savary de l'Education Nationale en 1984). La transformation de la laïcité en une machine de guerre contre l'historique loi de 1905, son instrumentalisation pour faire émerger ce qui en nie ses fondamentaux au profit d'une nouvelle laïcité, masquant habilement (grossièrement si on y réfléchit un minimum) sa "nouveauté" punitive et identitaire, ont réussi à désarmer très largement cette gauche percutée à la fois par la débandade de l'idée "communiste" des années 80-90 et quasi contemporainement par le reniement social (toujours moins social)-libéral de l'idée social-démocrate. 

Que l'on pense à la facilité avec laquelle un Manuel Valls a pu occuper l'une des plus hautes fonctions politiques en France, sans qu'à une large échelle, on rattache à son terrible passif social ce qu'il développait, au nom de la laïcité dévoyée, contre les secteurs de la société les plus attaquables : les migrant.e.s, plus généralement les musulman.e.s, sans oublier les Roms ! Dans l'entreprise de division du front social pour mieux assurer le règne du profit capitaliste, quoi de mieux que se réclamer de la laïcité, des droits des femmes... et de la lutte contre l'obscurantisme religieux, à ceci près que, contre l'idée de l'universel arborée, à ce propos, par les usurpateurs, ce sont les seul.e.s musulman.e.s qui constituent le coeur de cible ! Le plus pitoyable étant la pose laïque, au demeurant pseudo-laïque, de certains anticapitalistes qui les amène à donner le primat à une critique intemporelle des religions, coupée des enjeux politiques de classe immédiats (des lois "laïques" fabriquant des interdits d'opinions sur mesure contre les musulman.e.s !) et à se focaliser, dans un curieux mimétisme des choix de l'idéologie dominante, sur le sens univoquement aliénant du "voile". En oubliant, pour certains de ces "orthodoxes" se disant marxistes, ce que Marx, Engels, et, peut-être surtout, Lénine (lire ci-dessous), tous, philosophiquement et politiquement, de sévères critiques envers la ou les religion(s), ont écrit sur la nécessité que cette critique ne devienne pas une arme de division des classes opprimées et exploitées par où le combat anticapitaliste s'en trouverait affaibli et même voué à la défaite ! 

Voici, en quelques lignes, pourquoi il faut lire le texte ci-dessous dont est proposé le lien : il donne, plus que ne peut le faire cette introduction, les outils analytiques permettant, dans la foulée de la belle mobilisation antiraciste contre l'islamophobie du 10 novembre, de reconstruire la cohérence d'une pensée anticapitaliste condamnée à être marginale dans les combats de classe si elle ne retrouve pas le socle perdu d'une laïcité historique qui reste d'une actualité brûlante. 

Antoine

En exergue, ces lignes du texte en question

"La revendication de neutralité de l’espace public ne peut qu’aboutir à des mesures liberticides. Car pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Si l’espace public doit être neutre, il doit alors être possible d’y interdire, par exemple, toute expression syndicale ou politique qui, par définition, viole cette neutralité.  

Au-delà de la question religieuse, nous ne pouvons pas être par principe favorable à une séparation du public et du privé. Ainsi par exemple, nous sommes pour que le contrat de travail, contrat entre deux personnes privées, soit encadré par des réglementations publiques (le code du travail) comme nous sommes favorables à ce que les relations entre des acteurs économiques privés soient encadrés par la puissance publique. De même, les féministes se sont battues pour que ce qui relève des relations de couple ne soit pas traité simplement comme des affaires privées mais puissent être soumis à une intervention publique, comme par exemple dans le cas de violences." L'intégralité du texte

C'est par le site, que je recommande, Entre les lignes entre les mots, que j'ai eu connaissance de cet article. 

A

A lire aussi



Nous l’écrivions à la fin du mois d’octobre : « les silences de certains secteurs de la gauche sociale et politique sont inquiétants. Il n’est pas encore trop tard pour réagir, mais nul doute que sans un soutien le plus large possible aux musulmanEs victimes de stigmatisation et de violences, et sans un appui et une implication forte des partis, syndicats, collectifs et associations dans les mobilisations qui commencent à s’organiser, nous ne pourrons mettre un coup d’arrêt à la déferlante en cours. » Le moins que l’on puisse dire, et l’on ne peut que s’en réjouir, est que certaines clarifications se sont opérées, ou sont en train de l’être, et que l’appel à la marche du 10 novembre, ainsi que le succès de cette dernière, y ont largement contribué. De la CGT au groupe parlementaire FI en passant par EÉLV, la FSU, Solidaires, l’UCL, le PCF, Génération.s ou Lutte ouvrière, toute la gauche sociale et politique a manifesté dimanche contre l’islamophobie, en appui aux premierEs concernéEs et au côté de diverses organisations musulmanes.   

 L'actualité de Lénine sur la question des religions
"Aucune différence de droits civiques motivée par des croyances religieuses ne doit être tolérée"
(passages soulignés en gras par NPA 34)

"Nous exigeons que la religion soit une affaire privée vis-à-vis de l’État, mais nous ne pouvons en aucune façon considérer la religion comme une affaire privée en ce qui concerne notre propre Parti. L’État ne doit pas se mêler de religion, les sociétés religieuses ne doivent pas être liées au pouvoir d’État. Chacun doit être parfaitement libre de professer n’importe quelle religion ou de n’en reconnaître aucune, c’est-à-dire d’être athée, comme le sont généralement les socialistes. Aucune différence de droits civiques motivée par des croyances religieuses ne doit être tolérée."

"En aucun cas nous ne devons nous fourvoyer dans les abstractions idéalistes de ceux qui posent le problème religieux on termes de « raison pure », en dehors de la lutte de classe, comme font souvent les démocrates radicaux issus de la bourgeoisie. Il serait absurde de croire que, dans une société fondée sur l’oppression sans bornes et l’abrutissement des masses ouvrières, les préjugés religieux puissent être dissipés par la seule propagande. Oublier que l’oppression religieuse de l’humanité n’est que le produit et le reflet de l’oppression économique au sein de la société serait faire preuve de médiocrité bourgeoise. Ni les livres ni la propagande n’éclaireront le prolétariat s’il n’est pas éclairé par la lutte qu’il soutient lui-même contre les forces ténébreuses du capitalisme. L’unité de cette lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée combattant pour se créer un paradis sur la terre nous importe plus que l’unité d’opinion des prolétaires sur le paradis du ciel.

Voilà pourquoi, dans notre programme, nous ne proclamons pas et nous ne devons pas proclamer notre athéisme ; voilà pourquoi nous n’interdisons pas et ne devons pas interdire aux prolétaires, qui ont conservé tels ou tels restes de leurs anciens préjugés, de se rapprocher de notre Parti. Nous préconiserons toujours la conception scientifique du monde ; il est indispensable que nous luttions contre l’inconséquence de certains « chrétiens », mais cela ne veut pas du tout dire qu’il faille mettre la question religieuse au premier plan, place qui ne lui appartient pas ; qu’il faille laisser diviser les forces engagées dans la lutte politique et économique véritablement révolutionnaire au nom d’opinions de troisième ordre ou de chimères, qui perdent rapidement toute valeur politique et sont très vite reléguées à la chambre de débarras, par le cours même de l’évolution économique.

La bourgeoisie réactionnaire a partout eu soin d’attiser les haines religieuses - et elle commence à le faire chez nous - pour attirer de ce côté l’attention des masses et les détourner des problèmes économiques et politiques réellement fondamentaux, problèmes que résout maintenant le prolétariat russe, qui s’unit pratiquement dans sa lutte révolutionnaire. Cette politique réactionnaire de morcellement des forces prolétariennes, qui se manifeste aujourd’hui surtout par les pogromes des Cent-Noirs, trouvera peut-être demain des mesures plus subtiles. Nous lui opposerons dans tous les cas une propagande calme, ferme, patiente, qui se refuse à exciter des désaccords secondaires, la propagande de la solidarité prolétarienne et de la conception scientifique du monde." Lire le texte complet

Choquant de ne pas en être choqué ?

 
 
Lire ici Pas choquant de
 ne pas en être choqué ?

Lire aussi
  


Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA