Les représentants des organisations syndicales à la tribune |
« On a besoin de parole politique »
C'est sur ces mots que Serge Ragazzacci,
secrétaire général de l'union départementale CGT 34 a conclu la réunion
publique sur la réforme des retraites, qui se tenait jeudi 16 janvier à Montpellier à
la salle Tailhades, à laquelle ont participé
150 personnes.
Les quatre organisations syndicales
organisatrices, CGT, FO, Solidaires et FSU avaient invité des
organisations politiques à participer au débat depuis la salle (présence
de la députée Muriel Ressiguier pour la FI, d'une représentante du
PC et de Christian Assaf pour le PS ), ainsi que des députés de LREM,
qui ont décliné l'invitation. Le NPA34 avait répondu présent.
À la tribune, outre les représentants des
quatre organisations, (Stéphane Audebeau pour la FSU, le secrétaire
départemental FO, Richard Abauzit pour Solidaires, Serge Ragazzacci pour
la CGT), un représentant de la CGT cheminots
de Montpellier et Régine Barthelemy, avocate, adhérente du syndicat des
avocats de France, et membre du bureau du conseil national des
barreaux, ont été invitéEs à prendre la parole.
L'enfumage : derrière l'annonce du retrait de l'âge pivot, un projet de loi inchangé
Des éléments techniques et chiffrés ont été
donnés par les intervenants sur le projet de réforme des retraites, et
en particulier l'incapacité du gouvernement à répondre aux questions
simples que chacun se pose : qu'est-ce qu'une
carrière complète ? Comment vont s'articuler points et durée de
cotisation ? Pourquoi ne pas avoir déjà mis en place un simulateur ?
Voir les analyses de solidaires :
https://retraites.solidaires.org/category/les-analyses/
et de la CGT
https://www.cgt.fr/actualites/france/retraite/mobilisation-legislation/retraite-stop-la-duperie-du-gouvernement
Dans l'Education Nationale les plus touchés
seront les professeurs des écoles (80% de femmes), qui pourront voir
leur retraite diminuer jusqu'à 40%, et ce n'est pas l'annonce des 50€
mensuels supplémentaires (10 milliards entre
2021 et 2037) qui va rassurer les enseignants.
Pour les avocats, qui ont un régime
spécifique bénéficiaire, l'intégration dans un régime universel ferait
doubler le montant de la cotisation (de 14 à 28%).
Les partis politiques présents, tous unis contre la réforme, oui mais...
Dans un moment de très forte mobilisation
comme celui que nous connaissons, beaucoup se posent la question du
débouché politique des luttes. La représentante du PC a appelé les
autres forces « de gauche » à discuter. Débattre de
projets de société pourquoi pas ? Mais tout le monde a bien intégré que
c'est le gouvernement Hollande qui a généré un Macron, roi de la
finance et de plus en plus de personnes disent qu'on ne les y reprendra
pas à se faire piéger par un vote de deuxième
tour « pour battre l’extrême droite ». L'assistance, composée de nombre
de personnes proches du PC, a écouté poliment l'intervention de
Christian Assaf, du PS. L'heure était au regroupement des forces contre
la réforme.
Élever le rapport de force : une priorité
Une représentante de la liste candidate aux
municipales de Montpellier « Nous Sommes » a interpellé organisations
syndicales et politiques en demandant « comment vous pensez vous y
prendre pour élever le rapport de force ? ». C'est
effectivement la question prioritaire du moment exprimée par le NPA34
lors de son intervention.
Il y a un seuil à franchir pour gagner. Le
pouvoir recule quand il a face à lui un pouvoir plus fort que le sien.
Remporter ou pas cette bataille aura des conséquences dans la vie
politique pour plusieurs années, y compris pour
les élections municipales. La grève par procuration ne suffit pas, même
s'il est primordial de soutenir massivement les caisses de grèves. Il
est de la responsabilité de tous et toutes de convaincre autour de soi,
sur son lieu de travail, d'étude ou de vie,
de participer à la grève, même si c'est difficile pour les petits
salaires, et aux manifestations : soyons deux millions vendredi 24
janvier dans la rue !
La politisation de la population : un point d'appui
Pour le NPA, il n'est pas nécessaire
d'attendre une période électorale, la politisation est déjà à l’œuvre
dans ce mouvement. Elle avait largement été portée par le mouvement des Gilets Jaunes depuis un an, et des milliers de personnes
se sont politisées très rapidement. Tout le monde a très bien compris
que le véritable objectif de la réforme était d'offrir aux fonds de
pensions, Black-Rock, Axa et autres assureurs privés, le magot tant
convoité de la protection sociale qui leur échappe,
ce qui n'est plus le cas dans d'autres pays.
C'est un véritable projet de société qui
est annoncé dans cette réforme : calcul individuel versus solidarité. Et
le refus de la dite « clause du grand-père » est l'expression du refus
d'enfermer chacun dans son intérêt personnel
et immédiat, au mépris de l'avenir de ses propres enfants, et de
l'attachement à la solidarité.
Les propositions du NPA
Le NPA a exprimé des propositions
concernant les retraites. Oui, le nombre de retraités va augmenter
dans les années à venir et nous pouvons aller plus loin dans les
conquis sociaux en exigeant une retraite à 60 ans avec 37,5
annuités de cotisations pour toucher une retraite complète : augmenter
les salaires, établir l'égalité salariale hommes/femmes, supprimer les
exonérations de cotisations patronales et autres CICE (mis en place par
le gouvernement Hollande).
Débattons aussi du salaire « continué » dès
le début des études, conquête inachevée des ordonnances de 1945, de la
diminution du temps de travail (temps pour la vie personnelle et pour la
vie démocratique dans l'entreprise, la ville
ou le quartier) et du sens du travail. De quel travail utile avons nous
besoin pour satisfaire nos besoins et faire face aux défis
écologiques ?
Les mobilisations actuelles des peuples dans le monde entier, les luttes écologiques, féministes, dénoncent un système à bout de souffle mais qui s'accroche au pouvoir. Le gouvernement, en France, utilise la force et une répression forcenée pour se maintenir.
Les mobilisations actuelles des peuples dans le monde entier, les luttes écologiques, féministes, dénoncent un système à bout de souffle mais qui s'accroche au pouvoir. Le gouvernement, en France, utilise la force et une répression forcenée pour se maintenir.
Ayons confiance dans nos forces et notre détermination pour gagner !
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Ci-dessous, le dernier tract national du NPA
Retraites : Et on ira jusqu’au retrait !
Cette nouvelle semaine de mobilisation prouve que le mouvement pour le retrait du projet de loi sur les retraites continue bel et bien. Aux journées de grève qui s’accumulent, dans différents secteurs professionnels, viennent s’ajouter occupations de lieux et autres blocages. Nous n’avons pas dit notre dernier mot !
Le gouvernement ment
Après avoir fait le pari de la « trêve » de fin d’année il y a moins d’un mois, Macron et Philippe ont pensé que l’opération lancée autour de l’âge pivot, avec la complicité de la direction de la CFDT, produirait un effet de démobilisation. Il n’en a rien été, cette semaine l’a encore montré. D’abord parce que la CFDT pèse peu sur le mouvement réel, mais surtout parce que personne ne croit plus ce pouvoir. Et pour cause ! Le Premier ministre a précisé qu’il y aura dans tous les cas un « âge d’équilibre », et l’exigence du gouvernement est bien que les capitalistes n’augmentent pas leur part dans le financement (ce qu'ils appellent « coût du travail »), ce qui signifie que ce sont bien les salariéEs qui devront payer ! La « conférence sur le financement des retraites » ne peut donc aboutir qu’à une baisse des pensions et un allongement de la durée de cotisation.
Et comme on nous avait juré la main sur le cœur que l’objectif de la réforme n’est pas la mise en place des retraites par capitalisation, l’article 64 indique précisément que le gouvernement appelle le secteur de l’assurance à généraliser le recours à l’épargne-retraite. BlackRock, Axa et tous les assureurs privés peuvent se frotter les mains...
La flamme ne s’éteint pas
Un mois et demi de grève reconductible chez les cheminotEs et à la RATP, c’est exceptionnel, et en toute logique, les grévistes de ces secteurs attendent un second souffle du mouvement. Dans d’autres secteurs comme l’éducation, la culture ou l’énergie, les journées de mardi et/ou de jeudi ont permis une remobilisation, avec en particulier jeudi des manifestations certes moins massives que les précédentes (réunissant quand même plusieurs centaines de milliers de personnes dans tout le pays), mais dont le dynamisme et la variété ont étonné, preuve que le mouvement continue.
Et depuis quelques jours, se développent, souvent dans des cadres interprofessionnels, avec des jeunes, des actions montrant bien que l’« on ira jusqu’au retrait ! ». Opération « ports morts », occupations de rectorats et blocages de collèges ou lycées dans l’éducation, « interventions » collectives et bruyantes lors des vœux de représentants et amis de ce gouvernement, etc., le mouvement continue à se faire entendre.
Grèves, actions et blocages, continuer tou-TE-s ensemble !
À l’appel des organisations syndicales, une nouvelle séquence de mobilisations est programmée pour les mercredi 22 et jeudi 23 janvier, avec une nouvelle journée de grève nationale vendredi 24 janvier, jour de présentation du projet de loi au Conseil des ministres. Sans attendre ces journées, la grève continue et doit chercher à s’étendre le plus largement, tout en déployant l’ensemble de nos capacités de nuisances contre ce système comme cela a été fait cette semaine : grèves, blocages, manifestations, actions contre les membres ou représentantEs du gouvernement… Avec pourquoi pas en point d’orgue une grande manifestation nationale contre Macron et sa casse des retraites.
Mettre un stop à plusieurs décennies de destruction de nos acquis sociaux, redonner à notre camp social la confiance dans la force qu’il représente, dans sa capacité à porter une alternative non seulement au macronisme mais aussi au système capitaliste, c’est l’enjeu de l’heure.
Vendredi 17 janvier 2020