Macron, ou comment ne pas « changer de cap »
alors qu’on va droit dans le mur
Rien de nouveau sous le soleil. L’interview-fleuve de
Macron a confirmé ce que nous savions déjà du président et de sa vision
du monde : mépris, arrogance, émotions feintes, mais aucun changement de
cap, bien au contraire.
Refusant d’opérer le moindre retour critique sur les trois
premières années de son quinquennat, Macron a ainsi ressorti le refrain
de la « pédagogie » : si ses contre-réformes ont été contestées, c’est
qu’elles ont été « mal comprises » ; s’il suscite la détestation, c’est en raison de « maladresses » et de « phrases sorties de leur contexte ». Rien à voir, évidemment, avec le caractère structurellement inégalitaire de ses politiques.
D’ailleurs, Macron nous l’a promis : il n’y aura pas de « changement de cap », mais seulement un « changement de chemin ». Comprendre
: davantage de com’ et de pseudo-concertation, mais les objectifs
seront les mêmes. Exemple avec la contre-réforme des retraites à propos
de laquelle Macron, s’il a été flou quant au calendrier, a eu l’outrance
d’affirmer qu’elle était non seulement « nécessaire » et « juste », mais qu’elle était en outre « faite pour les premiers de corvée »…
Le même cap également sur les questions écologiques, sans
aucune disposition concrète, mais seulement, une fois de plus, des
postures, des manœuvres dilatoires et des annonces très générales, qui
ne seront pas plus suivies d’effets que les précédentes dans la mesure
où le pouvoir s’oppose toujours à toute immixtion dans les intérêts
privés…
À propos de l’épidémie de Covid, après l’hommage hypocrite
aux soignantEs tout en ayant refusé les embauches nécessaires et la
moindre réouverture de lits dans les hôpitaux, Macron explique que
« tout est prêt » pour une éventuelle deuxième vague. Des affirmations
contradictoires avec ce qu’expliquent les soignantEs quant aux capacités
des établissements hospitaliers, et une seule annonce concrète avec
l’obligation du port du masque dans les lieux publics clos, dont on ne
comprend pas bien pourquoi elle ne sera effective qu’au 1er août…
Concernant la crise économique et sociale, Macron y est allé de sa déclaration solennelle : « La priorité de cet été et de la rentrée prochaine, c’est l’emploi ». En
s’opposant aux licenciements et aux suppressions d’emplois ? En faisant
payer les profiteurs de la crise ? En réduisant le temps de travail
afin que nous puissions travailler touTEs ? Absolument pas ! Il faudra
se serrer la ceinture, accepter de la « modération salariale » (euphémisme
pour qualifier les baisses de salaires), tandis qu’il n’y aura aucune
augmentation d’impôts pour les plus riches et que Macron dégaine un
énième « dispositif exceptionnel d’exonérations de charges » pour prétendument favoriser l’emploi des jeunes…
Ultime provocation : interrogé sur la scandaleuse
nomination de Gérald Darmanin, mis en cause pour viol, Macron a osé
expliquer qu’il avait eu « une discussion d’homme à homme » avec le futur ministre de l’Intérieur avant que ce dernier soit nommé, ajoutant qu’il ne fallait pas « céder à l’émotion constante ». Ou comment cracher une deuxième fois sur les féministes et, plus généralement, sur les femmes victimes de violence…
Celles et ceux, notamment les personnels soignants, qui se
sont fait entendre le 14 juillet, entre autres à Paris, en descendant
dans la rue et en venant perturber la sauterie présidentielle des
Champs-Élysées, indiquent la marche à suivre. Le prochain rendez-vous
pour montrer notre colère et notre détermination face à un pouvoir
brutal et obsédé par les intérêts des plus riches est fixé à
Beaumont-sur-Oise ce samedi, pour Adama et contre le racisme et les
violences policières. L’occasion de faire entendre la contestation et de
maintenir un climat propice à la construction d’une riposte à la
hauteur dès la rentrée.
Le communiqué sur le site national du NPA : cliquez ICI